Déshabiller Pierre pour habiller Paul, c'est ce que Nicolas Sarkozy fait depuis cinq ans. Changer d'avis comme de chemise au gré des opportunités aussi.
Quand on manque de vision, on improvise. C'est ce à quoi nous assistons.
Nicolas Sarkozy a subitement découvert les vertus du référendum : il veut «rendre la parole au peuple» (admettant ainsi qu'il la lui a maintes fois confisquée). Ne reste plus qu'à en imaginer les thèmes et les questions...
Fustigeant «l'entre soi des élites administratives, politiques, économiques et syndicales», Nicolas Sarkozy, serviteur zélé des oligarques, s'impose comme l'élite suprême qui leur passera dessus. Consternant !
Toujours obsédé par l'«assistanat» et la «valeur travail», dadas qu'il croit aussi porteurs qu'en 2007 alors que la crise financière et économique continue de faire des ravages, il est logique que l'indemnisation de ces fainéants de chômeurs et leur formation professionnelle le taraudent en premier...
Or, questionner les Français sur l'indemnisation du chômage n'a aucun sens : La Tribune en a clairement expliqué les raisons.
Questionner les Français sur la formation professionnelle non plus. Pourtant, au risque de sombrer dans le ridicule, Nicolas Sarkozy persiste et signe. A la base, il comptait obliger les demandeurs d'emploi à accepter une formation sous peine de ne plus être indemnisés : telle était la première question d'un hypothétique référendum. Mais, réalisant son ignorance crasse en la matière, le voici qui change son fusil d'épaule et propose maintenant d'affecter les 30 milliards d'euros de la formation professionnelle à direction exclusive des chômeurs. C'est-à-dire d'en priver les salariés. Déshabiller Pierre pour habiller Paul. Diviser pour mieux régner.
Et si d'aventure «l'élite syndicale» (les partenaires sociaux) ne parvenait pas à se mettre d'accord sur cette affectation massive de l'argent de la formation professionnelle au seul bénéfice des chômeurs, le président-candidat demandera aux Français "s'ils approuvent un projet de loi qui permet de transférer ces 30 milliards à la formation des demandeurs d'emplois"...
On est dans l'absurdité la plus complète. Et c'est François Fillon, la voix de son maître, qui est chargé de se ridiculiser devant les électeurs. Ce matin, sur RTL, il a annoncé ce nouveau revirement. Et admis en passant que "bouclier fiscal", mesure emblématique du quinquennat de Nicolas Sarkozy, avait constitué «une décision inadaptée» avec l'émergence de la crise économique et financière. Un mea culpa tardif qui en dit long sur l'incompétence, l'aveuglement, l'imbécilité de ce gouvernement… et de son président sortant.
SH
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