Mercredi soir, un cadre de la CPAM de l'Hérault s'est pendu dans les locaux de Béziers. Dans un courrier électronique adressé à sa direction, à son entourage, à des collègues, à un élu et au journal Le Midi Libre, il accuse sa direction de l'avoir «tué professionnellement, détruit psychologiquement».
Le 19 janvier, épuisés par l'affluence à laquelle ils sont confrontés depuis plusieurs mois, les agents d'accueil du siège de la CPAM de la Haute-Vienne ont craqué. Se retrouvant à trois pour orienter 70 personnes, ils se sont mis à pleurer de fatigue et, avec l'aide du gardien, ils ont fermé les portes de leur caisse à 11h30, refusant d'accueillir de nouveaux assurés mais restant à la disposition de ceux qui attendaient depuis l'ouverture. Ils ont reçu le soutien inattendu des personnes présentes, indignées «du traitement inhumain que subissent ces dames dont on voit bien qu'elles se démènent pour nous aider».
Le cas de Limoges n'est pas isolé. Malgré un contexte économique qui nécessite davantage de moyens, les effectifs de la CPAM ont été réduits par le non-remplacement des départs en retraite.
Sale ambiance à la CAF
Plus récemment, Rue89 avait par deux fois relayé des témoignages de salariés de la Caisse d'allocations familiales de Meurthe-et-Moselle, victimes de «management par la terreur» et licenciés pour «insuffisance professionnelle». Dossiers en retard, culture du chiffre et abattage, exigences de rentabilité, déshumanisation des rapports : le climat est plus que tendu.
Partout, alors que le chômage, la précarité et la pauvreté gagnent du terrain et se répercutent sur le travail de ces salariés, il faut aussi faire plus avec moins de personnel. Et pour combler les retards, la CAF n'hésite pas à fermer ses portes au public (l'année dernière, 57 caisses sur 102 ont recouru à cette méthode).
Même désastre à Pôle Emploi
Suite à une fusion calamiteuse dans un contexte de chômage massif, eux aussi placés entre le marteau et l'enclume, les agents de Pôle Emploi vivent l'enfer : nous en avons abondamment parlé ici. Culture du chiffre, réduction de moyens et d'effectifs, c'est toujours la même histoire. Arrêts maladie, dépressions et suicides sont une réalité.
Ainsi, des deux côtés du guichet, s'installe une spirale de la souffrance. Ainsi, des deux côtés du guichet, s'organise la dégradation des services publics indispensables aux chômeurs et aux pauvres. La crise, c'est bien nous tous qui la payons.
SH
Articles les plus récents :
- 20/03/2012 14:39 - Décidément, Pôle Emploi adore les questionnaires !
- 20/03/2012 12:13 - Emploi des seniors : les délires de Sarko
- 15/03/2012 14:20 - Actualités sociales : une presse moutonnière et à la ramasse
- 09/03/2012 17:50 - Seuls 45% des Smicards sont en emploi à taux plein toute l'année
- 09/03/2012 08:06 - Chômeurs de longue durée : de nouvelles mesures, et un questionnaire de 15 pages
Articles les plus anciens :
- 25/02/2012 09:34 - Chômage de janvier : un «ralentissement de l'augmentation»
- 25/02/2012 06:45 - Travail forcé : une convention bafouée par ses signataires
- 23/02/2012 14:49 - Ce n'est pas le RSA qui créé des emplois
- 23/02/2012 13:05 - L'indemnisation du chômage en Europe
- 22/02/2012 12:00 - Un blog «sans foi ni loi pour l'emploi»