On en sait un peu plus sur le FOAT, nouveau contrat à terme sur la dette française lancé par Eurex, société allemande privée, filiale de la Deutsche Börse et leader des bourses de produits dérivés, qui va permettre aux spéculateurs de tout poil de s'en donner à cœur joie et rafler jusqu'à vingt fois leur mise en pariant sur la fragilité de notre Etat.
On sait aussi que l'Autorité des Marchés Financiers n'y est pour rien : son président Jean-Pierre Jouyet, par ailleurs ami de François Hollande, a formellement démenti l'implication de l'AMF dans le lancement de ce produit, et même déploré le «message négatif» ainsi délivré aux marchés.
D'autres, minimisant son caractère auto-réalisateur, ont également assuré que les reproches à l'encontre du président sortant sont injustifiés. Et à Francfort, un porte parole d'Eurex a juré ses grands dieux que le lancement de ce nouvel outil spéculatif n'a «rien à voir» avec l'élection présidentielle en France.
On sait maintenant que le gouvernement est impliqué.
Selon Marianne, cette opération qui pourrait mettre en danger nos finances publiques a été réalisée avec l'approbation des autorités françaises...
Voici ce qu'écrivent les journalistes Philippe Cohen et Hervé Nathan : “Selon nos informations, l’Agence France Trésor (AFT), qui gère les émissions de dettes, a été informée à la mi-mars des intentions d’Eurex. Si l’administration française ne peut légalement s’opposer à une initiative entièrement privée, comme l’a souligné François Baroin, le ministre des Finances, dans un communiqué, il ne semble pas qu’elle ait demandé à Eurex de différer l’ouverture de son «future sur OAT 10 ans» au lendemain des échéances politiques. Elle n’a pas non plus essayé de convaincre les banques spécialistes en valeur du Trésor (SVT), dont fait partie la puissante Deutsche Bank, et qui seront les premières utilisatrices du contrat OAT, d’agir dans ce sens.”
Notre actuel gouvernement n'a donc rien fait pour différer, voire empêcher la manœuvre. Pire : “Il a non seulement laissé se créer un marché dérivé de sa dette, mais il a accepté que le contrôle de ce marché stratégique lui échappe ! Car s’il y a spéculation sur la dette, ou malversation, ou simplement des doutes sur les transactions, ce n’est pas l’AMF qui sera compétente mais son homologue allemande, la BaFin, puisqu’Eurex est une entreprise basée à Francfort. Il faudra donc, pour se défendre des spéculateurs, que les autorités françaises demandent la collaboration de nos amis allemands !”
Et qui est toujours à la tête du gouvernement français ? Nicolas Sarkozy qui, à moins d'avoir totalement perdu le contact avec son ministre des Finances, ne pouvait ignorer le lancement de ce produit, ni les risques qu'il comporte en cette période de crise, et encore moins l'atteinte à la souveraineté nationale qu'il induit. Pourquoi cet immobilisme (terme qu'il se plaît à utiliser pour fustiger les autres) ? Nicolas Sarkozy, pourtant si volontaire et si copain-copine avec Angela Merkel, n'a rien plaidé en faveur de notre pays, ni même tenté de le faire. Selon Marianne, “la mécanique semble agencée comme si on avait voulu faire en sorte que le «prochain» président qui affiche sa volonté de faire en sorte que «la démocratie soit plus forte que les marchés» soit privé de tout pouvoir et placé sous tutelle dès le premier jour”.
Plus douteuses encore sont les déclarations successives du président-candidat et de son premier sinistre François Fillon, qui ont affirmé qu'une victoire du candidat socialiste ferait de la France «la proie des marchés financiers». Arme secrète d'un candidat aux abois (ou d'un président en perdition) ? S'il n'est pas réélu, ce zélé serviteur des puissants pourra se consoler d'avoir, jusqu'au bout, pratiqué une politique de la terre brûlée et exercé son pouvoir… de nuisance à l'encontre de la majorité des Français.
SH
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