Parmi ces mesures drastiques : une hausse de la TVA dont le taux plein sera porté de 18% à 21% et le taux réduit de 8% à 10% dès le 1er septembre; la réduction des indemnités pour les nouveaux chômeurs, qui seront abaissées de 60% à 50% du salaire au bout de six mois, et l'interdiction de sortir du pays pour les bénéficiaires de l'allocation de base; la suppression de la prime de Noël pour les fonctionnaires, équivalente à un mois de salaire, soit une perte annuelle de 7%.
Avec ce nouveau tour de vis, les Espagnols voient fondre encore leur pouvoir d'achat et s'éloigner tout espoir d'une sortie du tunnel à l'heure où le pays, en récession, affiche un chômage record de près de 25%.
Sans attendre la journée officielle convoquée jeudi 19 juillet par les syndicats, salariés, fonctionnaires (dont des pompiers, des policiers ou des infirmiers), "gueules noires", chômeurs ou retraités, tous indignés, se sont jetés dans les rues par milliers ou par petits groupes, de jour comme de nuit depuis l'annonce, mercredi dernier, du plan gouvernemental destiné à économiser 65 milliards d'euros, criant le malaise de tout un pays. "Ces mesures vont ruiner l'Espagne. Nous ne consommons pas, nous n'achetons plus. Nous devons descendre dans la rue, nous ne pouvons pas rester assis", lance Angeles Carrasco, une fonctionnaire régionale de 57 ans qui manifestait à Madrid. Dans une forêt de petites pancartes portant le mot "NO", accompagné d'une paire de ciseaux dessinés, symbole des coupes budgétaires, les manifestants ont bloqué pendant environ une demi-heure plusieurs avenues du centre de la capitale. "Démocratie, où es-tu ?", "Chômeurs, bougez-vous !", ""Ensemble, nous pouvons", clamaient d'autres pancartes.
"C'est intolérable. Les problèmes de l'Etat ne viennent pas des fonctionnaires. C'est injuste et honteux", s'indigne Miguel Contreras, infirmier de 28 ans venu de la région de Castille la Manche, dans le centre de l'Espagne. Car après une baisse des salaires de 5% décidée en 2010 par le gouvernement socialiste puis leur gel, la fonction publique est une nouvelle fois durement frappée par celui de droite : finie la prime de Noël, une bouffée d'oxygène équivalant à un mois de salaire, bienvenue en fin d'année pour les foyers espagnols. Sa suppression revient à baisser de 7% environ le salaire annuel. "Les salaires des fonctionnaires sont déjà très bas, les 1.000 euros de la prime de Noël servent à remplacer des choses pour la maison, à acheter des cadeaux", explique Angeles Carrasco. Teresa, 59 ans, fonctionnaire depuis 29 ans, employée au ministère du Budget, raconte qu'elle a aujourd'hui "le même salaire qu'en 2008". "Ce ne sont pas seulement les fonctionnaires qui sont touchés, c'est pire pour les chômeurs. Et aucune mesure n'a été prise contre les grandes fortunes", s'indigne-t-elle. "Je ne serais pas surprise que bientôt ce soit au tour des retraites."
Ignacio Fernandez Toxo, secrétaire général du syndicat CCOO, a brandi lundi la menace d'une nouvelle grève générale, "inévitable", a-t-il dit, si le gouvernement maintient ces mesures. Pour demain, les deux principaux syndicats du pays, UGT et CCOO, ont convoqué des manifestations dans 80 villes d'Espagne sous le mot d'ordre : "Ils veulent ruiner le pays. Il faut l'empêcher". Ils dénoncent ce plan qui frappe selon eux "les secteurs les plus faibles de la société, sans aucune mesure prévoyant un effort pour les entreprises et les revenus les plus élevés".
(Source : Ouest-France)
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