On pouffe de rire.
Le plus drôle, c'est que la Norvège, pays hôte du Nobel de la paix où la prestigieuse récompense est décernée, n'est pas membre de l'UE. Ce prix fait scandale alors que l'opulente nation a elle-même rejeté deux fois une adhésion à l'Union européenne lors des référendums de 1972 et 1994 et qu'aujourd'hui, près de trois Norvégiens sur quatre disent toujours «nei», selon les derniers sondages (on les comprend…).
Toujours plus drôle est le contexte. En effet, la crise dans la zone euro a mis en lumière les profondes fissures de l'édifice, notamment l'absence de solidarité entre les Etats, les riches économies du Nord, soucieuses de protéger leurs intérêts, traînant des pieds pour venir en aide aux pays du Sud financièrement asphyxiés, soumis à de sévères cures d'austérité, méprisés, et au bord du chaos social.
Si la paix est apparente, la guerre économique, elle, fait rage. L'Europe ultralibérale, avec sa "concurrence libre et non faussée", son dumping fiscal et social, sa BCE qui favorise les banques et non les Etats, sa gouvernance bruxelloise aussi technocratique qu'anti-démocratique et ses traités votés sans le peuple, est de plus en plus désavouée par les Européens.
D'un point de vue économique, l'UE s'enfonce dans l'échec mais persiste et signe. D'un point de vue politique, elle est tellement anti-sociale que les nationalismes, les extrêmismes et la haine de l'autre gagnent chaque jour du terrain, à la plus grande satisfaction des dirigeants et des puissants qui, pour conserver leur pouvoir, préfèrent laisser pourrir les situations (selon le bon vieux principe du "diviser pour mieux régner") et se rallient systématiquement aux fascistes. Dans ces conditions, on peut se demander combien de temps il nous reste à vivre cette paix de façade, subitement encensée par un europhile d'Oslo à côté de la plaque.
Mieux que je ne saurais l'exprimer, je poste ici la réaction de Jean-Luc Mélenchon, coprésident du Parti de gauche et ex candidat à la présidentielle. «On comprend que l’Union européenne n’ait pas reçu le prix nobel d’économie tant sa politique aggrave la crise et le chômage», ironise-t-il dans un communiqué. «Certes, elle a garanti la paix aux marchés financiers, aux spéculateurs et aux profits bancaires. Mais ne mène-t-elle pas une guerre contre les peuples qui la composent et leurs droits sociaux ? Dans ces conditions, autant lui accorder aussi le prix Nobel de littérature pour la qualité littéraire de ses traités.» «Le comité Nobel mérite, quant à lui, le prix Nobel de l’humour noir», conclut l'eurodéputé. Tout est dit.
SH
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