+1,75% : telle est l'aumône accordée par nos dirigeants aux allocataires du RSA, de l'ASS, de l'AER/ATS et de l'ATA en 2013, bien que «l’évolution prévisible de l’inflation» en 2012 soit (sous)évaluée à 2%.
Ainsi, 27 centimes de plus par jour seront octroyés à l'ASS (allocation de solidarité spécifique) dont le montant journalier passe à 15,90 euros soit 477 €/mois en moyenne, tandis que le RSA (revenu de solidarité active) passe à 425,25 euros par mois, "forfait logement" déduit [1].
L'AER — allocation équivalent retraite, dont bénéficient encore quelques chômeurs âgés entrés dans le dispositif avant sa suppression définitive fin décembre 2010 — et l'ATS — allocation transitoire de solidarité, dispositif hyper restrictif et provisoire qui a succédé à l'AER en novembre 2011 — passent à 34,33 euros par jour (+59 centimes). L'ATA, allocation temporaire d'attente, passe à 11,20 euros par jour : une misère.
Nous signalons que cette pathétique revalorisation, qui concerne au total 2 millions de personnes, sera effective début février, puisque ces allocations sont versées à terme échu.
Egalement, nous rappelons que si les minima sociaux sont revalorisés chaque 1er janvier [2], les allocations chômage sont, elles, revalorisées le 1er juillet (+2% en 2012).
Bye-bye pouvoir d'achat… et adieu croissance !
Pendant ce temps, au 1er janvier et malgré un taux d'inflation officiel prévu à 2%, les tarifs du gaz augmenteront de 2,4% pour les ménages après une flambée de 12% en 2011; la contribution aux charges de service public de l’électricité (CSPE) sera relevée de 2,5% soit environ 15 €/an et par ménage en moyenne; les tarifs du courrier vont connaître une hausse de 2,8% en moyenne et le prix du timbre prioritaire passera de 60 à 63 centimes; sans oublier les compagnies d'assurances qui vont relever leurs tarifs de 2,5% en moyenne.
Alimentation, transports, tabac, impôts locaux… nous ne sommes pas au bout de nos peines. De la droite réactionnaire à la gauche caviar, l'austérité pour les plus pauvres demeure la panacée. Un décrochage volontaire dénoncé par Henri Sterdyniak, économiste à l'OFCE : «Depuis Jospin, la grande idée, c’est d’inciter à travailler, donc creuser l’écart entre le RMI, puis le RSA, et le Smic». En effet, en janvier 1998, le premier ministre "socialiste" avait déclaré : «Je préfère une société de travail à l’assistance», préparant ainsi le terrain idéologique à une stigmatisation continue des "assistés".
Dans ce contexte de crise systémique où l'emploi manque cruellement, nos gouvernements successifs s'entêtent à appauvrir la population, laissant stagner le Smic et dériver à la baisse les minima sociaux, négligeant l'importance de la demande intérieure dans l'activité économique du pays ainsi que l'importance du creusement des inégalités dans la fabrication des crises, quitte à nous plonger dans une spirale récessive.
SH
[1] On rappelle que le "forfait logement" concerne 95% des allocataires du RSA, systématiquement amputés de son montant lorsqu'ils bénéficient d'une APL ou dés lors qu'ils justifient d'un domicile fixe (propriétaires, personnes hébergées à titre gratuit). Les rares cas ou le "forfait logement" n'est pas déduit, c'est pour les SDF, ou bien les personnes logées gracieusement qui sont en mesure de prouver qu'elles participent aux charges d'hébergement (à condition d'en faire la demande particulière mais dans ce dernier cas de figure, il n'y a rien d'automatique : le versement intégral du RSA est laissé à l'appréciation de la CAF, qui trouve toujours de quoi le refuser).
En revanche, la déduction du "forfait logement" ne s'applique pas aux bénéficiaires de l'ASS ou de l'AER/ATS, qu'ils perçoivent une APL ou non.
Sinon, Jean-Marc Ayrault a annoncé une pitoyable hausse du RSA de 10% sur cinq ans, dont les premiers 2% entreront en vigueur… le 1er septembre 2013.
[2] Rappel des revalorisations des minima sociaux depuis 8 ans :
+1,7% au 1er janvier 2012
+1,5% en 2011
+1,2% en 2010
+1,5% en 2009
+1% en 2008
+1,8% en 2007, en 2006 et en 2005.
A noter que la revalorisation des minima sociaux a échappé au gel de trois mois adopté par le gouvernement Fillon qui, pour réaliser quelques économies, a aligné l'année dernière celle des prestations familiales (qui tombait le 1er janvier) sur celle des pensions de retraite (qui s'effectue le 1er avril).
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