A l'issue de l'accord régressif approuvé le 11 janvier au soir par trois syndicats collabos (CFDT, CFTC et CFE-CGC), bel et bien «historique» car particulièrement défavorable aux salariés et donnant un aval anticipé aux réformes structurelles du marché du travail demandées par la Troïka — baisse des salaires en cas de menace sur l'emploi, prédominance de l'accord d'entreprise sur l'accord de branche et sur la loi, facilitation des mobilités forcées et des licenciements… —, la patronne des patrons, qui se frotte les mains et prépare son troisième mandat à la tête du Medef en faisant modifier ses statuts, a redemandé, ce matin sur France Info, aux députés et sénateurs de «voter en l'état» et «respecter à la lettre» ce texte scélérat, «pour l'intérêt de notre économie». «Il faudra ensuite suivre les décrets d'application. Nous resterons vigilants», a-t-elle averti.
La direction du PS au garde-à-vous
Madame, vos désirs sont des ordres et la vraie présidente de la France, c'est vous ! Ni une ni deux, Bruno Le Roux, président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale et fidèle de François Hollande, s'est porté garant d'une retranscription «précise, fidèle, loyale» de l'accord sur la sécurisation de l'emploi des employeurs, dont il «ne pense pas que ce soit un accord de renoncement social ou de précarisation»... Plus aveugle on ne fait pas. (Et on apprend au passage que le texte devrait être défendu par Jean-Marc Ayrault himself.) En conséquence, il a exhorté ses troupes à filer droit. Un verrouillage peu apprécié par des élus socialistes encore un peu lucides, indignés non seulement par ce texte de 24 pages «pas acceptable» qui contient «de nombreuses régressions sociales que les quelques avancées ne peuvent en aucun cas justifier», mais surtout par le rôle de députés godillots et de moutons de panurge qu'on veut régulièrement leur faire jouer.
L'arme du 49ter ?
Cet accord sera donc transcrit en terme législatif puis soumis aux partenaires sociaux signataires avant de passer au Conseil d'Etat, puis atterrir au Conseil des ministres fin février-début mars. Ensuite, le Parlement l'examinera en procédure accélérée pour une promulgation d'ici fin mai. Afin d'aller plus vite et éviter les discordes, oseront-ils recourir au 49ter (soit l'alinéa 3 de l'article 49 de la Constitution qui permet au gouvernement de faire passer un projet de loi sans le soumettre au vote, l'Assemblée ne pouvant s'opposer que par une motion de censure) ?
Jour après jour, les «socialistes» tombent le masque devant le patronat, la Troïka et la finance. Jour après jour, on se met à les détester autant que leurs prédécesseurs.
SH
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