Avec l'UMP, qui roulait ouvertement pour les riches et taillait franchement dans les droits des plus pauvres qu'elle accusait de tous les maux, on savait à quoi s'en tenir. Avec le PS, la méthode est captieuse : ce soi-disant parti "de gauche" nous fait croire qu'il s'occupe enfin des laissés-pour-compte de la crise en leur accordant des miettes, tout en continuant d'appliquer une politique austéritaire qui épargne les mieux lotis et flatte le Medef.
Jeudi dernier, Jean-Marc Ayrault a annoncé en grande pompe la création d'une allocation censée palier à la suppression de l'allocation équivalent retraite (AER) et mettre fin à l'allocation transitoire de solidarité (ATS). Nous avions aussitôt exprimé notre perplexité...
Dans un vibrant plaidoyer, le premier ministre a taclé l'ATS, dispositif de remplacement de l'AER aussi restrictif que provisoire, critiquant ses prédécesseurs pour leur pingrerie. A la mise en place de l'ATS au 1er juillet 2011, Xavier Bertrand déclarait : «Cette allocation va concerner les personnes au chômage en fin de carrière, nées entre juillet 1951 et décembre 1953, qui ont tous leurs trimestres et dont l'âge de la retraite a été repoussé. 11.000 personnes seront concernées». Or, en juillet 2012, l'ATS ne bénéficiait… qu'à 500 chômeurs âgés.
Selon une source proche du dossier — un député socialiste interrogé par le collectif AER2012 —, «les paramètres définitifs [de cette nouvelle prestation] ne sont pas totalement arrêtés. Cependant, les critères d'éligibilité ne devraient pas a priori différer de ceux de l'ATS (trimestres validés pour le taux plein, générations 52 et 53), et le barème de ressources non plus. Le changement essentiel tiendra à l'éligibilité avant 60 ans : il n'y aura plus besoin que les droits au chômage courent au-delà de 60 ans».
Tout ça pour ça ?
Comparons.
Avec l'ATS, les bénéficiaires devaient être nés entre le 1er juillet 1951 et le 31 décembre 1953, être âgés d'au moins 60 ans à la date de cessation des droits au chômage, ne pas avoir atteint l'âge minimum légal de la retraite, satisfaire aux conditions de ressource et à la durée d'assurance exigée.
Pour ce prétendu rétablissement de l'AER annoncé avec ferveur par le premier ministre, les bénéficiaires devront être nés jusqu'au 31 décembre 1953, s'être inscrits au chômage avant le 31 décembre 2010, ne pas avoir atteint l'âge minimum légal de la retraite, satisfaire aux conditions de ressource et à la durée d'assurance exigée. La seule différence est donc de ne plus être âgé d'au moins 60 ans à la fin des droits mais d'être inscrit au chômage avant le 31 décembre 2010 (?).
Résultat, peu de distinction est faite entre ces deux mesures prises à 18 mois d'intervalle par deux gouvernements de "sensibilité" différente. Une «urgence sociale», oui, mais qui, passée au crible, ne résiste pas à une urgence budgétaire par ailleurs sujette à caution.
Et dans un an, combien seront-ils à avoir bénéficié de cette annonce ? 500 ?
Le collectif AER2012 et Jean-Marc Becquet restent vigilants et vous encouragent à continuer de signer la pétition pour un rétablissement véritable et complet de l'allocation équivalent retraite.
SH
Articles les plus récents :
- 15/02/2013 23:10 - Immolations en série
- 13/02/2013 18:32 - Le Conseil de Paris recadre fermement Pôle Emploi
- 12/02/2013 12:31 - Licenciements boursiers : Hollande annonce une loi édulcorée
- 11/02/2013 12:00 - L'enquête BMO (Besoins en main-d'œuvre) vue de l'intérieur
- 06/02/2013 08:15 - Risques «d'implosions ou explosions sociales» : Manuel Valls est prêt
Articles les plus anciens :
- 25/01/2013 22:49 - Chômage de décembre : une explosion des radiations bien mystérieuse...
- 25/01/2013 18:10 - «La France devrait réduire sa moyenne salariale d'environ un tiers»
- 23/01/2013 01:45 - Droits rechargeables pour les chômeurs : c'est du pipeau !
- 22/01/2013 19:51 - Mise en condition des esprits pour un nouveau dépeçage de l'assurance chômage
- 22/01/2013 16:38 - Fraude/évasion fiscale : l'Etat, détroussé consentant