Le gouvernement précédent accusait en toute occasion les chômeurs d'être des profiteurs responsables de leur oisiveté : une stigmatisation insupportable, limite criminelle. Certains éprouvent du soulagement depuis l'élection de François Hollande, le discours officiel s'étant apaisé sur ce point. Mais c'est sans compter sur Manuel Valls qui, prenant la relève de Nicolas Sarkozy, stigmatise les futurs chômeurs, délinquants en puissance. A ses yeux, ce ne sont pas la finance et le grand patronat qui sont à l'origine de la fermeture de centaines d'usines, mais les salariés eux-mêmes !
Comme d'habitude, pour masquer les vraies responsabilités et s'en dédouaner, les victimes sont érigées en coupables qu'il faut absolument mater. Du côté des chômeurs, c'est Pôle Emploi qui jouait — et joue toujours — le rôle de bras armé du gouvernement. Du côté des futurs chômeurs, c'est la police qu'on appelle en renfort (aux abords de points chauds comme l'usine Renault de Flins, la présence policière s'est intensifiée) et qu'on sensibilise à cette dangereuse classe laborieuse «poussée au désespoir» et qui n'a plus «rien à perdre» (les services de renseignement sont mobilisés afin de «comprendre» et «anticiper» la «radicalisation» des conflits).
Casser des vies par centaines de milliers ? Ça n'a pas d'importance. Non, il ne faut surtout pas «casser l'outil de travail», propriété exclusive des licencieurs, les vies censées s'échiner dessus étant désormais monnayables et interchangeables partout sur la planète.
Sous le coup du chantage à l'emploi, le trouillomètre est depuis longtemps fort élevé au sein des entreprises. Mais quand la colère gronde et qu'une convergence des luttes se dessine, la peur se met à changer de camp. Au diapason du pouvoir, les médias aux ordres ne parlent plus que des exactions de la CGT, épouvantail accusé d'entretenir une lutte des classes soi-disant obsolète, de refuser tout «dialogue social» (mais pas question de s'interroger sur l'attitude méprisable du patronat français), de politiser son action, voire de menacer des salariés non-grévistes. L'histoire des gentils Dunlop contre les méchants Goodyear sert d'emblème. Quant à la CFDT, annexe du Medef et maintenant du Parti socialiste, elle est encensée pour son imposture sa modernité et sa compromission culture du compromis qui, faute de protéger les droits des salariés, sauverait des emplois réduits à leur plus simple expression.
Chez PSA à Aulnay, des grévistes accusés d'avoir agressé des huissiers payés par la direction ont été convoqués à la sûreté territoriale de Bobigny et des vigiles privés aux allures de fafs surveillent le site. L'intimidation est générale, qu'elle se déploie au sein des entreprises, dans les médias (voir vidéos ci-dessous)… et au gouvernement. Manuel Valls, nouveau Daladier ? La guerre est déclarée.
SH
Voyez Elkabbach aux manettes :
L'interrogatoire de Mickaël Wamen par Pascale Clarck :
Et Emmanuel Lechypre, à vomir !
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Commentaires
La crise a vraiment du bon. Elle a modelé les esprits à l'acceptation contrainte et forcée de la mondialisation.
Il était grand temps, dans ce pays d'ouvriers nantis, d'ouvriers fainéants, d'ouvriers syndiqués jusqu'aux oreilles.
Les Français sont (enfin) mûrs pour accepter ce qu'on leur impose :
• La perte massive de leurs emplois.
• La baisse de leurs salaires, de leurs protections sociales, de leur pouvoir d'achat.
• Le transfert de leurs usines dans les pays "à bas coût".
• Le creusement de plus en plus insupportable des inégalités.
• L'évasion et la fraude fiscales des plus riches.
• L'augmentation exponentielle du chômage et de la précarité.
… avec l'aide de Lechypre et Elkabbach.
Beau travail ! Répondre | Répondre avec citation |
www.lepoint.fr/economie/retraites-les-francais-de-plus-en-plus-inquiets-05-02-2013-1624128_28.php Répondre | Répondre avec citation |
La retraite à 65 balais est une aberration dès lors qu'on détient, en France, la Palme d'Or du sous-emploi chez les travailleurs de 55 ans et plus… et chez les moins de 25 ! Répondre | Répondre avec citation |
slovar.blogspot.fr/2013/02/les-francais-pour-la-retraite-65-ans.html
C'est du bourrage de crâne ! Répondre | Répondre avec citation |
Mon père (bientôt 70 ans) m'a tenu ce discours: nos problèmes c'est la faute des syndicats et des 35 heures na ! Répondre | Répondre avec citation |
Même si certains – ce qui est normal – ont peurs, doutent et hésitent, c'est dans cette catégorie que j'ai rencontré le plus de gens de caractère et que j'ai été le mieux reçu. Le sursaut des Conti, après s'être couchés devant le patronat, m'avait fait chaud au cœur.
Ce ne sont pas les légions d'employés et les « OS de bureaux » zombifiés, encore moins les cadres sup', par nature ou de par leur formation, résignés voire enthousiastes vis à vis de leur asservissement, qui vont lutter. Répondre | Répondre avec citation |
Ouvriers 24% + employés 29% = 53% de la population active… et zéro représentant au Parlement. Répondre | Répondre avec citation |
Ils sont disséminés dans tous les secteurs : industrie, commerce, services, le tertiaire en général. Dans le commerce, la banque, la presse, par exemple, c'est particulièremen t prégnant, beaucoup se fantasment presque cadres, se méfiant des autres, s'opposant les uns aux autres… au grand bénéfice de leurs employeurs et des oligarques qui ne rêvent rien moins que "prolétariser" toute fonction, faire de chacun, de l'ingénieur, du journaliste, de l'ouvrier, du dessinateur de BD, du musicien, etc., un simple agent qui exécute manuellement et/ou "intellectuellem ent" de façon robotique et cadencée. C'est déjà en partie le cas, non ? Répondre | Répondre avec citation |
Engels.
Si vous aviez encore des doutes sur la nature de l'Etat.
L'Etat est celui qui manie le bâton, à l'occasion, pour rétablir la paix souhaitée par le capital pour que l'exploitation se déroule au mieux des intérêts des possédants. Répondre | Répondre avec citation |
John David, 25 ans, travaille sur le site de Flémalle, dans l'agglomération de Bruxelles. Il était venu manifester devant le Parlement européen pour se joindre à ses collègues venus de Liège (Belgique), de Florange (Moselle) et du Luxembourg. L'incident a eu lieu lors d'un face-à-face tendu avec les forces de l'ordre, qui essayaient d'empêcher les manifestants d'approcher du Parlement. Le jeune homme, dont le visage était en sang, avait été évacué par deux collègues avant l'arrivée des pompiers.
"Les récits affluent pour dire que les forces de police tiraient avec des balles en caoutchouc à hauteur d'homme, à hauteur de la tête", a affirmé un syndicaliste wallon de la FGTB, Jean-Michel Hutsebaut, dénonçant "un pas inacceptable qui a été franchi". Le numéro un du syndicat français CGT, Bernard Thibault, s'est dit jeudi "scandalisé" par la "réception brutale" des métallurgistes par les forces de police mercredi à Strasbourg, dénonçant un comportement de la police qui assimile selon lui les manifestants à "des délinquants".
www.lemonde.fr/emploi/article/2013/02/07/arcelormittal-un-manifestant-belge-perd-l-usage-d-un-il-enquete-interne-a-la-police_1828862_1698637.html Répondre | Répondre avec citation |
L'utilisation de cette arme d'attaque "Flash ball" - car ce n'est plus du tout de la "Défense policière" - bafoue violemment les Droits de l'homme les plus sommaires !
Un autre article sur le sujet :
http://www.lameuse.be/659180/article/regions/liege/actualite/2013-02-07/arcelormittal-liege-john-david-a-perdu-un-oeil-a-la-manif-de-strasbourg
L'Etat est en dernière instance une bande de gens armés.
Il y a une relation entre la montée de l'inquiétude du grand capital et la violence légale (mais pas nécessairement morale) de l'Etat.
Citer:
Mais on peut mettre à la rue des milliers de gens et les condamner à la pauvreté, la précarité voire à la misère en supprimant leur emploi pour cause de maintien du niveau de profit.
Vous aurez compris les priorités de l'Etat et compris aussi que le salarié est considéré comme un citoyen de seconde zone. Répondre | Répondre avec citation |
gauche.blog.lemonde.fr/2013/02/13/amnistie-des-syndicalistes-une-claque-pour-le-front-de-gauche/ Répondre | Répondre avec citation |