Comment pourrait-il en être autrement ? Depuis 2012, François Hollande et le gouvernement Valls trahissent la plupart de leurs engagements.
Nous ne nous lancerons pas dans une analyse exhaustive des trois premières années de ce quinquennat laborieux. Contentons-nous d’en lister les plus néfastes orientations.
Nous l’entamerons évidemment par cette spectaculaire envolée du chômage depuis 2012, alors que la majeure partie de nos concurrents et partenaires ont vu le leur baisser ; parfois même revenir à un niveau si ce n’est «normal», disons «acceptable».
Alors que le marché du travail est atone, cette augmentation s’accompagne d’un renforcement des contrôles, sanctions et radiations des chômeurs. Même Sarkozy n’a pas osé mettre en place une brigade de 200 conseillers Pôle Emploi chargés de traquer les récalcitrants (ce nombre pourrait être porté à 1.000 dans les mois à venir).
Comme le disait Claire Villiers (co-fondatrice d’AC ! – Agir ensemble contre le Chômage) : «Que le gouvernement et le patronat proposent des emplois à ceux qui en veulent, la très grande majorité. Ils s’occuperont plus tard de ceux qui n’en cherchent pas». Un commentaire frappé au coin du bon sens.
Et quand le chômage augmente, les indemnisations baissent. Ainsi, l’ARE (allocation de retour à l’emploi) est passée de 57% du salaire brut à 54% dans la dernière convention d’assurance-chômage. Ne parlons pas des minima sociaux qui restent très en-deçà du seuil de pauvreté, n’ayant pas enregistré de revalorisation significative. Ces renoncements (et quelques autres) se traduisent par un accroissement des inégalités que l’on peut observer tous les jours dans nos rues, dans nos banlieues et plus encore dans les beaux quartiers encombrés de voitures de luxe stationnées devant des boutiques chics.
Vous avez dit gouvernement socialiste ?
Nous ne nous attarderons pas non plus sur le virage très «libéral» de la politique économique de l’exécutif, officialisé par les Lois Macron et autres chasses aux syndicalistes exaspérés par des plans sociaux qui, le plus souvent, ne sont justifiés que par des intérêts financiers au seul profit des actionnaires.
Le ralliement sans réserve de François Hollande à l’accueil massif des migrants, exigé par l’Allemagne d’Angela Merkel, constitue un autre sujet d’exaspération populaire. Il n’a forcément pas convaincu celles et ceux qui se débattent dans les difficultés quotidiennes : accès au logement, au travail, à la santé, aux flux (eau, électricité…). Sans oublier celles et ceux qui, comme à Calais, vivent à proximité de camps où s'entassent dans l'anarchie des milliers de clandestins.
Dans un contexte de restrictions budgétaires et de précarisation massive, l’aide sociale accordée aux nouveaux arrivants ne peut se faire qu’au détriment de ceux déjà présents, qui voient leurs conditions d’existence se dégrader. La photo «Je ne suis pas migrant donc pas de logement !» que nous avons prise à Paris, à proximité du cimetière Montparnasse, dans un camp de SDF, se passe de tout commentaire.
Pour l’anecdote, on constatera que ces mêmes sans-abri ont pavoisé leurs campements de fortune de drapeaux français et européens, suite aux attaques du Bataclan et des terrasses du XIe arrondissement, confirmant que nous avons affaire à des exclus qui espèrent encore une prise en compte de leur situation par celles et ceux qui nous gouvernent. Ils peuvent attendre longtemps !
Mais c’est en matière de politique étrangère et de sécurité intérieure que les revirements sont les plus spectaculaires, témoignant du louvoiement mortifère du gouvernement.
Quand on mène une guerre dans un pays qui ne nous l’a pas déclarée, il ne faut pas s’étonner de voir nos ennemis nous frapper en retour. Les attaques de Paris sont la conséquence directe de notre alignement sans réserve sur la politique irresponsable menée par les USA au Proche et Moyen-Orient depuis 1991 et plus encore 2001.
Après avoir mis le bazar en Irak (où chaque mois les attentats tuent plus de personnes qu’à Paris le 13 novembre), en Libye (qui déverse des centaines de milliers de clandestins), les pays occidentaux ont manœuvré pour provoquer la chute du régime de Bachar al-Assad en Syrie. Ils ont soutenu financièrement et militairement les organisations rebelles qui, comme en Afghanistan avec Al-Qaïda, ont fini par se retourner contre leurs financeurs. C’est l’arroseur arrosé !
À croire que l’objectif n’est pas le rétablissement de la démocratie dans ces dictatures, mais l’instauration du chaos par la déstabilisation systématique de régimes nationalistes arabes, certes condamnables, mais stables, plutôt laïcs, qui ne présentaient quasiment aucune menace pour les puissances occidentales.
Une question reste entière : Pour quelles raisons la France, dans le sillon états-unien, a mené et mène des guerres dans des pays qui ne nous ont pas agressés, dont nous recevions encore les dirigeants, avec tous les honneurs de la République, en 2007/2008 (sous Sarkozy) ?
Faute de pouvoir contenir l’expansion de Daech, nous sommes aujourd’hui contraints de renouer des accords militaires avec la Russie de Vladimir Poutine (et donc indirectement avec Bachar al-Assad), pays auquel il y a quelques mois nous refusions de livrer deux navires de guerre, les fameux Mistral. Un revirement à 180° !
Au plan intérieur, même virage sur l’aile : Les mesures gouvernementales prises à la suite du 13 novembre semblent directement inspirées par le programme du Front National : État d’urgence, perquisitions et gardes à vue massives (plus de 2.000 en deux semaines), renforcement des contrôles aux frontières, déploiement de 10.000 militaires sur le territoire, déchéance de nationalité des terroristes binationaux, expulsion des imams intégristes, fermeture des mosquées salafistes… Autant de mesures qui auraient pu, qui auraient du être prises à la suite des attaques contre Charlie et l’Hyper Casher en janvier dernier.
La sanction infligée à la «minorité socialiste» est directement motivée par cette succession de revirements, d'échecs et de renoncements sociaux, politiques, diplomatiques et économiques.
Si notre «chef de guerre» gagne des galons sur le terrain des opérations extérieures, il a perdu la bataille contre le chômage, la sécurité intérieure, l’immigration clandestine, la croissance, les déficits budgétaires, la lutte contre les inégalités… Des sujets au cœur des préoccupations de nos concitoyennes et concitoyens.
La sanction électorale est sévère… mais juste !
Yves Barraud
PS : À cette heure (20h15, dimanche 6 décembre), le Front National serait le «premier parti de France», en tête dans plusieurs régions : Nord, PACA, Sud-Ouest, Alsace-Lorraine, Bourgogne… souvent à plus de 30% des suffrages. Vote en faveur du FN et abstentions, deux autres «réussites» du couple Hollande/Valls.
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