Une interview de Nicolas Barré et Béatrice Taupin pour Le Figaro.
LE FIGARO : Laurence Parisot souhaite «un accord le plus large possible avant la fin de l'année» sur l'assurance-chômage. Partagez-vous l'optimisme du Medef ?
François Chérèque : Nous partageons sa volonté d'aboutir dans les temps et de montrer la capacité des partenaires sociaux à se mettre d'accord sur la pérennité de l'assurance-chômage. Mais, auparavant, nous voulons que le gouvernement nous éclaire sur sa politique. Il n'est pas question de renouveler les deux expériences passées où des décisions du gouvernement ont pesé sur les conséquences des accords que nous avions signés : une première fois avec le gouvernement Jospin en 2000 où nous sommes entrés en conflit sur le PARE, une seconde en 2002 où le gouvernement Raffarin a, après coup, réformé l'ASS des chômeurs de longue durée.
LE FIGARO : Sur quels points voulez-vous des garanties ?
François Chérèque : Nous posons quatre questions. Un, quelle sera l'évolution des minima sociaux, ASS et RMI ? Deux, comment répond-on aux jeunes qui n'ont jamais travaillé ou pas assez pour avoir des droits à l'assurance-chômage, mais qui n'ont pas 25 ans et donc pas de RMI ? Trois, le gouvernement va-t-il pérenniser le fonds des intermittents ? Pour la CFDT, nous le disons depuis toujours, ce n'est pas à la solidarité professionnelle des seuls salariés de financer l'emploi culturel. Enfin, nous voulons que l'Etat donne à l'ANPE les moyens de mieux accompagner les chômeurs : en 2000, le gouvernement Jospin avait imposé à l'Unedic de financer 3.650 postes pour l'ANPE, mais depuis la loi Borloo et la mise en concurrence de l'Agence, l'Unedic n'a plus le droit de le faire. Il faut donc que l'Etat le fasse à notre place, et que nous puissions consacrer ces moyens de l'Unedic à des mesures actives de retour à l'emploi.
LE FIGARO : Ce sont des préalables ?
François Chérèque : Pour les minima, oui. Nous ne voulons pas de dégressivité sur le dernier filet de sécurité qu'est l'ASS. Pour les intermittents, c'est un préalable à la renégociation des annexes 8 et 10 : si l'Etat refuse de pérenniser le fonds transitoire, la négociation sera très difficile. Sur les emplois dédiés à l'ANPE, nous avons besoin de réponses avant la fin de la négociation.
LE FIGARO : Etes-vous favorable à un RMI jeunes ?
François Chérèque : La CFDT n'a pas de blocage idéologique. Cela fait plus de dix ans que le problème des moins de 25 ans est posé et, comme on a peur de l'assistance, on ne fait rien. Pourquoi n'y aurait-il rien avant 25 ans et le RMI après ? Tout jeune doit pouvoir bénéficier d'une allocation d'insertion, liée à un contrat pour une formation, une qualification, ou un accompagnement réel de la recherche d'emploi, selon les cas.
LE FIGARO : Quelles sont vos exigences vis-à-vis du patronat ?
François Chérèque : En 2002, ce sont les salariés et les chômeurs qui ont fait le plus d'efforts. Nous nous opposerons au retour de la dégressivité des allocations, le Medef le sait. Nous mettrons l'accent sur l'action contre la précarité et pour le retour à l'emploi. Et nous voulons mettre en débat le problème des cotisations des entreprises selon leur comportement vis-à-vis des contrats de travail. Celles qui abusent des CDD mettent en difficulté l'Unedic car l'indemnisation est bien supérieure aux cotisations qu'elles paient.
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