A l'arrivée de la police, les groupes se replient en désordre. Ne restent que quelques badauds qui assistent, silencieux, à l'intervention des pompiers. Quelques minutes plus tôt, la caserne d'Aulnay-sous-Bois, protégée par les CRS, a elle-même été visée par des jets de cailloux et de briques.
Selon plusieurs témoins, une quarantaine de jeunes, dont certains de très jeune âge, ont attaqué la concession automobile avec des cocktails Molotov, à l'origine du départ de feu. Sur place, Christian Lambert, le directeur central des CRS, demande à ce que l'on procède à des interpellations. "Ils vont très vite et sont très mobiles, ils cassent systématiquement tout et il est presque impossible de les arrêter tout de suite", déplore un officier de la CRS 7. En Seine-Saint-Denis, 15 personnes seront interpellées dans la nuit, portant le total des arrestations à 89 en trois jours.
Des incidents sont signalés dans les Hauts-de-Seine ; des dizaines de voitures brûlées, un jet de cocktail Molotov sur le commissariat d'Antony. Six véhicules sont détruits par le feu dans le Val-d'Oise. Mais c'est en Seine-Saint-Denis que sont concentrés les faits les plus graves. A La Courneuve, "les policiers ont été visés par deux tirs à balles réelles", indique le responsable opérationnel des CRS de la préfecture de police. A Aulnay, encore, un poste de police a été forcé et saccagé. Situé près de la cité sensible des 3000, il est fermé la nuit. Des jets de cailloux, et des affrontements sporadiques à Sevran, Bobigny, Bondy, Livry-Gargan, l'incendie d'un gymnase au Blanc-Mesnil ont été signalés. Clichy-sous-Bois et Montfermeil, où la tension avait été la plus forte les nuits précédentes, comptent parmi les villes les plus calmes.
"Ce n'est qu'un début, on va continuer jusqu'à ce que Sarkozy démissionne"
A Aulnay, quelques jeunes des 3000 viennent dire aux journalistes qu'ils ne s'arrêteront pas, une semaine après le début des affrontements avec la police provoqués par la mort inexpliquée de deux jeunes gens, jeudi 27 octobre, dans un transformateur de Clichy-sous-Bois. "Cela va peut-être leur faire comprendre aux gens du gouvernement", dit l'un d'eux, tandis qu'un autre avertit : "Ce n'est qu'un début, on va continuer jusqu'à ce que Sarkozy démissionne."
Il est un peu plus de minuit et demi quand Nicolas Sarkozy arrive à la direction départementale de la sécurité publique à Bobigny, en provenance de l'Assemblée nationale où les députés discutaient le budget du ministère de l'intérieur. Se refusant à toute déclaration, M. Sarkozy évoque "une réunion de travail" avec le préfet, Jean-François Cordet, M. Lambert, et les responsables policiers du département. "Nous avons à faire à des bandes organisées", a indiqué à la sortie le responsable de la sécurité publique de Seine-Saint-Denis, Jacques Méric, suggérant pour la première fois une forme de concertation, et le choix préalable de cibles. Sur le terrain, un officier de CRS se montrait plus prudent : "Ils sont certainement organisés, mais on ne peut pas encore parler d'une sorte de coordination des actions."
Le ministre fait état des notes et des statistiques des Renseignements généraux. "On sentait monter ça depuis plusieurs mois, explique M. Sarkozy. Le nombre d'incidents enregistrés à Noël 2004 et au 14 Juillet avait été alarmant."
Comment faire face aux violences persistantes ? Le plan de lutte contre les violences urbaines, mobilisant 17 compagnies de CRS dans 17 départements sensibles est entré en vigueur, jeudi 2 novembre. A Aulnay, plusieurs officiers de CRS mobilisés dans le cadre de cette nouvelle mission critiquaient l'absence de soutien des forces de sécurité publique sur le terrain, en clair des gardiens de la paix des commissariats. Alors qu'ils intervenaient pour assister les pompiers pendant l'incendie chez le concessionnaire d'Aulnay, les CRS ont été contraints d'assurer la circulation automobile.
Au cours d'une conférence de presse improvisée, Marc Gautron, secrétaire national de l'UNSA-police, syndicat majoritaire, réclamait que "la police de proximité soit rétablie dans les cités". "Malgré les discours d'apaisement du gouvernement, a-t-il ajouté, on constate une escalade de la violence. Il faut rétablir les polices de proximité de façon à faire de nouveau de la prévention."
Vers 2 heures du matin, le calme était revenu dans l'ensemble du département. Un seul blessé grave était à signaler du côté des CRS, touché à la main par l'explosion d'un cocktail Molotov.
(Source : Le Monde)
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