L'Agence Centrale des Organismes de Sécurité Sociale - qui regroupe les 103 URSSAF de métropole auprès desquelles les promesses d'embauche des employeurs sont collectées - a recensé 58.000 CNE en janvier, 43.300 en décembre, 57.100 en novembre, 66.900 en octobre, 78.600 en septembre et 33.000 en août. L'ACOSS ne précise pas le nombre de créations d'emplois réelles générées par le CNE, et ne chiffre pas l'effet de substitution de ce nouveau contrat avec le CDD et le CDI.
Le sondage Ifop-Fiducial, lui, mesure un peu plus l'impact du contrat nouvelle embauche.
Seuls 29% des dirigeants des très petites entreprises interrogés affirment qu'ils ont créé de l'emploi grâce au CNE. Les autres ont surtout profité de la souplesse nouvelle offerte par ce contrat pour diminuer les risques engendrés par une embauche - puisque les conditions de rupture sont archi simples pendant deux ans - au point de le choisir de préférence à un CDI dans 40% des cas...
Les bénéficiaires des premiers CNE sont étonnamment jeunes (44% ont moins de 25 ans) et ont de bas niveaux de qualification (78% n'ont pas le Bac).
Reste à élucider le mystère des 260.000 CNE signés depuis août selon les chiffres du gouvernement vantés par Jean-François Copé : le triple de ce que Fiducial estime au regard du taux de pénétration moyen du CNE (1,2 embauche) relevé par le sondage. Petit rappel pour conclure : 28.000 signataires du CNE depuis sa naissance ont été licenciés sans motif, et ce n'est qu'un début.
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Commentaires
Face à un Nicolas Sarkozy qui s’efforce d’incarner la rupture pour ne pas avoir à assumer l’héritage de Jacques Chirac, Dominique de Villepin veut être l’homme qui fait évoluer en douceur le modèle social français. Pourtant, c’est bien à une profonde rupture qu’on assiste aujourd’hui en matière de droit du travail : le contrat première embauche, annoncé le mois dernier, vient remettre en cause radicalement les protections attachées au contrat de travail en permettant aux entreprises de licencier durant deux ans sans motif et sans indemnité tout salarié embauché avant 26 ans.
Il y a certes un problème d’emploi des jeunes en France, qui frappe durement les moins qualifiés. L’idée du gouvernement est que les employeurs auront moins peur de les embaucher s’il leur est facile de les licencier. Le raisonnement est un peu court. Il est en effet très facile de licencier en France, surtout dans les PME. Dans les faits, la plupart des entreprises adaptent déjà sans difficulté leurs effectifs au niveau de la demande. Le problème est donc d’abord l’insuffisance de croissance.
Les économistes libéraux considèrent qu’une plus grande flexibilité, en facilitant l’adéquation entre l’offre et la demande de travail, devrait rendre l’économie plus efficace, plus compétitive et donc dynamiser, à terme, la croissance et l’emploi. Mais ce n’est pas en diminuant les droits des salariés qu’on y parviendra. Il faut au contraire créer les conditions leur permettant de développer de vrais parcours professionnels.
Les travaux de l’Insee et du Céreq montrent que le comportement d’embauche des entreprises varie selon la nature des postes à pourvoir. Les personnes embauchées sur les postes les plus qualifiés bénéficient rapidement de contrats à durée indéterminée, y compris les jeunes. A l’autre extrémité, les entreprises recrutent sous statut précaire pour les emplois peu qualifiés, afin de s’adapter aux variations de la conjoncture, en profitant du rapport de force que leur assure le chômage de masse. Dans un tel contexte, les contrats première embauche, en l’absence de vive reprise de l’activité, vont surtout permettre aux entreprises de ne plus avoir recours aux CDD, plus contraignants et plus coûteux.
Dominique de Villepin s’est permis de critiquer les politiques dites de partage du travail mises en œuvre par la majorité précédente. Le gouvernement de Lionel Jospin était cependant parvenu à relancer l’activité et, avec elle, les créations d’emplois dans le secteur marchand, en redonnant confiance aux Français. La politique menée aujourd’hui revient à développer la flexibilité sans que la croissance soit au rendez-vous. Résultat : au lieu de partager le temps de travail, on risque de partager le travail dans le temps en accélérant la rotation des emplois ! Répondre | Répondre avec citation |
Au sujet des banques, à (re)lire : Les banques au secours du CPE…
PARIS (AP) - Les représentants des assureurs, reçus mercredi par Dominique de Villepin, se sont engagés à "offrir des couvertures d'assurance contre les impayés de loyer" aux titulaires de contrats nouvelles embauches (CNE) et de contrats première embauche (CPE), comme pour les salariés en CDI, selon un communiqué de Matignon.
En réponse, le Premier ministre leur a demandé de "veiller à la bonne application de cet engagement".
Lors de cette entrevue, la Fédération française des sociétés d'assurances et le Groupement des entreprises mutuelles d'assurances se sont également dit prêts à travailler avec les partenaires sociaux à la création "avant la fin de l'année" d'un mécanisme de garantie contre les impayés de loyer pour les propriétaires qui louent leur bien à des ménages modestes. Cette mesure est prévue par la loi Borloo du 26 juillet 2005 sur les services à la personne.
Le 8 février, les représentants des principales banques françaises s'étaient déjà engagés auprès du Premier ministre à accorder des crédits aux salariés en CNE et CPE. Répondre | Répondre avec citation |
Les effets du Contrat nouvelles embauches sur l'emploi sont à ce jour "impossibles à déduire" car s'il peut favoriser l'embauche, ce dispositif est aussi "de nature à augmenter les licenciements", souligne l'évaluation économétrique effectuée par les économistes Pierre Cahuc (Paris I, CREST) et Stéphane Carcillo (Paris I, CNRS).
Cette étude prospective ne prétend pas pouvoir chiffrer précisément les créations d'emplois induites par le CNE. Par extrapolation, les deux chercheurs arrivent toutefois à un maximum de 70.000 créations nettes d'emplois d'ici à fin 2008 dans les entreprises concernés, ou à 100.000 sur quatre ans, ce qui est faible au regard des quelque 303.900 intentions d'embauches répertoriées jusqu'ici par l'ACOSS (Agence centrale des organismes de Sécurité sociale).
Même "à long terme, en supposant que le type CNE s'applique à l'ensemble du secteur marchand non agricole, il y a une création d'environ 100.000" et quelque 95.000 chômeurs en moins (-0,5 point du taux de chômage à 9,5%), ajoute l'étude.
C'est qu'il faut compter sur "les importants effets de substitution qui devraient apparaître", explique les auteurs. "En effet, si les créations de CNE ne font que se substituer à des créations de CDD ou de CDI, il n'y aura pas de créations nettes d'emploi". "En revanche, il y aura malgré tout une part plus importante de contrats très flexibles dans l'économie, ce qui est de nature à augmenter les licenciements", préviennent-ils.
Si malgré les effets de substitution, le CNE conduit à plus de créations nettes d'emplois, "il se peut que le chômage diminue (…) malgré la plus grande facilité de licencier offerte par le CNE", ajoutent-ils. Mais à ce stade, "on comprend donc qu'il est impossible de déduire simplement les conséquences de la montée en puissance des embauches en CNE". Répondre | Répondre avec citation |