L'intersyndicale CGT, CFDT, FO et Sud de l'INSEE (Institut National de la Statistique et des Études Économiques) et l'intersyndicale CGT, Unsa, CFDT, SNU et Sud de la DARES (Direction de l'Animation de la Recherche, des Études et des Statistiques du ministère de l'Emploi) expriment officiellement leur colère face au dénigrement de leur travail exercé par le gouvernement. Car ce dernier explique la baisse du chômage par le dynamisme des créations d'emplois dopées par le contrat nouvelle embauche, les contrats aidés, et le plan de développement des services à la personne. Mais les résultats chiffrés de la DARES et de l'INSEE le contredisent : seulement 64.800 postes ont été créés dans le secteur marchand en 2005 alors que le nombre de chômeurs a reculé de 126.800…
Depuis plusieurs semaines, il proclame même que cette apparente contradiction est due à l'imprécision des statistiques fournies par les deux organismes. Selon Jean-Louis Borloo, leurs enquêtes trimestrielles ne seraient basées que sur l'évolution des effectifs dans les entreprises de plus de 20 salariés alors que l'emploi aurait surtout progressé dans celles de moins de 10 grâce au CNE. Selon Gérard Larcher, elles ne tiendraient pas compte de l'agriculture, la santé, le secteur associatif et l'administration publique.
"Améliorer la qualité des chiffres : bien sûr. Les dénaturer : jamais !"
Pour les syndicats de statisticiens, ces formulations agressives vis-à-vis de leur travail sont dirigées vers l’opinion publique, le gouvernement cherchant à "décrédibiliser les statistiques actuellement disponibles, tant qu'elles ne confirment pas son credo". Ils affirment qu'il est inexact de dire que les chiffres de l'INSEE et de la DARES n'intègrent pas les entreprises de moins de 10 salariés ou le secteur médico-social. Certes, le processus est long et il faut affiner les statistiques plusieurs fois dans l'année : "Nous aurons des résultats beaucoup plus précis en mars mais à l'heure actuelle, aucun spécialiste, quel qu'il soit, ne peut prétendre qu'il y a une création massive d'emplois", affirme la CGT de l'INSEE.
Les syndicats de la DARES dénoncent d'autres types de "pressions", comme les délais de publication de leurs études "anormalement longs" et "l'enlisement" de plusieurs d'entre elles (des «Premières Synthèses» sur les licenciements, les effets du PARE, les 35 heures…) "jugées peu opportunes sur le plan de la communication ministérielle". Le ministère du Non-Emploi lorgne également du côté du nouveau directeur de la DARES, qui vient d'entrer en fonction et doit prendre "le temps d'évaluer ce qui est publié"... "Sur l'évaluation de la création d'emploi, on n'est pas bons. Globalement, notre appareil statistique doit progresser" et des groupes de travail ont d'ailleurs été mis en place à cet effet, a-t-il indiqué, en réfutant bien sûr toute intention "d'attaquer" l'INSEE et la DARES...
Il n'empêche que le vase est en train de déborder !
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