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Les DRH, les seniors et le CPE

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Les DRH se font toujours tirer l’oreille pour recruter les seniors. Mais ils ne croient pas pour autant aux vertus du "contrat première embauche" pour les jeunes : 50% d’entre eux ne veulent pas l’utiliser. Une pierre de plus dans le jardin du Premier ministre.

Décidément, Monsieur Galouzeau de Villepin, ci-devant Premier ministre, a eu du mauvais sang bleu à se faire. Non seulement les citoyens roturiers ont désapprouvé massivement son "contrat première embauche", au motif qu’il permet de licencier sans motif, mais, par delà les jeunes en pétard, les syndicats en colère, la rue qui s’échauffe et les élus qui tiédissent, même les officiers recruteurs des entreprises françaises avouent sans ambages qu’ils renâcleraient à utiliser le bébé ! Un comble…

Les responsables des ressources humaines et autres directeurs du personnel, connus aujourd’hui sous le terme générique de "DRH", sont, de par leurs fonctions, les premiers concernés par l’embauche. Puisque ce sont eux qui la contrôlent et l’organisent. Leur avis est donc important dès lors qu’il s’agit de mettre en œuvre un nouveau dispositif sur le marché de l’emploi. Sans leur feu vert, les CV les plus costauds atterrissent dans les corbeilles à papier et les carrières tombent en panne aux portes de l’entreprise.

Les seniors toujours discriminés

Les seniors en savent quelque chose. Passé la cinquantaine, il devient difficile de les séduire, même avec un bagage professionnel gros comme une malle-poste. De ce côté là, hélas, les idées reçues ont la vie dure… Une récente enquête conduite par Inergie Opinion auprès de trois cent vingt-cinq directeurs et cadres "relations humaines" adhérents de l’association nationale de la "fonction personnel" (ANDCP) ne laisse guère d’illusions à ce sujet.

Même s’ils reconnaissent que les quinquas ont de l’expérience et qu’ils sont utiles pour transmettre leur savoir-faire aux plus jeunes, ils les jugent toujours peu dynamiques, seulement utilisables pour des CDD et des missions ponctuelles. Et surtout bons, en fait, à nourrir les chiffres des réductions d’effectifs. Pour un tiers des entreprises consultées, les cheveux gris constituent l’essentiel des départs, et la majorité pour un quart d’entre elles. Seules, les "boîtes" de plus de cinq cents salariés commencent à réfléchir au problème. Pour les arrivées, c’est encore pire. 50% des DRH interrogés n’ont pas recruté un seul senior. 5% seulement confessent en avoir embauché un certain nombre. Et 8% pour des contrats précaires ou des missions courtes !

Rien de nouveau sous le soleil, donc. Si, tout de même : une entreprise sur dix déclare avoir mis en place une politique spécifique pour les travailleurs âgés et un tiers d’entre elles planche sérieusement sur le sujet. C’est déjà ça…

CPE : des raisons morales ou éthiques

Si les DRH commencent à réfléchir sur le maintien en activité des plus de 50 ans, ils évoluent aussi en ce qui concerne l’emploi des jeunes. Pour preuve, un autre sondage réalisé par les soins de l’ANDCP qui, lui, se passe de commentaires. À la question : "Dans vos prochaines embauches de moins de 26 ans, comptez-vous utiliser le CPE ?", 12% répondent qu’ils l'utiliseront pour tous les postes, 22% pour certains postes. Et 50% qu'ils ne l’utiliseront pas du tout, quel que soit le poste. Ce qui fait que la moitié des DRH n’en veut pas.

Pour que les choses soient bien claires, Lucie Caubel, responsable de la communication à l'ANDCP, a expliqué à la presse que ce refus du CPE était motivé par "des raisons morales ou éthiques". D'après l'association, les entreprises "préfèrent rétablir la confiance avec les jeunes plutôt que de les discriminer". En cas de recrutement difficile, le CPE serait "un frein pour attirer les éléments motivés". Et par-dessus le marché, il pourrait poser des problèmes sur le plan juridique. "Les DRH, affirme Lucie Caubel, ont peur de voir le climat social se dégrader avec les syndicats, au sein même de l'entreprise." Et ceux qui n’ont pas peur de ce changement climatique n’utiliseront pas non plus le nouveau contrat parce qu’ils manquent à son sujet d'informations, de recul ou de lisibilité.

Une pierre dans le jardin de monsieur de Villepin qui en dit long sur la répugnance des uns et des autres à adopter la formule du licenciement non motivé. Au risque de soumettre les salariés au "fait du prince", comme sous l’Ancien régime. À travers l’opinion de leurs directeurs du personnel, les entreprises françaises indiquent clairement qu’elles veulent bien avancer en matière de "modernité". Mais pas au prix d’un tel retour en arrière !

(Source : SeniorPlanet)

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Mis à jour ( Mercredi, 05 Avril 2006 15:20 )  

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