Pour les courageux, voici l'intégralité du texte qui doit être examiné pour le remplacement de l'article 8 (CPE) de la loi sur l'égalité des chances. Déposé hier après-midi, il a été cosigné par le président du groupe UMP Bernard Accoyer, le président de la commission des Affaires sociales Jean-Michel Dubernard et l'ancien rapporteur de la loi égalité des chances, Laurent Hénart. Avec ses deux articles, il est censé être le fruit de trois jours d'échanges, la semaine dernière, entre 19 organisations pour l'essentiel hostiles au CPE - syndicats, jeunes, patronat - et les parlementaires UMP, chapeautés par les ministres de l'Emploi Jean-Louis Borloo et Gérard Larcher. Une fois approuvé par l'Assemblée, il suffira que le Sénat vote ce texte "conforme" (sans le modifier) pour qu'il soit entériné par le Parlement et promulgué dans les 15 jours par le président Chirac.
Au total, quelque 160.000 "jeunes en difficulté" seraient concernés. Le CPE était vécu comme un contrat stigmatisant : vous remarquerez que ces mesures le sont encore plus.
Et dans la presse, on parle d'un "plan Borloo vitaminé"... prenez des dispositifs déjà existants, musclez-les un peu, et saupoudrez-les généreusement de subventions de l'Etat !
Y est ainsi prévue une aide à tout employeur embauchant en CJE (contrat jeune en entreprise) un chômeur de 16 à 25 ans révolus, de faible qualification et sans emploi depuis plus de 6 mois, ou résidant en zone urbaine sensible (Zus), ou titulaire d'un contrat d'insertion dans la vie sociale (Civis) : son montant, qui sera fixé par décret, s'élèvera à 400 € par mois la première année, 200 € la seconde. De même, le contrat de professionnalisation (qui est en alternance) sera désormais subventionné avec une prime mensuelle de 200 € la première année et de 100 € la seconde.
Exonérations et primes aux employeurs, bilans de compétences pour les Civis, mise en place de stages "intensifs" et "fortement qualifiants" dans les métiers qui peinent à recruter (hôtellerie, restauration, bâtiment… vous savez, les fameuses 300.000 offres non pourvues !)... Le coût est estimé à 150 millions d'euros pour le second semestre 2006, le double (300 millions) pour 2007. En comparaison, cette année, le budget de l'Etat prévoyait une enveloppe de 450 millions d'euros pour le volet emploi du plan Borloo : c'est "un effort d'un tiers" supplémentaire, a souligné M. Hénart.
ALORS, QUI SONT LES PLUS ASSISTÉS ? Rappelons que le CPE offrait 3 années d'exonération totale de cotisations patronales...
Ça fait des lustres qu'on gaspille de l'argent public afin d'inciter les entreprises à créer des emplois : en vain !!! Pourtant, en octobre 2005, Jean-Louis Borloo n'affirmait-il pas que l'allègement des charges a "atteint ses limites" ? Ce gouvernement, qui rechigne à mieux indemniser les précaires et les privés d'emploi, s'évertue ni plus ni moins à graisser la patte à des employeurs qui se contentent d'empocher des primes sans pérenniser des postes de travail, et font une concurrence déloyale à ceux qui n'en usent pas. On peut critiquer l'Etat-providence qui engendre des "assistés" mais ici, ceux-là même qui prônent qu'il faut "moins d'Etat" n'hésitent pas à s'en servir comme d'une vache à lait, quand ça les arrange !
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