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Un petit retour en arrière apparaît nécessaire pour remettre les choses à leur place. La défaite de Dominique de Villepin sur le CPE est aussi celle de l’UMP (le parti majoritaire à l’Assemblée nationale), donc celle de son Président Nicolas Sarkozy qui n’a pas hésité à initier sur Internet une pétition en faveur du CPE après avoir acheté sur Google un lien commercial sur les mots «contrat première embauche». Une fois de plus, comme nous le dénonçons sur Actuchomage depuis des mois, l’opportuniste Nicolas Sarkozy adapte son discours à la tournure prise par les événements, quitte à renier ses engagements et ses actes.
Démonstration (avec l’aide du Canard Enchaîné du 30 mars 2006) :
• Le 16 janvier dernier, l’UMP «se félicite de l’offensive prioritaire» du gouvernement en faveur de l’emploi. La porte-parole du parti, Valérie Pécresse, s’en félicite d’autant plus que «les propositions présentées par Dominique de Villepin ont été élaborées à la suite de plusieurs entretiens avec le président de l’UMP, Nicolas Sarkozy».
• Le 25 janvier, Pierre Méhaignerie, président UMP de la commission des Finances, prend le relais sur le CPE : «Je ne vois pas d’autres voies possibles de réussite pour revenir au plein emploi, c’est pourquoi tous les amis de Nicolas Sarkozy, et au-delà, nous soutenons totalement ce projet».
• Le 31 janvier, l’UMP lance une grande «pétition de soutien au CPE». Et dans la foulée, le parti achète, sur le moteur de recherche Google, le mot-clé : «contrat de première embauche».
• Le 6 février, le conseiller politique de Sarko, Patrick Devedjian, rappelle que le projet Villepin est «soutenu par la majorité», et il jure même qu’il «n’y a rien à craindre de ce côté-là».
• Le 22 février, c’est autour du député Yves Jégo, qui a bien changé de refrain depuis, de balancer : «Le Premier ministre s’est engagé sur une voie courageuse avec le CPE. Quand il aura fait ses preuves, sans doute que les angoisses seront levées».
Mais aujourd’hui, sauve-qui-peut ! Vu la tournure prise par les événements, on entend même certains sarkozystes de choc, à l’image de la députée Nadine Morano, réclamer «la suspension du CPE». C’est normal, quoi : depuis le début, ça n’a jamais été leur truc…
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Commentaires
Nicolas Sarkozy a déclaré ce matin sur Europe 1 que s'"entêter" sur le CPE aurait rendu service à "la gauche" et aux "conservateurs".
"Si on s'était entêté sur cette réforme, on rendait un service signalé d'abord à la gauche, en donnant au pays le sentiment que la gauche portait un projet de justice et nous non", a déclaré le président de l'UMP et ministre de l'Intérieur. "Et on rendait un deuxième service à tous les conservateurs, parce qu'on associait l'idée de la réforme à l'idée de la précarité", a-t-il ajouté.
"C'est l'entêtement qui aurait conduit à cela (…) La précarité elle existe, c'est pas un risque pour demain, et ceux qui sont immobiles, ceux qui vous proposent de ne rien changer, sont ceux-là même qui veulent garder la précarité d'aujourd'hui", a-t-il dit. Répondre | Répondre avec citation |
• Celle des Recalculés en 2003/2004.
• Celle du Référendum de 2005.
• Celle du CPE (pour l'instant celle du CNE est malheureusement perdue).
• Celle aussi qui consiste à marquer un coup d’arrêt à l’arrogance gouvernementale et de ses leaders (de Villepin étant le premier d’entre eux).
À celles et ceux qui ne nous connaissent pas encore, nous tenons à préciser ceci :
L’UMP n’est pas à proprement parler notre «bête noire». Nous dénonçons surtout l’inadaptation de nos institutions qui fait que l’UMP dispose aujourd’hui d’une majorité absolue à la tête de l’exécutif (gouvernement) et du législatif (Assemblée nationale) alors que ce parti est largement MINORITAIRE en France.
Jacques Chirac doit sa réélection au «front républicain» motivé par la présence de Le Pen au second tour des présidentielles de 2002.
Et la majorité ABSOLUE de l’UMP à l’Assemblée est liée au mode de scrutin (qui exclut des formations – même celles qui pèsent 5% ou plus de l’opinion nationale, au seul bénéfice des grands partis).
Il en découle une vraie arrogance de la part des cadres de ce parti et notamment du premier d’entre eux, Nicolas Sarkozy.
Nicolas Sarkozy qui, de notre point de vue, obtient des résultats plus que médiocres (voire calamiteux) sur tous les dossiers qui lui passent entre les mains :
• Soutien à Édouard Balladur à la présidentielle de 1995.
• Élections européennes de 1999 (RPR a réuni 12% de suffrages sous la présidence par intérim de Nicolas Sarkozy).
• Référendum européen de 2005 (auquel Sarkozy a appelé à voter OUI).
• Son passage au ministère de l’Économie et ses promesses non tenues (en matière de baisse des prix entre autres).
• Sa présence au ministère de l’Intérieur et ses dérapages qui ont attisé la crise des banlieues.
• Et plus récemment, son soutien au CPE.
Si l’UMP n’est pas notre bête noire, Sarkozy l’est bien.
Aujourd’hui, une de nos priorités est de rétablir la vérité sur le parcours très quelconque de celui que certains médias présentent comme «l'homme providentiel de 2007»… Ce qu’il n’est pas et qu’il n’a jamais été (et ne sera jamais).
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