Actu Chômage

vendredi
1 novembre
Taille du texte
  • Agrandir la taille du texte
  • Taille du texte par defaut
  • Diminuer la taille du texte
Accueil Social, économie et politique CPE : un flou entretenu par tous !

CPE : un flou entretenu par tous !

Envoyer Imprimer
Dans son allocution télévisée, Jacques Chirac vient de promulguer le CPE tout en demandant à son gouvernement de préparer une nouvelle loi le modifiant sur deux points : la période de consolidation, qui serait ramenée à un an au lieu de deux, et la rupture du contrat qui serait motivée (inutile de dire que ce "compromis" vient d'être salué par l'opportuniste Sarkozy, qui - se voyant déjà en futur président ! - a fait aussi sa petite allocution officielle à 20h30...).


N'ayant, vis-à-vis d'un chef de l'Etat élu à l'arraché en 2002 et qui passe à la télé depuis les années 70, aucun espoir ni attente particuliers, cette annonce est sans surprise. Par contre les aimables étudiants, syndicalistes et politiques anti-CPE invités dans les JT pour commenter ces propos attendus provoquent l'irritation tant leurs interventions sont convenues, incomplètes, et finalement aussi partisanes que celles de leurs adversaires.

... RIEN sur le CNE !

Cet antérieur "CPE pour adultes" - passé comme un colis à la poste grâce à la mollesse de nos syndicats & politiques réunis… - ne mérite de leur part ni un mot ni une association d'idées. Grâce à la forte mobilisation de la jeunesse, le CPE s'est à juste titre imposé sur le devant de la scène. Il est même devenu LE symbole de la "ghettoïsation des jeunes" qui démarrent dans la vie... Pire, il semble être devenu LE SEUL CONTRAT de travail qui inaugure la légalisation de la précarité...
Telles sont les dérives de la focalisation.
Pourtant, si le CPE est réservé aux entreprises de plus de 20 salariés, une entreprise de moins de 20 salariés qui veut recruter un jeune sous les mêmes conditions peut proposer un CNE : un récent sondage IFOP-Fiducial relève que 44% des bénéficiaires des premiers CNE depuis l'été 2005 ont moins de 25 ans. Alors, minimiser le CNE dans la lutte anti-CPE est un pur non-sens !

RIEN sur la différence entre PÉRIODE D'ESSAI et PÉRIODE DE CONSOLIDATION !

Tous, ils parlent de période d'essai. Or le CPE prévoit bien une période d'essai d'un mois à laquelle succède la fameuse "période de consolidation", qui n'est pas du tout la même chose !!!
Cet amalgame est d'autant plus fâcheux que la différence entre ces deux notions est de taille :
• Une période d'essai peut être interrompue par l'employeur ET/OU le salarié sans motivation. C'est un dispositif bilatéral : le salarié retrouve ses droits au chômage là où il les avait laissés, et l'employeur prend quelqu'un d'autre, ce n'est pas ce qui manque…
• La période de consolidation ne laisse la décision qu'à l'employeur : si le salarié veut, lui, se "séparer" de son nouveau patron durant cette période, il doit démissionner, donc perdre ses droits au chômage... C'est un dispositif unilatéral au flou juridique entretenu, en défaveur du salarié qui se voit coincé et donc soumis au bon vouloir de son employeur.

RIEN sur l'inutilité d'un CPE "nouvelle version" !

Pouvoir licencier sans motif était bien la principale fonction du CPE (et du CNE). Puisqu'il s'agit désormais de rétablir - on ne sait pas sous quelle forme - la motivation de la rupture comme pour n'importe quel contrat déjà existant, alors POURQUOI LE MAINTENIR ?

De plus, diminuer la période de consolidation à 1 an au lieu de 2 ne change rien à son principe : elle reste un procédé unilatéral et inique. D'autant plus qu'il a toujours existé des dispositifs simples pour "tester" les salariés avant l'embauche :
• Les périodes d'essai actuellement en vigueur sont renouvelables : avec le CDI dit "classique", elle est d'un mois pour un employé (donc 2), deux mois pour un agent de maîtrise (donc 4), et trois mois pour un cadre (donc 6)... Si cela ne suffit pas, pourquoi ne pas avoir songé à en augmenter légalement la durée ? La pilule serait passée, puisque les droits de l'employeur et du salarié restaient équilibrés ! Mais, on l'a compris, l'équilibre n'est pas le but escompté par Dominique de Villepin...
• L'intérim était souvent un tremplin pour intégrer une entreprise et décrocher un CDD, puis un CDI (maintenant, on y reste à durée indéterminée)...
• Jadis, comme l'intérim, les CDD de 3, 6 mois ou 1 an renouvelables étaient souvent des périodes d'essai déguisées, qui se concluaient par un CDI quand elles étaient probantes (à cette époque, la finalité était d'embaucher, pas de faire du salariat-kleenex).
• Autre astuce : la titularisation. Beaucoup de grandes entreprises prévoient une "période de consolidation" de ce type dans leurs statuts (six mois pour l'ANPE, un an pour la Société générale)... Il y en a plein d'autres ! D'auxiliaire on devient titulaire, et il est rare de ne pas y arriver.

Deux ans de "période probatoire", c'était abusif. Même réduite de moitié, il est important d'expliquer au plus grand nombre pourquoi le principe de la période de consolidation reste inacceptable et pourquoi le CPE, dénaturé par l'obligation de justifier le licenciement, n'a plus aucune légitimité.

Et RIEN sur les exonérations de cotisations !

Avec le CPE (et le CNE, car les moins de 26 ans peuvent aussi prétendre au CNE dans les entreprises de moins 20 salariés), l'entrepreneur qui recrutera des jeunes au chômage depuis plus de 6 mois se verra accorder une exonération totale des charges - pardon, COTISATIONS - patronales pendant trois ans !!! Un argument financier irrésistible, véritable pousse-au-crime qui non seulement n'incitera pas à la création d'emplois, mais va coûter toujours plus cher à la collectivité en ruinant à petit feu les caisses de notre système de protection sociale : Unedic et Sécu.
Pour ne pas faire de jaloux, les CNE/CPE étant considérés comme des CDI, l'exonération a été étendue aux CDI "classiques"... Vous imaginez le manque à gagner ? On sait très bien que toutes ces années de cadeaux aux employeurs n'ont pas créé d'emplois : c'est un monstrueux gaspillage de l'argent public, associé à une volonté de nuire à l'esprit et à l'intérêt collectifs. Pour que l'incitation soit honnête et efficace, il aurait fallu proposer cette exonération au moment de l'embauche, à la fin de la période de consolidation, et non avant !

Nous attendons qu'un éminent représentant étudiant, syndical ou politique fournisse enfin ces explications claires et simples au grand public, devant les caméras ou ne serait-ce que dans les dépêches de presse.

Lire aussi :
Articles les plus récents :
Articles les plus anciens :

Mis à jour ( Vendredi, 31 Mars 2006 23:48 )  

Votre avis ?

La France pourrait s’engager plus intensément contre la Russie. Qu’en pensez-vous ?
 

Zoom sur…

 

L'ASSOCIATION

Présentation de l'association et de sa charte qui encadre nos actions et engagements depuis 2004.

 

ADHÉRER !

Soutenir notre action ==> Si vous souhaitez adhérer à l’association, vous pouvez le faire par mail ou par écrit en copiant-collant le bulletin d’adhésion ci-dessous, en le ...

 

LES FONDATEURS

En 2004, une dizaine de personnes contribuèrent au lancement de l'association. Elles furent plusieurs centaines à s'investir parfois au quotidien ces 16 dernières années. L'aventure se pou...