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Certes, au cours de l’"entretien d'actualisation" qu'effectue le demandeur d'emploi avec l'ANPE au bout de six mois de chômage, la possibilité de suivre une formation est évoquée dans près d'un cas sur deux (44%), que ce soit à l'initiative du chômeur ou du conseiller. La DARES remarque que la possibilité de formation est beaucoup moins souvent proposée aux chômeurs indemnisés ou à ceux qui ont plus de 45 ans. Finalement, à l'issue de l'entretien, seuls 16% se voient prescrire une formation et, six mois plus tard... ce ne sont plus que 7% des demandeurs d'emploi qui sont effectivement entrés en formation. Démarches complexes, financement, organisation familiale ou personnelle : autant de barrières qui favorisent la déperdition et le découragement.
Quand on sait que l'accès à la formation continue pour les salariés oscille entre 25% (source : INSEE - 2003) et 36% (source : CEREQ - 2001), on se doute bien que la formation professionnelle n'est déjà pas vraiment une priorité dans notre pays. Elle l'est encore moins pour les chômeurs : imaginez que, plus encore que des salariés en poste, ils ont besoin d'une formation pour bonifier leur expérience et retrouver un emploi, mais qu'ils ne sont que 7% à finalement en bénéficier. De même, il n'est plus un secret que les budgets se réduisent, que les stages sont créés et financés en fonction des métiers "en tension" relevés par les enquêtes BMO de l'Unedic, et que leur durée s'est raccourcie au fil des années (4 mois en moyenne).
Non, la lutte qualitative contre le chômage n'est pas à l'ordre du jour.
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Commentaires
Au début des années 90 encore, les possibilités pour les chômeurs d'accéder à de bonnes formations (les stages qualifiants) étaient réelles. Parmi les salariés d'aujourd'hui, du privé comme du public, nombreux sont ceux qui dans ces années-là on pu mettre à profit une période de chômage pour se reconvertir. La formation qualifiante était vécue à la fois comme un droit pour les chômeurs et comme un investissement pour la société.
Petit à petit, les choses ont commencé à se gâter. Comme d'habitude, les plus faibles ont été les premiers à essuyer les coupes budgétaires. Les stages d'alphabétisation , dont les femmes des familles immigrées étaient les principales bénéficiaires, ont fondu comme neige au soleil. Pour être remplacés le plus souvent par des actions de formation à temps partiel et de très courte durée. Non rémunérées, bien évidemment il ne fallait plus donner aux femmes immigrées l'occasion de gagner quelques sous sans faire en contre-partie le ménage dans nos bureaux.
Ensuite ce sont les stages réservés aux chômeurs les plus en difficultés et financés par l'État qui furent atteint du syndrôme de la peau de chagrin. Leur nombre diminua et leur durée aussi. Dans les derniers temps (il faut parler d'eux au passé, puisqu'ils ont complètement disparu) ils avaient du mal à dépasser les trois mois. Autant dire qu'à part le permis poids lourd, ils ne pouvaient plus servir à grand chose en terme d'accès direct à l'emploi. Malgré tout, à cette époque des stages de moins de trois mois, à la disposition directe de l'ANPE, permettaient encore de financer une licence cariste par exemple.
Aujourd'hui le paysage est simple, désolé, pourrions-nous dire. Depuis que l'État s'est complètement dégagé du financement de la formation pour les demandeurs d'emploi, il ne reste plus que l'Assédic, d'une part, et le Conseil Régional, d'autre part comme financeur. L'Assédic ne finance que pour ses allocataires, soit moins de la moitié des chômeurs. Par la force des choses, le Conseil Régional reste la seule possibilité pour les chômeurs non indemnisés.
La politique de ces deux institutions est de plus en plus convergente : financer des formations là où les employeurs se plaignent de manquer de personnel. Exit le droit à la formation, bonjour l'adaptation de la main d'œuvre disponible aux «besoins des entreprises». Exit les qualifications, références des conventions collectives, bonjour les «compétences» reconnues au cas par cas par l'employeur et perpétuellement remises en cause.
Bizarrement, les changements de majorité récents dans la plupart des Conseils Régionaux ne se sont pas traduits par une inflexion significative quant à cette politique. Une conception étriquée, utilitariste de la formation des demandeurs d'emploi prédomine toujours. Et les organisations patronales ont toujours la haute main sur cette question, stratégique pour elles. On remarquera au passage que les anciens marxistes ne manquent pas parmi les spécialistes de la formation, y compris dans les organisations patronales. Tout à fait au courant des enjeux, mais ayant retourné leur veste, ils suivent l'air du temps.
Bien sûr, un demandeur d'emploi qui expose son projet de préparer tel ou tel diplôme pour affronter le marché de l'emploi dans de meilleures conditions, se verra rarement exposer tout ce qui précède. Par contre, il s'entendra répondre que son projet n'est pas réaliste, qu'il n'a pas vraiment cherché à savoir s'il y avait du travail dans ce secteur. Qu'il ne se rend pas compte de la difficulté… Personne n'aura vraiment le courage de lui expliquer que les fonds pour la formation ont diminué et que les employeurs font la pluie et le beau temps, y compris avec son argent.
Au final, il rentrera chez lui déçu, se demandant ce que signifie le droit à la formation. Il comprendra qu'il n'a pas d'autre choix que de rentrer dans le rang et de solliciter avec cinquante autres la mission d'intérim ou le CDD de manutentionnair e qui sera proposé le lendemain.
Quel gâchis !
(Source : Le weblog de Jean Ploi, le blog qui parle d'emploi sans langue de bois) Répondre | Répondre avec citation |
Extrait de Service public de l’emploi : peut mieux faire, un dossier d'ALTERNATIVES ÉCONOMIQUES que je vous conseille de lire en entier…
(…) Par ailleurs, même si les sanctions sont légitimes, à condition de trancher ce débat sur l’emploi «convenable», elles nécessitent des contreparties : une indemnisation correcte des chômeurs et une offre de formation satisfaisante. Or, les chômeurs français sont parmi les moins bien indemnisés d’Europe. En mai 2006, seuls 47,8% d’entre eux touchaient une allocation chômage (voir encadré page 58).
Le tableau n’est pas plus flatteur en matière de formation. Principal grief : la dispersion. «Il y a un éparpillement étonnant d’acteurs en la matière, souligne Carole Tuchszirer, économiste du travail à l’Institut de recherches économiques et sociales (Ires). Interviennent à la fois les conseils régionaux, qui ont maintenant une compétence générale sur la formation professionnelle , l’Unedic, qui depuis l’instauration du Pare a mis en place ses propres dispositifs de formation, l’Etat, à qui il reste des contrats aidés, et l’Afpa, qui reçoit des crédits de l’Etat qui seront bientôt transférés aux régions. C’est le fait que le chômeur est indemnisé ou non qui définit les formations auxquelles il a droit, alors que ce devrait être la distance qui le sépare de l’emploi. Résultat : les demandeurs d’emploi sont largement évincés de la formation professionnelle .»
D’après l’enquête emploi de l’INSEE, seulement 15% des personnes ayant connu une période de chômage en 2003 auraient suivi une formation au cours de cette année. En outre, ce sont toujours ceux qui ont le meilleur niveau initial qui bénéficient le plus des formations. En 2003, 27% des cadres au chômage ont suivi une formation, contre seulement 17,5% des employés et 10% des ouvriers en recherche d’emploi, alors que ces deux catégories sont les plus en difficulté sur le marché de l’emploi (voir graphique page 57) et devraient bénéficier en priorité des actions de formation (5). Par ailleurs, les formations d’accès rapide à l’emploi sont financées majoritairement par l’Unedic, en direction de ceux qui relèvent de l’assurance chômage. Quant aux formations qualifiantes de l’Afpa, elles concernent davantage les chômeurs les plus en difficulté, mais elles induisent d’assez longs délais d’attente (jusqu’à neuf mois), suscitant un taux élevé d’abandons. Répondre | Répondre avec citation |