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Une quarantaine de stations balnéaires sont ainsi prises d'assaut par des jeunes du parti payés au Smic (mais qui assurent qu'ils l'auraient fait bénévolement !) : de Paris-Plage à Saint Malo en passant par Argelès-sur-Mer, Nice, Cannes, Juan-les-Pins, Marseille ou la Corse, des camionnettes animées vous distribueront bonbons, préservatifs, T-shirts, repose-têtes ou tongs made in china aux couleurs de l'UMP ainsi qu'un "Gratuit de l’été", petit journal "ludique" tiré à 300.000 exemplaires proposant des jeux, un quizz… et un bulletin d’adhésion. Truffé de messages subliminaux, parmi les définitions des mots croisés est ainsi suggéré un "événement important en 2007", et l'on pourra retrouver dans les "Mots cachés" les termes "patrie", "Elysée" ou… "président". Tous ces petits cadeaux qui corrompent la politique, elle-même réduite au rang de bien de consommation.
La nouveauté de cette année : un avion qui longera aussi une cinquantaine de plages en traînant un bandeau "Adhérez à l'UMP" ! Et un blog (http://caravane-ump.org) alimenté quotidiennement pour permettre de suivre le parcours des caravanes étapes par étapes avec photos, articles de presse, commentaires des internautes et impressions des "caravaniers".
Propagande et culte de la personnalité
«On ne peut pas réduire l’UMP à une paire de tongs», plaide Cécilia (tiens donc !), Lyonnaise et étudiante en droit de dix-neuf ans, l’une des "caravanières". «C’est un produit d’appel pour entrer en contact avec les gens.» «Une manière plus cool de faire de la politique», explique Fabien de Sans Nicolas, le président des Jeunes populaires...
Ah oui, j'oubliais ! Avant de partir en vacances, Nicolas Sarkozy s'est aussi arrangé pour pondre un bouquin de plage intitulé "Témoignage", sorti à 130.000 exemplaires : et là, pas besoin d'aller faire le mariole dans les émissions littéraires puisque les journaux télévisés en assurent la pub gratuite et que les agences de presse en font naturellement l'écho, c'est l'événement politique de l'été !!! On peut se demander comment ce ministre trouve le temps de s'adonner aux joies de l'écriture tout en accomplissant honnêtement sa mission d'homme d'Etat...
Tant de battage autour d'un seul individu laisse pantois. La propagande est à son comble, et l'idôlatrie bien inquiétante. Il serait judicieux que des experts en psychologie ou même des historiens se penchent sur le phénomène Sarkozy : ils y trouveraient des signaux plus que troublants.
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Commentaires
Le kit de base du vacancier UMP souffrait d’un manque, maintenant réparé. Pour accompagner le militant sur les plages, Nicolas Sarkozy vient de publier Témoignage, dont les 130.000 exemplaires sont sortis hier à grand renfort de publicité. À commencer par celle, gratuite, du journal de 20 heures de TF1, dimanche. Le livre aurait dû sortir plus tôt, mais le président de la République a persuadé Nicolas Sarkozy de le programmer après sa traditionnelle intervention du 14 juillet. Qu’importe, pour le président de l’UMP, le calcul était bon : en organisant à la fois le mystère autour de son livre et les fuites dans la presse, via ses plus fidèles lieutenants, Nicolas Sarkozy montre une fois de plus sa maîtrise des arcanes médiatiques et politiciens.
Confidences à l’eau de rose
Le président de l’UMP, qui glisse qu’il «ne terminera pas (sa) vie professionnelle en faisant de la politique», espère que Témoignage sera le «best-seller» de l’été. Un panégyrique de sa propre action ; reprenant de larges passages de ses discours passés, qui vaut pour les tacles à l’encontre de ses rivaux à droite et pour ses confidences à l’eau de rose sur son couple.
Élément mis en valeur à la fois dans son livre et sur le plateau de TF1, dimanche soir : l’instrumentali sation de sa «rupture», puis des retrouvailles avec son épouse. Feignant de s’étonner de l’intérêt qu’a porté la presse à son couple, qu’il a pourtant lui-même organisé, il médiatise aujourd’hui le retour de Cécilia. La mise en scène de ses affaires de coeur vise à le rendre sympathique auprès des Français. Il semble leur dire : «je suis comme vous». Sans compter qu’un présidentiable marié, donc stable, a plus de chances de l’emporter en 2007.
Il critique, il égratigne
Comme il l’a fait lors de chaque crise, Nicolas Sarkozy cherche encore à se démarquer de l’action du gouvernement et du chef de l’État. Dans Témoignage, il critique le CPE même s’il en est l’un des penseurs, égratignant au passage Dominique de Villepin : «J’étais persuadé que le CPE serait perçu comme injuste, pour la raison simple qu’il l’était.»
À propos de l’affaire Clearstream, Nicolas Sarkozy va même plus loin, se demandant «l’intérêt que pouvait trouver à leur fréquentation (celle de Philippe Rondot, d’Imad Lahoud et de Jean-Louis Gergorin - NDLR) un homme comme Dominique de Villepin». Le premier ministre n’est pas le seul à subir les piques du président de l’UMP. «Lui c’est lui, et moi c’est moi», dit-il à propos de Jacques Chirac, reprenant le mot de Laurent Fabius à l’égard de François Mitterrand. Mais tout en reconnaissant les «désaccords de fond» avec le président de la République, Nicolas Sarkozy avoue son «admiration pour les qualités de Jacques Chirac». Le président de l’UMP sait que le futur n’est jamais écrit : autant ne pas envenimer ses relations avec le chef de l’État pour mieux rassembler sa famille politique le moment venu.
(Source : L'Humanité) Répondre | Répondre avec citation |
"Les mots croisés, c'est une bonne idée", se réjouit Lucie, 21 ans, allongée en bikini sur le sable, en découvrant les petits cadeaux du mouvement populaire. "C'est l'UMP ? Ah, tout de suite je suis plus réticente… C'est gentil quand même", se reprend-elle.
Engagés dans la caravane d'été de l'UMP depuis une semaine, Cécilia, étudiante en droit à Lyon, et Damien, étudiant en médecine à Belfort, font le tour de France des plages à bord d'un camion peint aux couleurs du parti. "Le but est d'instaurer un dialogue pour donner une vision plus claire du parti", explique Damien, qui s'est engagé en politique pour soutenir Nicolas Sarkozy.
L'attitude des vacanciers est parfois enthousiaste, parfois hostile, mais le plus souvent intéressée : il s'agit d'obtenir la paire de tongs gratuite, qui rencontre un franc succès, voire un repose-tête ou des bonbons pour les enfants… En une semaine, les deux militants recrutés sur CV, photo et recommandation de leur fédération, ont tout de même engrangé une dizaine d'adhésions.
En vacances à Saint-Malo, Jean-François, 28 ans, trader dans une société de bourse parisienne, profite de croiser la caravane pour remplir un bulletin d'adhésion. "Ma motivation, c'est Nicolas Sarkozy, son engagement, sa volonté, son esprit d'initiative, explique-t-il. La caravane, c'est une bonne idée. J'avais prévu d'adhérer, c'est l'occasion".
Mamadou, 50 ans, originaire de l'Oise, s'approche en lorgnant sur les paires de tongs. "Bonjour, c'est gratuit ?", demande-t-il.
- "Que pensez-vous de Nicolas Sarkozy ?", interroge Cécilia pendant qu'un militant cherche la bonne pointure.
- "Il faut répondre pour avoir la paire de tongs ?", réplique-t-il, un peu gêné.
Cécilia, qui a bénéficié d'une formation en communication de deux jours au siège de l'UMP, n'insiste pas. "On n'est pas là pour embêter les gens. Quand on voit qu'ils ne sont pas réceptifs, on n'insiste pas", sourit-elle.
Faute d'affluence autour de la caravane, les militants décident de refaire un tour sur la plage. Damien, vêtu d'un bermuda et d'un tee-shirt de l'UMP, porte un carton rempli de tongs, avec les trois lettres du parti gravées sous la semelle pour laisser une empreinte dans le sable. Cécilia, en robe noire légère, s'occupe de distribuer les livrets de jeux et le magazine du parti. Ils sont payés au Smic pour ce "job d'été" mais assurent qu'ils l'auraient fait bénévolement.
Certains vacanciers ricanent. D'autres se réjouissent qu'on s'intéresse à eux. "Cela permet de discuter. D'habitude, on ne nous demande pas notre opinion", indique Denise, 55 ans, une habitante de Saint-Malo qui "aime bien" Nicolas Sarkozy.
"Bonjour messieurs dames, c'est l'UMP", entonne Cécilia toujours avec le sourire.
- "On s'en fout", réplique un passant.
"Quand les gens sont agressifs ou nous traitent de fascistes, on rit, on dédramatise, et on leur propose une paire de tongs… Parfois ils la prennent", s'amuse Cécilia. Répondre | Répondre avec citation |
Lilian Thuram a déclaré dans les Inrockuptibles qu’"on parle de la lepénisation des esprits, mais qu'il y a aussi une sarkoïsation des esprits". Pensez-vous que ce phénomène existe ? Si oui, quelles en sont les particularités ?
Ce que Lilian Thuram appelle la "sarkoïsation" des esprits va bien au-delà : ce que cherche Nicolas Sarkozy c'est de sarkoïser la société française, il veut qu'elle pense à lui en permanence et pense comme lui. Il a construit un stupéfiant culte de la personnalité autour de lui, comme il en a existé autrefois dans certains pays totalitaires. Exhiber sa personne ne suffit pas, il lui faut manier aussi des "idées". Un culte de la personnalité ne peut en effet se construire durablement sans un socle idéologique, fut-il sommaire. Ainsi crée-t-il l'illusion de lancer et d'animer des débats. Il l'a déjà déclaré il veut que tout débat s'organise autour de lui. Mais peut-on parler de débat quand on voit le peu de substance qui s'en dégage ? Sarkozy ne s'intéresse qu'à l'écume des choses. On pourrait le démontrer par mille exemples. Un suffira.
Les spécialistes savent qu'en matière d'immigration choisie la France n'est plus un phare depuis des années déjà et que les élites africaines vont désormais se former aux Etats-Unis, c'est un phénomène de "masse" qui s'amplifie d'année en année. Alors de quoi parle-t-on ? Et où veut-on en venir ? L'expression "immigration choisie" a donné l'illusion d'une certaine profondeur. Or il ne s'agit même pas d'un débat d'arrière garde mais d'un débat sans réalité. Il n'y a que les élites françaises "sarkoïsées" pour alimenter ce débat irréel. C'est ça la France sarkoïsée : des débats artificiels et une absence totale de perspective et de profondeur.
Le footballeur attaque aussi Nicolas Sarkozy sur la question de l'expulsion des immigrés. Que cherche le ministre de l'Intérieur en s'attaquant à ce problème, et particulièremen t en ce moment ?
Pour Sarkozy, cela relève avant tout d'un double jeu tactique : la gauche est divisée de fait sur ces questions. Il en profite et enfonce le clou là où ça fait mal; il fixe par ailleurs l'attention d'un électorat sans état d'âme dans l'espoir de l'arrimer à son pavillon. Toute polémique sur le sujet lui est favorable, il le sait.
Il sait aussi que sa victoire est loin d'être acquise et qu'il doit se centrer d'abord sur le match qui l'opposera au premier tour à Jean-Marie Le Pen. Enfin, le bilan sécuritaire de Sarkozy ne plaidant guère en sa faveur, le thème de l'immigration illégale fait diversion. Pasqua avait fait à peu près la même chose entre 1986 et 1988. C'était l'époque où Chirac évoquait les odeurs et la famille polygame africaine. Sarkozy a retenu la leçon. Rien de bien nouveau donc.
Avec des réactions comme celle de Lilian Thuram, n'est-ce pas finalement, pour Nicolas Sarkozy, un jeu dangereux de ratisser ainsi sur le terrain de l'extrême-droite ?
D'abord, je crois que Nicolas Sarkozy est sur ce sujet sans état d'âme comme il l'a toujours été d'ailleurs. Ce fils d'immigré est en phase avec lui-même. Il est dur et exigeant avec les nouveaux migrants. Ensuite, il n'a pas le choix car s'il veut accomplir son destin il devra terrasser Le Pen au premier tour, ce qui est loin d'être joué. Pour l'instant, Le Pen est son principal adversaire. Il doit donc aller de l'avant sur ce sujet.
Enfin, Sarkozy table sur les divisions de la gauche, qu'il cherche à aggraver en installant ce débat rampant sur l'immigration comme Chirac les a stimulées en 2002 sur les questions de sécurité. Dans la perspective du premier tour, ce jeu n'est pas dangereux pour Sarkozy. Il n'a pas d'autre alternative que ce "jeu", de fait inévitable.
(Source : Le Nouvel Obs) Répondre | Répondre avec citation |
Le Mouvement des jeunes socialistes (MJS) a répliqué vendredi à l'UMP, qui l'avait accusé de plagiat, ironisant sur la "polémique estivale à haute teneur politique" entretenue par le parti de Nicolas Sarkozy.
Luc Chatel, porte-parole de l'UMP, avait raillé en début de semaine la caravane d'été organisée par les jeunes socialistes, y voyant une nouvelle initiative calquée sur celles de l'UMP et parlant de "copier-coller".
Le MJS rappelle dans un communiqué que "si l'UMP s'est découvert l'an dernier une chaude passion pour les plages, le MJS déploie des caravanes militantes au moins depuis dix ans".
Se réjouissant que "les avancées sociales gagnées par le Front populaire permettent aujourd'hui à l'UMP de battre le sable fin", il précise que "les socialistes privilégient les destinations urbaines, et notamment les quartiers populaires". "C'est pourquoi, cet été, la probabilité est faible pour les socialistes de croiser les marchands de glace de l'UMP", ajoutent les jeunes du PS.
Enfin, estimant que "cette polémique estivale à haute teneur politique, à n'en pas douter, passionne les Français", le MJS "reconnaît la paternité des tongs marquantes à l'UMP", espérant "davantage offrir aux Français une ambitieuse politique que de leur laisser une éphémère trace dans le sable"… Répondre | Répondre avec citation |