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Accueil Social, économie et politique Une "rupture radicale" face à la mondialisation

Une "rupture radicale" face à la mondialisation

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Invité ce matin par Dominique de Villepin à prendre la parole lors de la Conférence sur l'emploi et les revenus, l'historien, sociologue et démographe Emmanuel Todd - inspirateur du slogan chiraquien de "la fracture sociale" en 1995 - a jeté un pavé dans la mare !

"Les discussions que vous allez avoir sont prisonnières d'un système économique mondial qui tend à asphyxier la société française", a-t-il déclaré sans ambages aux ministres et partenaires sociaux ici présents. Détournant une expression chère à Nicolas Sarkozy, il a exposé la "nécessité d'une rupture radicale" face à la mondialisation, invitant syndicats et patronat à "contester le libre-échange" et à se concentrer sur les possibilités offertes par le marché européen...

"J'en suis arrivé à la conclusion que le protectionnisme est la seule conception possible, et que la seule bonne échelle d'application possible est l'Europe", a-t-il expliqué en proposant d'engager des discussions avec l'Allemagne, premier exportateur européen. "Il me semble tout à fait possible de commencer à discuter avec l'Allemagne qui souffre aussi de la mondialisation et ne trouve pas la solution", a-t-il jugé, estimant que la France avait "un rôle particulier à jouer dans la contestation du libre-échange". "Il est possible d'expliquer aux Allemands qu'un espace de 450 millions d'habitants, dans lesquels on pourrait faire remonter les salaires et donc la demande intérieure, serait un projet tout à fait acceptable". Sinon, a-t-il averti, "dans un système où toutes les entreprises finissent par considérer les salaires comme un coût pur", le risque est d’"entrer dans une logique globale de compression de la demande".

"Je ne vois pas comment on pourrait sortir de ce monde d'asphyxie sans se mettre à réfléchir à ce que pourrait être, face à la concurrence chinoise, un marché européen". Revendiquant un "rôle de chercheur mal élevé", Emmanuel Todd s'en est pris aux économistes "qui se refusent à réfléchir à ce que serait une économie européenne protégée" : "Il faut vraiment être à côté de ses pompes pour se raconter qu'il n'est pas possible d'organiser un monde décent dans un ensemble de 450 millions d'habitants", "un espace dans lequel on pourrait faire remonter les salaires, et donc la demande", a-t-il insisté.

Intervention salutaire dans cette "grande messe", simulacre de démocratie sociale où se sont rendus des syndicats dubitatifs et un patronat peu enthousiaste, alors que les principales mesures attendues ont été dévoilées juste avant la rencontre (lire en commentaire).

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Mis à jour ( Jeudi, 14 Décembre 2006 16:32 )  

Commentaires 

 
0 # superuser 2006-12-14 16:31 Crédit d'impôt pour les ménages non imposables ayant recours à des services à la personne, "garantie des risques locatifs" pour tous, annonce de la revalorisation du Smic dès janvier : les deux ministres chargés de l'Emploi, Jean-Louis Borloo et Gérard Larcher, ont déjà dévoilé aux médias plusieurs annonces prévues en fin de journée par le Premier Ministre, avant même que la Conférence sur l'emploi et les revenus n'ait eu lieu.

Saluant "l'utilité du dialogue social", M. de Villepin (qui était passé en force sur le CPE) a invité les participants à la Conférence à répondre ensemble aux "attentes de tous ceux qui aujourd'hui travaillent et qui pourtant ont peur pour leur avenir", mais aussi de ceux qui n'arrivent pas à entrer dans la vie active… Mais les syndicats, demandeurs d'une telle rencontre, sont dubitatifs sur les marges de manœuvre du gouvernement à moins de cinq mois de l'élection présidentielle, tandis que le patronat refuse des mesures trop contraignantes pour les entreprises.

Le Premier ministre a souhaité élaborer avec les partenaires sociaux "le diagnostic le plus complet et le plus précis possible" sur la base du rapport du CERC, selon lequel les difficultés des Français sont liées à l'instabilité dans l'emploi.

Sans même attendre cette conférence organisée au Centre d'analyse stratégique (ex-commissariat au Plan) près de Matignon, M. Borloo avait annoncé sur LCI que pour l'emploi d'une personne à domicile, les salariés ne payant pas d'impôt sur le revenu pourraient bénéficier, via un crédit d'impôt, des mêmes avantages que les salariés imposés. La nouvelle mesure sur le logement vise à créer un fonds de "garantie" dès janvier, financé par l'Etat et l'organisme en charge du 1% logement, afin de réduire la crainte des impayés pour les propriétaires. Quant à l'annonce de la revalorisation du Smic en janvier au lieu de juillet, M. Larcher a indiqué sur RTL que ce sujet serait "en débat avec les partenaires sociaux pour trouver les conditions pour l'année 2008 afin de le fixer autrement".

Si Bernard Thibault (CGT) n'a fait aucun commentaire à son arrivée, François Chérèque (CFDT) s'est interrogé sur l'utilité "de se déplacer puisque apparemment il y avait déjà des choses dans la presse ce matin"…

La garantie pour le logement "est un des éléments de réponse, insuffisant cependant", a commenté Jean-Claude Mailly (FO), "sceptique" sur le crédit d'impôt "parce que les gens non imposables devront quand même faire l'avance des frais et n'en ont pas forcément les moyens".

"A l'approche de Noël, c'est toujours sympathique d'avoir quelques effets d'annonce", a lancé avec humour Bernard van Craeynest (CGC).

Côté patronat, Laurence Parisot (Medef) a lâché, peu convaincue : "Cela va peut-être être intéressant, on va voir". "On va essayer de rendre cette journée utile", a renchéri Jean-François Roubaud (CGPME).

La dernière grande rencontre tripartite de ce type, à l'automne 1997 sous le gouvernement Jospin, avait donné naissance aux 35 heures. On se demande ce que celle-ci va bien pouvoir générer.
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0 # superuser 2006-12-14 17:18 Ils ont pour prénom, André, Françoise, Farid, Leila, Maurice, Franck et ils ont tous en commun d’avoir perdu leur travail en même temps.

Pour eux, les lumières et les décorations des fêtes de fin d’années n’auront certainement l’aspect joyeusement niais que nous présentent les journaux télévisés. Derrière ces prénoms, il y a des situations différentes : CDI, CDD ou CNE. On ne les a pas gardés pour des raisons similaires : Baisse d’activité, compression d’effectifs, remplacement par un plus jeune, «embauche» d’un stagiaire…

Entre le "travailler plus" de Nicolas SARKOZY et le "travailler différemment" de Ségolène ROYAL, aucune réponse immédiate ou à moyen terme ne sera apportée à leur problème. Retour ou découverte des Assedic, et à l’ANPE pour tous.

Que peuvent nos politiques face à ce problème qui, contrairement aux grandes théories économiques, est parfaitement concret ?

Si l’on en croit le programme de l’UMP, il faudrait privilégier le travail. Explications : Pour augmenter le pouvoir d’achat, il suffit de supprimer les 35 heures et permettre aux salariés de faire des heures supplémentaires . Ce qui signifie que ceux qui ont un emploi «pourront choisir» de travailler plus. Donc, création de poste zéro.
Nicolas SARKOZY se propose de privilégier «ceux qui se lèvent tôt», ce qui signifierait qu’il existe une France des courageux et une des fainéants ? Perdre son emploi et ne pas en trouver malgré des heures et des jours de recherche vous classerait-il dans le clan de ceux qui adoptent une attitude de rentiers ?

La candidate socialiste, adepte de la flex sécurité chère aux pays nordiques, nous propose tout simplement d’apporter un filet de sécurité qui n’est ni plus ni moins que l’institutionna lisation du chômage partagé mais réparti (encore faudrait-il consacrer une part du budget de la nation aussi importante que ces pays)…

Quel est au fond le problème ? La logique qui veut que l’inflation soit jugulée est une bonne chose, mais lorsqu’elle est portée par les banques centrales comme un dogme, cela peut devenir dramatique. La lutte contre l’inflation impose que l’augmentation des prix et salaires soit dans un premier temps contrôlée. L’étape suivante consiste à ce que les prix diminuent pour permettre aux salariés de continuer à consommer autant avec un salaire qui augmente peu ou pas.

Comment réussir un tel tour de force ? Voir baisser les prix pourrait indiquer que les fournisseurs pratiquaient des marges tellement importantes qu’ils prenaient les consommateurs pour des imbéciles. Ce n’est bien entendu quasiment jamais le cas. En réalité, la production s’oriente vers des pays ou les coûts du travail sont les moins élevés (délocalisation s).
Il faut néanmoins noter qu’alors que la baisse du prix des textiles (100% fabriqués en Chine) est de 15 à 20% pour les consommateurs britanniques, elle ne dépasse pas 2% en moyenne en France. Etonnant non ?

Qui doit en ce cas payer l’addition ? Les salariés sont, bien entendu, les seuls à subir ce changement de donne au travers de remise en cause de leurs conditions de travail ou en devenant des variables d’ajustement. Mais un salarié licencié pour cause de faible activité est immédiatement ou à court terme un consommateur de moins, ce qui entrainera sans nul doute des ajustements dans d’autres entreprises.
Les organismes ou confédérations d’entrepreneurs proposent comme à leur habitude une énième baisse des charges sociales, des concepts nouveaux comme la «séparabilité» sans pour autant refuser les aides massives à l’emploi.

En clair, rompre le pacte qui lie les salariés à leur entreprise en sachant que le différentiel entre les conditions de travail et de salaire avec les pays d’Asie est tellement important qu’une suppression des charges et des licenciements sans indemnités ne changerait strictement rien.

Le capitalisme est-il en train de s'autodétruire ? demandent Patrick ARTUS et Marie Paule VILLARD : «La question peut sembler saugrenue, voire provocatrice, au moment même où les grandes entreprises de la planète, y compris en France, affichent des profits insolents, rémunèrent très confortablement leurs dirigeants et distribuent des dividendes records à leurs actionnaires… Alors que la croissance économique - en Europe en tout cas - stagne, que les délocalisations se multiplient et que chômage et précarité s'aggravent, on comprend que le débat devienne vif sur la légitimité d'une telle captation de richesses.»

Quant à André, Françoise, Farid, Leila, Maurice et Franck, qu’ils se rassurent, les candidats à la présidence de la République ont déjà dans leurs programmes mille et une façon pour les escamoter dans les statistiques au travers de stages parking ou de classification «grand âge» les dispensant de recherche d’emploi. Ce semble être, ces derniers temps, le sort réservé aux variables d’ajustement.

(Source : ChampG)
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0 # superuser 2006-12-14 21:42 A l'unisson, les responsables de la CFDT, de la CGT et de FO, François Chérèque, Bernard Thibault et Jean-Claude Mailly, ont accusé le gouvernement de s'être livré à "une opération de mise en scène" et une "opération de communication".

Voici les principales réactions des responsables syndicaux et patronaux à cette conférence-fiasco convoquée par le gouvernement :

• François Chérèque (CFDT) : "Les déclarations du Premier ministre sont notoirement insuffisantes". "Mise à part une mesure fiscale pour les personnes qui ont des emplois de service, tout le reste est renvoyé à d'éventuelles discussions dont on sait de toute façon que nous n'en verrons pas la fin avant la période électorale".
"C'est une opération de mise en scène qui nous a permis dans un premier temps de débattre sur le fond des problèmes, mais qui n'a pas tenu compte des expressions et des débats dans ses conclusions". "La presse avait les conclusions de ces travaux d'atelier avant qu'ils se soient terminés".

• Bernard Thibault (CGT) : "C'est une mise en scène (…) Les seuls satisfaits sont les employeurs puisque le gouvernement ne leur demande rien". "M. de Villepin attend le dernier moment pour dévoiler ses mesures sans accepter de les discuter avec les syndicats. Nous aurions pu rester derrière nos téléviseurs".
"Ces mesures se caractérisent toutes par le fait de ne débloquer aucun euro supplémentaire pour les foyers. Si on les prend les unes après les autres, on s'aperçoit qu'il y a beaucoup d'effets d'annonce et aucun impact concret".

• Jean-Claude Mailly (FO) : "Je ne m'attendais pas à des miracles et il n'y en a pas eu. J'ai envie de dire : tout ça pour ça".
"On voulait avancer la date de revalorisation du Smic. Or on pourrait l'annoncer avant, mais la date de revalorisation ne changerait pas". "Pour les stages, on voulait une distinction entre les faux stages qu'il faut interdire et les vrais, qui doivent faire l'objet d'un contrat de travail : on en est loin". "Sur le logement, on voulait que les aides aux logement soient revalorisées de la manière que les loyers et on n'a pas de réponse là-dessus".

• Jacques Voisin (CFTC) : "C'est très superficiel. Cela ne répond vraiment pas aux attentes des salariés. Les mesures proposées ne sont pas inintéressantes , il y en a même que nous proposions, sur le logement". Mais, "sur l'insertion et l'intégration des jeunes, cela aurait quand même pu aller plus loin. On demandait une deuxième chance, un chèque formation pour les jeunes, un véritable engagement financer, et on ne l'a pas".
"Sur le temps partiel subi, on a demandé une vraie négociation, notamment pour aller vers une surcotisation sur la précarité, et on n'a pas de réponse".

• Laurence Parisot (Medef) : "La journée a été plutôt utile, les débats notamment cet après-midi étaient intéressants, ouverts, et je crois que la situation de notre pays est suffisamment complexe pour nécessiter de tels échanges".
"Nous avons expliqué que tant que nous n'arriverons pas à construire une croissance économique solide, forte et surtout pérenne, nous n'arriverons pas à faire progresser le niveau de vie de tout le monde". "Une chose intéressante, il y avait un début de consensus sur le fait que le financement de la protection sociale pèse sur le travail et sur l'entreprise d'une manière telle que nous sommes tous au bord de l'asphyxie".

• Jean-François Roubaud (CGPME) : "Je suis assez satisfait de cette journée parce qu'on a abordé un certain nombre de problèmes, on a mis en place des réunions pour approfondir les chantiers, sur le Smic, sur l'aide au travail partiel". "Je suis très content qu'il n'y ait pas eu de solution imposée par le gouverment, parce qu'on ne pouvait pas l'accepter. Il a bien été compris par tout le monde que les entreprises sont au taquet sur les charges."
"Il faut aller vite, parce que plus on tarde à prendre des vraies mesures économiques, moins on pourra les prendre".

• Pierre Perrin (Union professionnelle artisanale) : "Il n'y a pas de grande révélation. Mais d'une certaine façon cela nous satisfait : vu la loi qui est en cours de vote au Sénat sur la discussion (entre partenaires sociaux) avant les annonces, cela aurait été paradoxal qu'aujourd'hui il y ait de grandes surprises." "Nous avons souligné que nous créons beaucoup d'emplois, mais que nous pourrions en créer plus s'il n'y avait pas cette fracture entre le monde de l'enseignement général et le monde de l'entreprise."

Réaction du Parti socialiste :

• Eric Besson, secrétaire national à l'économie, a estimé que la Conférence sur l'emploi et les revenus organisée par le Premier ministre Dominique de Villepin n'était qu'une "opération de communication bâclée et ratée".
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