"Les discussions que vous allez avoir sont prisonnières d'un système économique mondial qui tend à asphyxier la société française", a-t-il déclaré sans ambages aux ministres et partenaires sociaux ici présents. Détournant une expression chère à Nicolas Sarkozy, il a exposé la "nécessité d'une rupture radicale" face à la mondialisation, invitant syndicats et patronat à "contester le libre-échange" et à se concentrer sur les possibilités offertes par le marché européen...
"J'en suis arrivé à la conclusion que le protectionnisme est la seule conception possible, et que la seule bonne échelle d'application possible est l'Europe", a-t-il expliqué en proposant d'engager des discussions avec l'Allemagne, premier exportateur européen. "Il me semble tout à fait possible de commencer à discuter avec l'Allemagne qui souffre aussi de la mondialisation et ne trouve pas la solution", a-t-il jugé, estimant que la France avait "un rôle particulier à jouer dans la contestation du libre-échange". "Il est possible d'expliquer aux Allemands qu'un espace de 450 millions d'habitants, dans lesquels on pourrait faire remonter les salaires et donc la demande intérieure, serait un projet tout à fait acceptable". Sinon, a-t-il averti, "dans un système où toutes les entreprises finissent par considérer les salaires comme un coût pur", le risque est d’"entrer dans une logique globale de compression de la demande".
"Je ne vois pas comment on pourrait sortir de ce monde d'asphyxie sans se mettre à réfléchir à ce que pourrait être, face à la concurrence chinoise, un marché européen". Revendiquant un "rôle de chercheur mal élevé", Emmanuel Todd s'en est pris aux économistes "qui se refusent à réfléchir à ce que serait une économie européenne protégée" : "Il faut vraiment être à côté de ses pompes pour se raconter qu'il n'est pas possible d'organiser un monde décent dans un ensemble de 450 millions d'habitants", "un espace dans lequel on pourrait faire remonter les salaires, et donc la demande", a-t-il insisté.
Intervention salutaire dans cette "grande messe", simulacre de démocratie sociale où se sont rendus des syndicats dubitatifs et un patronat peu enthousiaste, alors que les principales mesures attendues ont été dévoilées juste avant la rencontre (lire en commentaire).
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