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Accueil Social, économie et politique Corruption chez Volkswagen : Peter Hartz inculpé

Corruption chez Volkswagen : Peter Hartz inculpé

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En Allemagne, le 16 novembre dernier, le ministère public de la ville de Braunschweig a inculpé Peter Hartz, l'ancien chef du personnel de Volkswagen, de 44 chefs d'accusation dont l'abus de confiance. Hartz avait déjà, en juillet 2005, démissionné de ses fonctions lorsqu’on apprit qu’en l’espace d’à peine deux ans, 780.000 € de frais non déclarés avaient été versés à des membres du conseil d’entreprise, entre autres pour financer des visites dans des bordels lors de voyages internationaux...

En 2005, l'ex-manager de Volkswagen Peter Hartz, dont la réforme profonde de la gestion du chômage en Allemagne porte le nom, était mis en difficulté par la presse qui se posait des questions sur son implication dans le scandale de corruption du groupe automobile allemand.
A la fin fin de l'année 2006, les choses se concrétisent : Le Parquet a porté au nombre de 44 les cas de détournement de fonds dont Peter Hartz est maintenant accusé. Il aurait entre autres fait profiter de presque deux millions d'euros à l'ancien chef du comité d'entreprise Klaus Volkert, des paiements de "bonus" sans en informer Volkswagen. La maîtresse de Klaus Volkert aurait aussi reçu des sommes importantes par Peter Hartz.

Ainsi, pendant qu'il serrait drastiquement (et dramatiquement) la ceinture aux privés d'emploi de son pays et aux salariés de son groupe, Monsieur Hartz s'en payait une bonne tranche avec ses amis...

En octobre 2006, Peter Hartz s'est montré coopératif dans les investigations du Parquet en admettant sa responsabilité pénale dans les faveurs financières au profit de l'ancien président du comité d'entreprise. A la suite de cette coopération, le Parquet pense que les investigations seront finies plus tôt que prévu. Par expérience, on sait qu'un accusé qui coopère avec la justice peut s'attendre à un jugement plus clément. En outre, la probabilité de dissimulations de faits ayant été écartée par cette coopération démonstrative, la détention provisoire peut être évitée dans bien des cas. Il est question de tout un réseau de sociétés-écran mondiales, avec des transferts de fonds transitant par de nombreux comptes. Des voyages d'agrément et de fêtes réglées par des chèques en blanc Volkswagen ont été révélés.
Peter Hartz risque une condamnation maximale de 15 ans d'emprisonnement. Il n'est pas le seul accusé dans cette affaire : 12 autres personnes sont impliquées et font l'objet d'une enquête du parquet.

Si ce scandale économique allemand est déjà gênant en soi, il l'est d'autant plus, car Peter Hartz est l'initiateur et le représentant de la grande réforme du traitement du chômage qui a apporté pauvreté, précarité et diminution de droits fontamentaux à des millions de chômeurs. Peter Hartz est parti, mais sa réforme demeure et continue à empoisonner la vie des sans emploi.
Le Professeur Roland Merten, Université de Jena, a démontré a quel point le calcul du besoin vital d'un allocataire "Hartz 4" est loin de la réalité. Non seulement les adultes souffrent, mais les enfants sont les oubliés dans cette réforme : l'enfant entre 0 et 14 ans du demandeur d'emploi qui vit de l'ALG2 (dans le cadre de Hartz 4) a 2,62 € par jour à sa disposition pour manger. Même dans la cantine la moins chère, ces 2,62 € ne suffisent pas pour manger à midi. Manquent ensuite le petit déjeuner, le goûter et le dîner. Alors, comment apporter à son enfant produits laitiers, protéines, légumes, fruits, céréales et boissons avec ce budget, alimentation équilibrée qui pourtant est nécessaire pour construire un capital santé pour toute une vie ?

En se moment, les scandales économiques en Allemagne se succèdent. Le procès Mannesmann/ Vodafone, dans lequel des managers pratiquaient du self-service à hauteur de millions d'euros à deux chiffres, puis le scandale Siemens dont six accusés ont déjà fait des aveux. Il y est question d'un détournement de quelque 200 millions d'euros, somme qui ne cesse de monter chaque jour quand on suit les informations.

Même si l'Allemagne peut montrer une petite croissance économique et une légère baisse du chômage en ce moment, les discours culpabilisants des dirigeants politiques envers les chômeurs & précaires et les appels aux efforts des gens qui sont au plus bas de l'échelle sociale continuent, mais ils ne fonctionnent plus... Quand la croissance était absente, c'était L'ARGUMENT pour ne pas demander une quelconque augmentation des salaires. La baisse et le renoncement des acquis sociaux était à l'ordre du jour. Aujourd'hui, quand les profit des sociétés sont bien au rendez-vous, "il ne faut pas risquer de détruire cette «fleur fragile» qui s'appelle conjoncture", racontent les organisations patronales aux syndicats. Et demain, si la conjoncture est stable, il ne faut pas risquer de la déstabiliser avec des revendications salariales inutiles ! Quant aux chômeurs, il y aura toujours de la marge pour rendre leur vie encore un peu plus difficile.

Stephan M. / Les dessous de l'Allemagne

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Mis à jour ( Samedi, 16 Décembre 2006 14:52 )  

Commentaires 

 
0 # superuser 2006-12-16 14:40 Un article paru dans L'Humanité du 7 mai 2004 :

Directeur des ressources humaines de Volkswagen, son nom est accolé désormais en Allemagne aux nouvelles règles qui régissent le marché du travail. Président d’une commission nommée par le gouvernement de coalition SPD-Vert, il est à l’origine des réformes adoptées récemment qui réduisent l’indemnisation des chômeurs et les obligent à accepter n’importe quel emploi sous peine de perdre leurs droits. Le chancelier Schröder avait misé sur la réputation d’"innovateur social" et de "conciliateur" qu’il s’est forgée à la tête du groupe Volkswagen - en négociant notamment l’introduction de la fameuse semaine de quatre jours - pour rallier vaille que vaille les syndicats à sa démarche.

Aujourd’hui, Hartz défraye à nouveau la chronique avec un plan qui prévoit d’échanger le maintien des 176.544 emplois du groupe Volkswagen en Allemagne contre des réductions "d’environ 30% des coûts salariaux d’ici 2011."

Quand le magazine Der Spiegel de cette semaine qui l’interviewe à ce propos lui suggère qu’une telle attitude s’apparente à un chantage, le Monsieur Réforme du marché du travail ne se démonte pas : "Je ne brandis pas immédiatement, comme d’autres, la grosse massue de la menace à la délocalisation. Mais pour rester concurrentiel comme pays à salaires élevés, il nous faut le système le plus flexible du monde. C’est pourquoi je plaide pour qu’une grande partie du salaire dépende des résultats de l’entreprise."
Si suffisamment de profits sont au rendez-vous aux yeux des actionnaires alors, précise généreusement Peter Hartz, les salariés pourront garder le même niveau de rémunération qu’aujourd’hui. Sinon leur feuille de paye sera amputée jusqu’à 30%. Il faut également qu’à l’avenir la rémunération tienne davantage compte, précise-t-il, du "temps de travail réellement créateur de valeur". La rémunération des pauses est en ligne de mire. Et surtout celle de la formation continue. "Pour que nous soyons compétitifs, martèle Hartz, il faut que les salariés prennent une partie de son financement à leur charge."

Ce plan sera présenté au syndicat le 10 mai à l’occasion du lancement des négociations sur le renouvellement de l’accord tarifaire maison de Volkswagen. "Nous n’assumerons pas de porter des conceptions qui reniflent le dumping ou les politiques de bas salaires", a prévenu le syndicat de la métallurgie IG Metall. Qu’à cela ne tienne, Peter Hartz semble prêt à jeter son vieux masque de chercheur infatigable du consensus intégrateur pour mettre ses vraies cartes - celles d’un patron de choc - sur la table : "On ne fait pas, assène-t-il, d’omelette sans casser les œufs."

…/…

Aujourd'hui, l'usine Volkswagen de Bruxelles va perdre 3.500 emplois.
La décision de la direction du trust de retirer la production de la Golf de l’usine bruxelloise et de la transférer en Allemagne dans les usines de Wolfsburg et de Mosel en Saxe, fait partie du «programme historique d’austérité» qui avait été annoncé par la firme au début de cette année. Celui-ci consiste en des mesures de rationalisation draconiennes comprenant la destruction massive d’emplois, la baisse des salaires et l’aggravation des conditions de travail dans toutes les usines européennes du groupe.
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0 # marielouise 2006-12-16 17:58
Ceci mérite une réflexion approfondie sur le bien et le mal qui se tapissent dans chaque être humain, ainsi que sur la révélation de ces antagonismes quand ces catalyseurs que sont le pouvoir et l'argent s'en mêlent.

Si l'avidité, la corruption, l'injustice et même la cruauté se réveillent puis se développent au contact du pouvoir et de l'argent, notons la banalité avec laquelle elles se développent, à l'intérieur de l'individu et aussi tout autour de lui.
Jusqu'à ce que la vérité éclate. Affligeante parce que ceux qui savaient ont laissé faire, la société a permis cela et a laissé faire, n'ayant pas écouté ceux qui savaient, des victimes pour la plupart… Affligeante, parce que la faute commise est inhumaine : tirer la converture à soi en menaçant l'existence de millions d'autres, ruiner ses congénères pour mieux s'enrichir. Cela fait froid dans le dos et nous rappelle de mauvais souvenirs.

Peter Hartz (et il n'est pas le seul) est sûrement un individu cultivé, intelligent, pourtant son bagage intellectuel ne lui a pas suffit pour dominer ses mauvais penchants. Comme tous les puissants qui se mettent à donner des leçons, il a avili ses salariés et les chômeurs de son pays, les privant d'emplois et de revenus décents - autant dire qu'il n'a pas hésité a échafauder de belles théories pour les envoyer tous crever sans scrupules aucuns -, et il a utilisé ses privilèges pour la plupart mal acquis à des fins hautement égoïstes.

Est-ce de la bêtise ? Est-ce une pathologie ? Est-ce de la perversion ?

Nombreux sont ceux qui croient être devenus le centre du monde et finissent par oublier ce qui le compose et les entoure. A mon avis, le pouvoir et l'argent sont des facteurs aggravants de la perversion humaine : ceux qui en bénéficient trop vite ou trop longtemps peuvent insidieusement devenir un jour de vrais psychopathes.
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0 # superuser 2006-12-17 15:01 Siemens s'empêtre de plus en plus dans "son" scandale de corruption, une affaire qui implique des cercles toujours plus larges, des sommes toujours plus élevées et nuit non seulement à l'image mais lentement aussi à l'activité de ce grand nom de l'industrie allemande.

Jusqu'à cette semaine, c'est surtout la réputation du groupe, déjà fortement écornée cette année, qui pâtissait de révélations se succédant sur caisses noires, argent détourné et systèmes de contrôle complaisants. Jeudi toutefois les pires craintes de Siemens sont devenues réalité : le finlandais Nokia, son partenaire désigné dans les réseaux téléphoniques, retarde la constitution d'une alliance prévue de longue date, préférant attendre "les résultats et les conséquences" d'un "examen sur le respect de la loi" au sein du groupe de Munich.

Les activités d'infrastructures téléphoniques qui doivent être fusionnées à celles de Nokia sont en effet issues de la division Com, la plus touchée pour le moment par le scandale. Le coup de frein donné par Nokia est aussi de mauvais augure pour la cession de l'autre pan de Com, dont la vente traîne.

Si les partenaires sont pointilleux sur la déontologie, qu'en est-il des clients ? Plusieurs observateurs ont mis en garde contre un préjudice commercial pour Siemens, alors que l'organisation non-gouvernementale spécialisée dans la lutte contre la corruption Transparency International avait menacé de l'exclure du cercle de ses membres.

L'enquête Siemens porte sur une douzaine de personnes, couvre plusieurs pays (Allemagne, Grèce, Suisse…) et concerne maintenant un total de 420 millions d'euros de fonds détournés vers des caisses noires destinées à favoriser l'attribution de contrats, ou sous forme de versements pour des prestations fictives. Lundi, le scandale a pris un nouveau tour avec la mise en examen de Thomas Ganswindt, ancien patron de la division Com et ex-membre du directoire central de la société.

La communication au compte-gouttes de Siemens, qui s'est contenté de commenter au coup par coup les fuites dans la presse, renforce l'impression d'impuissance qui se dégage de ce géant présent dans les transports, l'énergie et les technologies, à beaucoup d'égards vitrine de l'industrie allemande.

L'affaire a éclaté alors que l'image de Siemens avait déjà subi beaucoup de dommages cette année, d'un projet controversé de relèvement des salaires des patrons à la faillite de son ex-filiale de téléphones portables, en passant par les suppressions d'emplois qui n'en finissent pas. Mais cette fois-ci, les dégâts vont plus loin. Même Heinrich von Pierer, ancien patron du groupe et "visage de l'économie allemande dans le monde" pour le Handelsblatt, est éclaboussé. Il est menacé d'être "balayé par ce scandale de corruption aux proportions insoupçonnées", écrit le quotidien économique dans un éditorial vendredi. Maintenant à la tête du conseil de surveillance, il ne pourra pas superviser de manière crédible l'enquête sur des agissements qui ont eu lieu alors qu'il était aux manettes de la société, écrit le journal, en écho aux appels au départ de M. von Pierer qui se multiplient.
Quant à son successeur à la présidence du directoire Klaus Kleinfeld, "cela fait longtemps qu'on ne l'a pas entendu rire", écrit l'hebdomadaire Die Zeit dans sa dernière édition, "aucun patron allemand n'a subi une telle descente aux enfers" : selon un sondage publié mercredi, seuls 28% des actionnaires de Siemens sont encore d'avis que M. Kleinfeld est à même de faire prendre de la valeur à l'entreprise, contre 52% il y a encore trois mois.
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