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L'éternel faux débat sur les retraites

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Et c’est reparti ! Quatre ans après la réforme de MM. Jacques Chirac et François Fillon (alors ministre des Affaires sociales, du travail et de la solidarité) augmentant le nombre d’années de cotisation et baissant le montant des pensions versées, la question des retraites revient sur le devant de la scène.

Une fois de plus le rapport du Conseil d’orientation des retraites (COR) — le quatrième — met l’accent sur la dégradation des comptes… qui imposerait des mesures drastiques à partir de 2008. On pourrait se féliciter que le problème soit posé en amont des décisions et que le devenir des retraites — et donc de la solidarité intergénérationnelle — puisse faire partie des débats publics, en pleine campagne électorale. Mais il n’en est rien. D’emblée les solutions sont enfermées dans une fausse alternative : ou cotiser plus, ou réduire les retraites. En fait, les salariés risquent d’avoir à travailler plus et de toucher moins, dans le prolongement des réformes de M. Edouard Balladur en 1993 et de M. Fillon en 2003. Avec le résultat que l’on sait : un pouvoir d’achat des retraités en baisse, et un déficit des organismes sociaux croissant. Il serait peut-être temps d’examiner d’autres voies.

Du reste, le rapport du COR reconnaît que le déficit de 2006 s’explique en partie par des rentrées financières insuffisantes dues «pour l’essentiel à une évolution de la masse salariale moins favorable que prévu». En effet, le chômage, même si l’on s’en tient aux statistiques officielles, est resté à un haut niveau et les spécialistes estiment à 5 millions le nombre de personnes n’ayant pas un véritable emploi, d’une part ; d’autre part, la France est devenue un pays de bas salaires : la moitié des salariés travaillant à plein temps touchent moins de 1.400 € net par mois. Sans parler de tous ceux qui, contraints au travail partiel, touchent des salaires en dessous du salaire minimum. Cela représente autant de cotisations en moins. Quand on sait que la part des salaires dans le revenu national a baissé de 10 points en dix ans (celle revenant à la rétribution du capital a augmenté d’autant), on comprend le «trou» que cela entraîne dans les comptes de la caisse nationale d’assurance vieillesse (CNAV). Inverser la courbe aurait des effets positifs sur le niveau de vie des ménages et sur la CNAV.

De même, le COR préconise le maintien dans l’emploi des personnes de plus 55 ans… Ce qui, hors des professions dangereuses ou fort épuisantes, paraît logique. Le problème, c’est que ce ne sont pas les salariés qui décident mais les directions d’entreprises qui jettent hors de l’entreprise les plus de 50 ans. De plus, le gouvernement et la majorité parlementaire de droite viennent de décider la suppression en 2008 de la taxe dite Delalande qui justement pénalisait les entreprises licenciant les quinquagénaires, et d’instaurer les contrats à durée déterminée (CDD) pour les plus de 50 ans. En fait, il risque de se produire avec les salariés plus âgés ce que déjà vivent les très jeunes : la multiplication des petits boulots, très qualifiés mais peu payés. Le tout au détriment des salariés bien sûr, et... des recettes de la CNAV.

Et, puisque le COR cherche à traquer les inégalités, il ferait bien de s’intéresser à la plus fondamentale : celle devant la mort. A 60 ans, un ouvrier a une espérance de vie inférieure de cinq ans à celle d’un cadre. Comment oser demander au premier de prendre sa retraite encore plus tardivement ?

(Source : Le Monde Diplomatique)

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Mis à jour ( Samedi, 13 Janvier 2007 18:38 )  

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