Le groupe en question, Solidarité des Français (SDF) une allusion à l'acronyme de l'expression «sans domicile fixe» nie avoir choisi d'offrir un plat à base de porc pour exclure délibérément les musulmans et les juifs.
«C'est dégueulasse et dégoûtant de faire ça Il faut donner de la nourriture à tout le monde, à toutes les races», commente un sans-abri d'origine tunisienne, Amara Sahli, qui vit avec sa femme dans une tente au bord du canal Saint-Martin. L'homme de 35 ans, qui se décrit comme musulman pratiquant, refuse de manger du porc. «Lorsque quelqu'un me propose un plat et qu'il y en a, je demande autre chose. Une boîte de sardines, par exemple», confie-t-il.
Les dirigeants de SDF se défendent d'être racistes. Mais dans un communiqué publié sur leur site, ils dénoncent l'interdiction imposée par le tribunal comme une victoire des «nouveaux chiens de garde de la charia». Ils s'insurgent par ailleurs contre le fait que l'État français offre une aide financière à des pays comme l'Algérie, le Maroc ou le Sénégal tout en laissant des «Français de souche» vivre dans la rue.
La distribution de la fameuse soupe, qui comprenait 2 kg de lard, une oreille, deux pieds et deux queues de cochon, se déroulait devant la gare Montparnasse depuis quelques années. Elle s'était attiré les critiques de groupes de lutte contre le racisme, qui jugeaient la pratique discriminatoire.
La préfecture de Paris avait décidé à l'automne d'empêcher la distribution en invoquant ce motif. Les avocats de SDF ont cependant obtenu deux décisions d'un tribunal administratif leur reconnaissant le droit de procéder, au grand dam du maire de la ville, Bertrand Delanoë, qui voyait «des relents xénophobes» dans l'initiative du groupe.
Le Conseil d'État a finalement été saisi du dossier par le ministère de l'Intérieur. Son avocat a notamment fait valoir un passage relevé sur le site de SDF où l'on insiste sur la nécessité de faire passer «les nôtres avant les autres» et de priver d'aide additionnelle toute personne qui refuse la soupe.
La décision du tribunal a été accueillie avec satisfaction par le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP). Elle rend désormais illégale «la pratique visant à organiser une pseudo-solidarité sur des fondements discriminatoires et racistes», a indiqué le président du MRAP Mouloud Aounit, qui demande aujourd'hui la dissolution pure et simple de SDF.
Les dirigeants de l'organisation affirment pour leur part que les autorités les persécutent pour des raisons politiques : «En général, les gens de notre famille de pensée n'occupent pas le terrain du social. C'est le domaine réservé de la gauche et de la droite bien-pensante», ironise la porte-parole de l'organisation, Odile Bonnivard. Elle-même est issue d'une formation d'extrême droite, Bloc identitaire, qui invite ses membres à «revendiquer sans ambiguïté (leur) appartenance au continent blanc».
Bien qu'elle reconnaisse d'emblée que plusieurs autres membres de SDF sont issus de formations de même idéologie, dont le Front national de Jean-Marie Le Pen, Mme Bonnivard nie que la décision de distribuer de la soupe au cochon un aliment «traditionnellement français et européen» se voulait discriminatoire. «Ce n'est pas une volonté d'exclusion mais plutôt l'expression d'une préférence», souligne la porte-parole. Elle insiste sur le désir de SDF de recréer un sentiment de communauté parmi «les Européens» du continent, représentés à ses yeux par les personnes blanches. «Aujourd'hui, c'est presque une honte d'être Européen, d'être blanc», souligne Mme Bonnivard.
Ce n'est pas la première fois que des représentants de l'extrême droite française se retrouvent devant les tribunaux relativement à des initiatives alimentaires jugées xénophobes. En 1996, le maire de la ville de Marignane, Daniel Simonpieri, alors membre du Front national, avait soulevé la polémique en décidant de faire cesser la distribution de repas de substitution sans porc pour les élèves musulmans et juifs. Bien que le conseil municipal ait invoqué à cette époque des raisons financières, son geste avait été perçu comme une forme de provocation. D'autant plus que M. Simonpieri s'était étonné, dans une lettre, que des personnes «récemment immigrées en France» demandent un traitement exceptionnel plutôt que de chercher «à épouser les us et coutumes de leur pays d'accueil en vue d'une assimilation sans faille ni arrière-pensée».
Un tribunal administratif a finalement tranché en 2004 : la Ville avait l'obligation de fournir des repas adaptés.
Bien que SDF vienne d'encaisser un revers similaire, ses représentants n'entendent pas baisser les bras. Mme Bonnivard indique qu'une plainte sera déposée devant la Cour européenne des droits de l'homme. D'autres activités de distribution alimentaire, excluant jusqu'à nouvel ordre la soupe au cochon, auront lieu, promet par ailleurs la porte-parole. «On verra alors si c'est le cochon qui dérange les autorités ou plutôt ces cochons d'Européens», conclut-elle.
(Source : Cyberpresse)
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