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Accueil La revue de presse Le contrat à durée indéterminée vit ses dernières heures

Le contrat à durée indéterminée vit ses dernières heures

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Une interview de Liêm Hoang-Ngoc, économiste, maître de conférence à Paris I et auteur de «Vive l'impôt !» (Grasset, 2007) pour Le Nouvel Observateur :

Le gouvernement prépare un texte sur la défiscalisation et la détaxation des heures supplémentaires. A qui profiterait une telle loi : aux salariés, ou aux employeurs ?

Cette loi risque d'accroître le chômage. Les employeurs vont être incités, en cas de regain d'activité, à substituer des heures supplémentaires à des embauches.
C'est aussi un moyen de détourner la question de la baisse du pouvoir d'achat en proposant aux salariés de faire des heures supplémentaires pour gagner du pouvoir d'achat. Une façon d'opposer les salariés entre eux. Cela coïncide avec les discours de Nicolas Sarkozy sur sa lutte contre l'assistanat quand il insinue que les chômeurs sont des feignants qui ne veulent pas se lever tôt. Il oppose les chômeurs avec ceux qui travaillent, et ceux-ci avec ceux qui veulent travailler encore plus. Avec ce genre de slogans - "travailler plus pour gagner plus", etc… - on a un bon aperçu de l'idéologie de la droite en termes d'emploi.

Ces mesures, si la loi est votée, s'appliqueraient aussi aux contrats à temps partiels. Cela ne va-t-il pas engendrer la création de plus en plus d'emplois précaires ?

On s'achemine vers un contrat de travail unique. Le contrat de travail à durée indéterminée à la française vit clairement ses dernières heures. La "flexisécurité" évoquée par le Premier ministre, ça n'est pas la flexisécurité à la danoise, qui protège plutôt la personne que l'emploi, mais c'est du "perdant-perdant". Le contrat vers lequel nous nous orientons, c'est un contrat nouvelle embauche généralisé où la période d'essai sera poussée à 24 mois.
Quant au volet "sécurité", le gouvernement va étendre le contrat de transition professionnelle (CTP) de Jean-Louis Borloo. Mis en place dans certains bassins d'emploi en difficulté, ce contrat propose aux salariés dont le licenciement est envisagé de disposer de 80% de leur salaire pendant qu'ils suivent une formation. Mais il les oblige à accepter ensuite le poste qu'on leur suggère. Or les emplois proposés sont précaires, dans des secteurs demandeurs, c'est-à-dire toujours la restauration ou le bâtiment.

Les heures supplémentaires non imposables, cela remet en cause l'égalité face à l'impôt, qui est pourtant un droit constitutionnel. Par ailleurs, ces mesures s'appliqueraient aussi aux cadres, dont les horaires journaliers ne sont pourtant pas comptabilisés. Alors, vrai projet ou effet d'annonce, comment expliquer ces défaillances ?

Nicolas Sarkozy a bien l'intention d'appliquer ce programme. Il dispose d'une feuille de route bien ordonnée. Il commence par attaquer les syndicats, le droit de grève et les régimes spéciaux de retraite. Il s'en prendra d'abord au secteur public, aux cheminots en particulier.
Il va mettre en place une politique fiscale de classes, en augmentant la TVA et en supprimant les frais de succession ou en modifiant le bouclier fiscal. On va droit vers une déréglementation de marché du travail et une mise en compétition des salariés.

En tous cas, le chef de l'Etat va appliquer ces promesses. Qu'elles soient inefficaces ou qu'elles heurtent la confiance de ceux qui l'ont élu, cela ne le préoccupe pas. La moitié de ceux contre qui cette politique s'oriente, les ouvriers et les employés, ont voté pour lui. Il surfe sur un état de grâce depuis son élection, qui lui permet d'appliquer des mesures particulièrement impopulaires.

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Mis à jour ( Samedi, 02 Juin 2007 04:02 )  

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