Dès mercredi 20 juin au soir sur TF1, Nicolas Sarkozy a ouvert le bal en affirmant sans ambages : «A l'avenir, les jours de grève ne seront plus payés» ! «Je respecte le droit de grève. Mais si les jours de grève sont payés, cela veut dire qu'on ne respecte pas celui qui travaille, parce que pourquoi travailler si quand on ne travaille pas on est payé ?», s'est-il benoîtement interrogé à cette heure de grande écoute, devant des millions de Français politiquement incultes et qui s'imaginent que ceux qui osent défendre leurs droits sont des usurpateurs privilégiés.
Les agents des transports n'en ont pas cru leurs oreilles. «Nous rappelons que le contrat de travail est suspendu pendant la grève et que, par conséquent, les salariés grévistes ne peuvent prétendre au paiement de leur salaire pour ces périodes. Il en a d'ailleurs été ainsi lors des grands mouvements sociaux de 1995 et de 2003», s'est-on insurgé à Sud-RATP pour qui les propos de Nicolas Sarkozy «sont à la limite de la démagogie et révèlent soit une méconnaissance des règles en vigueur, soit une volonté de stigmatiser les salariés des transports publics aux yeux du reste de la population».
Les directions de la RATP et de la SNCF confirment, d'ailleurs, que leurs salariés ne sont pas payés en période de grève...
Pour la CGT, le cheminot Didier Le Reste ironise : «Ce n'est pas très sérieux de la part du président de la République de faire croire que les cheminots grévistes sont payés… C'est même assez honteux. Moi, j'ai trente ans de SNCF et jamais je n'ai été payé pour une grève. J'ignorais que cela se pratiquait. Je crois que je vais demander à être remboursé !». Quant au numéro un Bernard Thibault, il pointe le caractère franchement «provocateur» de l'article 9 de cet avant-projet qui stipule "le non-paiement des jours de grève". «Alors qu'il s'agit d'une disposition légale déjà existante, comment justifier cet article autrement que par la volonté de discréditer les personnels aux yeux de leurs concitoyens ?», fustige-t-il.
La recette est simple et c'est toujours la même : on focalise sur les rancœurs de l'opinion publique ("prise en otage" dans les transports, et qui va travailler pour entretenir ces fainéants de chômeurs et de RMIstes), on ment par omission ou même très ouvertement (les grévistes et les exclus de l'emploi sont tous sont payés à ne rien foutre), on dresse les uns contre les autres (salariés pauvres contre salariés ordinaires, salariés contre privés d'emploi), et on vote des mesures qui ne profiteront… qu'au patronat. C'est sur cette base que Nicolas Sarkozy a été élu. C'est sur cette base qu'il s'attaquera à nos libertés et à nos droits les plus élémentaires, avec la bénédiction d'un peuple désinformé et qui a depuis longtemps renoncé à se battre.
Piqûre de rappel => Autre idée reçue que peu osent démonter : non, la grève n'est pas un «sport national français» et les conflits sociaux n'ont cessé de se raréfier depuis vingt ans. LIRE ICI...
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