On se souvient, en octobre dernier, de Bernard Accoyer, président UMP de l'Assemblée nationale, qui s'était illustré en suggérant de «réfléchir à une amnistie fiscale pour nos compatriotes qui accepteraient de rapatrier leurs capitaux». Son idée suscita un tollé que résume parfaitement la réaction des Verts : «Profiter de la crise pour favoriser les riches, et pire, les riches hors-la-loi, est indécent». Si la proposition honteuse de Bernard Accoyer a été recalée, beaucoup, à l'UMP, l'approuvaient. D'ailleurs, M. Accoyer l'a dit lui-même : «C'est une idée personnelle, mais je me suis aperçu qu'elle pouvait être partagée»...
C'est maintenant au tour de Philippe Marini, rapporteur général de la commission des finances au Sénat, d'imaginer une «fiscalité de crise» en proposant, à titre exceptionnel et temporaire, que les particuliers, petits actionnaires ayant réalisé moins de 25.000 € de cessions entre 1er janvier et le 1er décembre 2008, puissent déduire de leur revenu imposable leurs pertes boursières dans la limite de 10.700 €. «Il s'agit d'une mesure de crise exceptionnelle pour aider les personnes, souvent âgées, qui n'ont pas eu d'autres choix que de vendre des titres en 2008», explique le sénateur UMP de l'Oise alors que le CAC 40 a, en effet, perdu près de 47% de sa valeur depuis le début de l'année. Une idée que Jean-François Copé a d'ailleurs trouvé «séduisante»...
Maladresse, ou immoralité ?
«C'est quand même invraisemblable qu'aujourd'hui ce soit aux boursicoteurs que l'on pense, et pas du tout aux salariés qui sont victimes de cette spéculation en bourse», s'est aussitôt indigné le porte-parole du PS Benoit Hamon sur France Info. «Comment peut-on, au moment où tant de Français perdent leur emploi ou ont du mal à boucler leur fin de mois, faire encore payer le contribuable pour une catégorie de Français qui n'est pas le plus à plaindre ?" a fustigé le député Nicolas Dupont-Aignan (Debout La République). Même la présidente du Medef Laurence Parisot a exprimé son incompréhension sur Europe 1.
Le gouvernement, moins décomplexé qu'il ne souhaiterait l'être, a aussitôt indiqué qu'il rejetterait cet amendement au projet du budget 2009. «Dans cette période de difficultés économiques, il n'appartient pas au contribuable de compenser les pertes des actionnaires», a tranché le Premier ministre. Mais, on le voit une fois encore, c'est l'assistanat aux mieux lotis qui vient spontanément à l'esprit de ses chers collègues, montrant à nos yeux ébahis le vrai visage de l'UMP.
DERNIÈRE MINUTE => Philippe Marini récidive et propose de s'attaquer aux niches fiscales… en supprimant la demi-part supplémentaire dont bénéficient les parents isolés : Lire en commentaire.
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