Tant vantés par Jean-Louis Borloo, alors ministre de l'Emploi et de la Cohésion sociale, qui voyait dans les emplois de service les métiers porteurs de demain et a créé le CESU (chèque emploi service universel) à cet effet, voici un bilan qualitatif de l'INSEE qui démontre que sa «révolution culturelle» résidait dans la promotion du sous-emploi et d'un certain retour au 19e siècle, notamment pour ces éternelles victimes de la précarité que sont les femmes.
L'étude détaille qu'en 2006, 410.000 personnes ont été employées pour garder des enfants, 550.000 comme aides à domicile, et près d'un million pour d'autres services (ménage, soutien scolaire, repassage…), certaines combinant plusieurs de ces activités. Et quelque 45.000 employés du privé - des travailleurs pauvres - ont aussi complété leur salaire en exerçant un emploi de service pour des particuliers. Ces derniers bénéficiant d'allègements ou d'exonérations de cotisations sociales.
L'INSEE observe «une main d'œuvre féminine, et relativement âgée». Elles sont 90% dans les services à la personne dont 99,7% chez les assistantes maternelles ou 98% des gardes d'enfants à domicile, et 87% dans les autres activités. Leur moyenne d'âge est de 43 ans alors qu'elle est de 39 ans pour l'ensemble des salariés du privé. Plus de 7% d'entre elles ont 60 ans et plus, alors que cette proportion est de 2% chez les autres actifs.
«Le secteur des services à la personne propose des emplois de proximité pour lesquels aucun diplôme n'est actuellement exigé, et qui peuvent donc être recherchés par des retraités pour lesquels ils constituent un complément de revenu», commente l'INSEE qui note que ces salarié(e)s ont en moyenne 2,2 employeurs, une «pluriactivité liée au faible nombre d'heures effectuées dans le cadre de chaque contrat». Une main d'œuvre isolée, peu protégée, qui se débrouille.
Et les rémunérations, «relativement homogènes», sont misérables : 80% des salarié(e)s gagnent entre 6,2 et 9,4 € nets de l'heure (en 2006, le Smic horaire s'élevait à 6,18 € nets au premier semestre puis à 6,37 € au second). «C'est essentiellement le nombre d'heures travaillées qui détermine le salaire annuel perçu», souligne l'Institut. Alors que la durée annuelle légale du travail est de 1.600 heures pour un temps complet, seules 10% de ces personnes ont travaillé plus de 1.162 heures au domicile de particuliers-employeurs, la moitié a travaillé plus de 227 heures, tandis que 10% n'a pas travaillé plus de 18 heures.
Au total, tous contrats additionnés, la moitié d'entre elles n'a récolté qu'un salaire annuel net inférieur à 1.666 €. Et si 10% ont perçu plus de 8.782 € (les assistantes maternelles étant plutôt bien loties, vu la particularité de leurs prestations), 10% ont gagné moins de 141 € dans l'année, soit 60 fois moins. Pas de quoi vivre dignement.
C'est ça, l'avenir ! Pourtant, la majorité de ces activités (dont la demande est forte et qui sont d’utilité sociale, comme la garde d'enfants ou l'aide aux personnes âgées) pourraient être développées et rationalisées afin de tendre vers des équivalents temps plein avec un meilleur statut et une réelle formation. Mais l'Etat ne souhaite pas développer son service public et préfère promouvoir… l'emploi en miettes.
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