Le coût du RSA généralisé est estimé entre 2 et 3 milliards d'euros par an, selon le petit "livre vert" de Martin Hirsch. «Ça coûte beaucoup d'argent», juge Patrick Devedjian. Si Martin Hirsch «a raison» de défendre le bien-fondé de son projet, «cela dit, le RSA est en cours d'expérimentation dans un certain nombre de départements, donc moi, je veux voir l'analyse des expérimentations avant qu'on prenne une décision tout de même». «Je veux voir comment ça fonctionne», a-t-il lancé. Il faut voir «si c'est un empilement supplémentaire, un dispositif social supplémentaire» ou «si c'est efficace par rapport aux dispositifs existants». Dans ce cas, «pourquoi pas ? Alors ce n'est pas trop cher»...
Sur le fond, M. Devedjian tape juste : le RSA n'est qu'un «empilement supplémentaire [...] par rapport aux dispositifs existants», un module d’"intéressement" renforcé dont l'efficacité sera purement statistique, son but étant de faire baisser notre taux de pauvreté selon le vœu de Nicolas Sarkozy, et non d'agir sur l'insertion qualitative et durable des personnes concernées qui, enfin, pourraient sortir de l'assistanat. Un constat que l'économiste Jacques Rigaudiat développe très subtilement dans cette analyse : Le RSA, une solution ou un problème ?
Mais, sur la forme, ce serait bien la première fois que le gouvernement se décide à évaluer un dispositif avant de lâcher le pognon ! Car, pour les 15 milliards du «paquet fiscal» de la loi Tepa qu'on redistribue depuis six mois aux Français les plus aisés, aucune expérimentation préalable n'a été envisagée... Encore moins pour les 50 milliards d'euros annuels consacrés aux politiques de l'emploi successives, aussi instables que non évaluées, pointées par la Cour des comptes et la commission des Finances de l'Assemblée nationale. Encore moins pour les 32 milliards qu'on alloue cette année aux allègements de "charges" d'employeurs qui confinent leurs salariés au Smic, sans impact notable sur la qualité de l'emploi en France.
Comment veut-on éviter une gabegie de 3 petits milliards d'euros supplémentaires en faveur d'un dispositif social, aussi imposteur et inefficace soit-il, alors que c'est par dizaines de milliards que l'argent public est dilapidé au profit de populations qui ne sont pas dans le besoin et n'ont que faire de la "solidarité nationale" ou du "patriotisme économique" ? Deux poids, deux mesures : de la même façon que l'on focalise sur la petite fraude et la petite délinquance alors que la grande délinquance en col blanc est la plus lucrative, la plus nuisible et la moins pourchassée qui soit, de la même façon qu'un quidam qui vient de s'acheter une machine à Expresso dernier cri refuse de donner une pièce au mendiant dans la rue, le très cynique Patrick Devedjian pinaille sur la charité faite aux pauvres tout en fermant les yeux sur les cadeaux aux riches.
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