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Sur le fond, M. Devedjian tape juste : le RSA n'est qu'un «empilement supplémentaire [...] par rapport aux dispositifs existants», un module d’"intéressement" renforcé dont l'efficacité sera purement statistique, son but étant de faire baisser notre taux de pauvreté selon le vœu de Nicolas Sarkozy, et non d'agir sur l'insertion qualitative et durable des personnes concernées qui, enfin, pourraient sortir de l'assistanat. Un constat que l'économiste Jacques Rigaudiat développe très subtilement dans cette analyse : Le RSA, une solution ou un problème ?
Mais, sur la forme, ce serait bien la première fois que le gouvernement se décide à évaluer un dispositif avant de lâcher le pognon ! Car, pour les 15 milliards du «paquet fiscal» de la loi Tepa qu'on redistribue depuis six mois aux Français les plus aisés, aucune expérimentation préalable n'a été envisagée... Encore moins pour les 50 milliards d'euros annuels consacrés aux politiques de l'emploi successives, aussi instables que non évaluées, pointées par la Cour des comptes et la commission des Finances de l'Assemblée nationale. Encore moins pour les 32 milliards qu'on alloue cette année aux allègements de "charges" d'employeurs qui confinent leurs salariés au Smic, sans impact notable sur la qualité de l'emploi en France.
Comment veut-on éviter une gabegie de 3 petits milliards d'euros supplémentaires en faveur d'un dispositif social, aussi imposteur et inefficace soit-il, alors que c'est par dizaines de milliards que l'argent public est dilapidé au profit de populations qui ne sont pas dans le besoin et n'ont que faire de la "solidarité nationale" ou du "patriotisme économique" ? Deux poids, deux mesures : de la même façon que l'on focalise sur la petite fraude et la petite délinquance alors que la grande délinquance en col blanc est la plus lucrative, la plus nuisible et la moins pourchassée qui soit, de la même façon qu'un quidam qui vient de s'acheter une machine à Expresso dernier cri refuse de donner une pièce au mendiant dans la rue, le très cynique Patrick Devedjian pinaille sur la charité faite aux pauvres tout en fermant les yeux sur les cadeaux aux riches.
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"Nous voulons que les dépenses de l'Etat n'augmentent pas en volume pendant les cinq ans qui viennent, donc tout le monde doit faire un effort", a posé le Premier ministre, interrogé sur France-Inter sur les "mesures d'économies" annoncées pour le budget 2009. Invité à préciser quelles dépenses seront concernées, M. Fillon s'est contenté de répondre que les économies seront faites "partout", mais il s'est attardé sur le RSA, de plus en plus ouvertement attaqué au sein de la majorité en raison de son coût pour les finances publiques.
"Pour l'instant, le projet qui est proposé par Martin Hirsch est un projet qui a deux inconvénients : il est coûteux, de l'ordre de 3 milliards d'euros, et il conduit à diminuer la prime pour l'emploi (PPE) pour un certain nombre de Français", a mis en avant le Premier ministre, retenant la fourchette haute des estimations sur le coût de la réforme.
"Il n'y a pas qu'une possibilité, il y a d'autres alternatives", a souligné le Premier ministre, suggérant des modifications au projet. "On est en train de voir, avec Martin, comment mettre en œuvre ce principe sans augmenter les dépenses publiques". Pour lui, "on doit pouvoir (…) trouver une meilleure organisation des choses" à "l’intérieur" des budgets sociaux déjà existants.
L'objectif du RSA, actuellement expérimenté dans près de trente départements, est de garantir à une personne qui reprend une activité de ne pas subir une perte de revenus du fait de la fin de certaines prestations sociales. Il pourrait bénéficier à environ 5 millions de personnes et ambitionne de permettre une réduction de 15% de la pauvreté en France. Après la publication, il y a un mois, d'un "livre vert" sur la question, l'heure est aux consultations, avant la finalisation d'un projet de loi que le gouvernement prévoit de déposer à l'automne.
La lettre de mission de Martin Hirsch, rédigée par Nicolas Sarkozy, demandait que "le revenu de solidarité active soit créé à la fin de l'année 2008 et si possible avant". Mais le calendrier pourrait encore bouger. Dimanche soir, le Premier ministre était resté évasif sur ce point, mardi, il assurait que l'objectif était "d'essayer de le généraliser en 2009", après l'évaluation des expérimentation s en cours. L'idée "n'est pas du tout enterrée", a-t-il soutenu.
La veille, le premier secrétaire du Parti socialiste François Hollande avait affirmé que "le revenu de solidarité active, c'est déjà fini". "Il y aura des coupes claires d'abord dans les dépenses, et on sait qu'un certain nombre d'engagements du président de la République ne seront pas tenus", avait-il jugé, estimant que "François Fillon a du mal à passer aux aveux". Il a également conseillé à Martin Hirsch de quitter ce gouvernement si son RSA était reporté, altéré ou abandonné.
(Source : Le Nouvel Obs) Répondre | Répondre avec citation |