Lors de sa campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy s'était engagé à augmenter l'AAH de 25% au cours de son mandat. Une fois élu, l'AAH n'a été revalorisée que de 1,1% au 1er janvier (tout comme le minimum vieillesse et les retraites du régime général) : autrement dit, une misère. «Au 1er septembre, l'allocation adulte handicapé sera revalorisée afin d'atteindre une hausse de 5% sur l'année 2008», a dit le président. Une annonce limite mensongère, car l'ajustement sera de 3,9% et la «hausse de 5% sur l'année 2008» ne concernera… que les quatre derniers mois de la période.
Il n'empêche : Nicolas Sarkozy a souligné qu'il s'agit d'un «effort important, compte tenu de la situation budgétaire» de la France. Puisqu'il s'agit d'un «effort important» de l'Etat (1), ce geste ô combien généreux aura sa contrepartie et s'accompagnera d'une «réforme» - comprenez un durcissement - des conditions de perception de l'AAH qui, selon notre président, «peuvent dans certains cas désinciter à l'emploi» ! Car «le but, ce n'est pas d'avoir l'AAH, le but c'est d'avoir un travail»... Eh oui, ce n'est pas de la faute aux employeurs si les handicapés (ou les seniors) sont, plus que d'autres, discriminés à l'embauche. Victimes, plus que d'autres, du chômage et de la précarité, les handicapés sont visiblement aussi fainéants que les chômeurs et les RMIstes : pour Nicolas Sarkozy, c'est une affaire entendue !
Ainsi, un «pacte national pour l'emploi des personnes handicapées» sera lancé le 10 juin prochain. Il aura pour objectif principal «un dispositif plus performant d'accompagnement à l'emploi» dont on se demande s'il sera plus efficace que ce qui se fait déjà dans un marché de l'emploi toujours très dégradé (lire en commentaire), et dans quelle mesure il ne gagnera pas en coercition. Et, puisqu'il faut bien faire mine d'être juste, Nicolas Sarkozy souhaite établir «des règles avec obligation de résultats»… pour les employeurs publics. «Chaque administration qui n'emploie pas 6% de personnes handicapées verra sa masse salariale gelée», a-t-il menacé, en référence au quota fixé par la loi du 10 juillet 1987 et amendée en février 2007 qui impose aux établissements de plus de 20 salariés d'accueillir au moins 6% de travailleurs handicapés.
Ouf : les employeurs du privé, eux, restent épargnés !!! Même si notre président fait mine de s'en indigner, les plus défaillants d'entre eux pourront continuer à payer leur «contribution» à l'Agefiph en toute sérénité...
(1) Bel effort en l'occurrence, quand on sait que «les caisses sont vides» depuis que le gouvernement a voté, l'été dernier, une loi Tepa qui octroie des milliards aux contribuables et propriétaires les plus aisés du pays, que Nicolas Sarkozy a ensuite revalorisé son propre salaire de 172% et qu'il vient de recruter une pléthore de secrétaires d'Etat grassement payés.
=> Samedi 29 mars à 13H, les associations de personnes handicapées appellent à un rassemblement place de la République à Paris : lire en commentaire…
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