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Les guerres "classiques" d'autrefois ont toujours eu des racines économiques. Quand il disait «On croit mourir pour la patrie et on meurt pour des industriels», le grand écrivain Anatole France visait juste. Les héros comme Guy Môquet où les poilus de 14-18 dont Lazare Ponticelli fut le dernier symbole sont morts… pour le grand patronat. Un grand patronat qui ne s'est jamais encombré de déontologie pour parvenir à ses fins, sur le dos de peuples maintenus dans l'ignorance et manipulés à loisir (on se souvient de Dominique de Villepin qui parlait, lui aussi, de "patriotisme économique" et de "bataille pour l'emploi").
Cette grande manipulation se poursuit avec de nouveaux concepts idéologiques comme "la valeur travail", érigée en France comme le pilier absolu du bien-être individuel et de la performance du pays. A l'heure où il se raréfie ou se dégrade, le travail - en fait, "l’emploi" - est vanté afin de soumettre les individus au «toujours mieux que rien» véhiculé par des gouvernants au service des entreprises (et dont le RSA n'est qu'un des nombreux avatars) ou la finance internationale.
Comme autrefois les Juifs furent les boucs émissaires d'une société en crise, ceux qui ont perdu leur emploi portent aujourd'hui cette nouvelle étoile jaune. Pointés du doigt comme responsables de leur situation dans un contexte où l'emploi va manquant, désignés comme des déviants qui profitent de la solidarité nationale, les chômeurs sont de plus en plus harcelés, contrôlés, et livrés à la vindicte populaire. L'amnésie s'avère complète quand la très respectable Simone Veil, rescapée de la barbarie nazie, n'a pas hésité soixante ans après à ériger en boucs émissaires les chômeurs de longue durée, les RMIstes et autres "assistés", qu'elle a violemment marqués du sceau de l'infamie lors de son discours de soutien à Nicolas Sarkozy, le 29 Avril 2007 à Bercy.
Aujourd'hui, notre gouvernement n'hésite pas, dans un souci de «justice» et de bon «équilibre entre les droits et les devoirs»… des chômeurs (ceux des entreprises - qui sont à l'origine des emplois - et des spéculateurs irresponsables qui jettent des familles à la rue ou affament des populations entières, sont escamotés du discours), à monter d'un cran son arsenal répressif à l'encontre des victimes du chômage de masse.
Vichy est de retour ! Le STO aussi... Avec son projet de loi qu'il compte entériner d'ici l'été, obligeant officiellement les travailleurs destitués à accepter des postes déclassés afin d'entretenir le sous-emploi, la précarité et la dégradation salariale pour le plus grand bénéfice des employeurs, le gouvernement de Nicolas Sarkozy passe outre tout dialogue social en évinçant les partenaires sociaux de cette décision. Nous assistons bien aux manœuvres d'un gouvernement autoritariste, aveugle, et qui pratique une dictature douce avec l'assentiment de l'opinion.
La preuve : ce chantage à l'emploi (et aux allocations) est contraire à la Convention nº105 de l'OIT du 25 juin 1957 sur l’abolition du travail forcé, Article 1, petit b, ou ses signataires s'engagent à supprimer le travail forcé ou obligatoire et à n'y recourir sous aucune forme, notamment «En tant que méthode de mobilisation et d’utilisation de la main-d'œuvre à des fins de développement économique»... Or, ce projet de loi du gouvernement Sarkozy ne vise qu'à rétablir cette pratique d'un autre âge à l'encontre d'une population qu'il a hautement contribué à fragiliser, stigmatiser et isoler. Maintenant, il ne reste plus qu'à l'avilir et à la dépouiller, puisqu'une partie des cotisations chômage seront transférées sur les cotisations vieillesse : on déshabille les chômeurs pour habiller l'électorat sarkozyen.
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Commentaires
Dans ce cas, pourquoi ne pas les associations de chomeurs ne portent-elles pas plainte contre le ministére de l'emploi ? Répondre | Répondre avec citation |
Les associations de défense des chômeurs n'ont aucun poids : désargentées, elles ne sont pas reconnues à l'Unedic, la CFDT a même osé porter plainte contre des militants d'AC!, et les chômeurs eux-mêmes ne vont les voir que pour les utiliser, jamais pour combattre à leur côté.
Qu'à cela ne tienne, voilà une réaction-type : tout repose sur elles !!!
Aujourd'hui, le gouvernement passe en force. Même les syndicats officiels sont sommés de se plier.
Combien de chômeurs sont prêts à aller au charbon contre ce projet de loi ? Autant que ceux qui se déplacent aux manifestations, c'est-à-dire toujours les mêmes ?
Trop facile, mon cher Carl. Trop facile. Répondre | Répondre avec citation |
Le ministère de l'emploi n'est pas un tribunal mais une émanation du pouvoir exécutif sauf erreur. Il ne reçoit que les plaintes de la tête de l'exécutif.
Je me demande si une plainte pour non-respect de la Convention n°105 de l'OIT du 25 juin 1957 sur l’abolition du travail forcé serait recevable devant la juridiction idoine. Répondre | Répondre avec citation |
Le travail n'est pas forcé. Le versement des prestations est soumis a condition, nuance. Libre à chacun de ne jamais travaillé de sa vie.
Comparer "les conditions d'attribution des allocations chômage", aussi pernicieuse soient-elles, avec l'esclavage ou le STO et pourquoi pas le génocide est digne des allégations de parti extrémistes, d'ultra libéraux ou que sais-je encore.
Ce n'est pas comme cela que vous aurez l'image d'une représentativit é digne d'écoute. Répondre | Répondre avec citation |
1) Le travail, s'il n'est pas forcé, est une "servitude volontaire" où l'employeur a toujours l'avantage sur le salarié.
En revanche, obliger les chômeurs à accepter une offre d'emploi qui ne leur convient pas contre suspension de leurs maigres allocations et sous couvert d'une loi liberticide qui définit à leur place ce qui est "raisonnable" pour eux, en dépit de leurs situations personnelles et de leurs aspirations, c'est du travail forcé et, ici même, bradé puisqu'il s'agit pour eux d'accepter sans rechigner de travailler à perte.
2) Le versement des prestations est soumis à conditions : visiblement de + en + drastiques alors que chaque salarié à cotisé pour être couvert, et que l'assiette de cotisation pour la protection sociale devrait être élargie au regard des bénéfices engrangés par certains, notamment grâce au chômage.
De plus, les fameux "paliers" de 4, 7 et 12 mois sont inadmissibles quand un demandeur d'emploi a droit à 23 mois d'indemnisation pour se réorienter.
3) ""Libre à chacun de ne jamais travailler de sa vie" ? Une formule réservée aux rentiers : c'est vous qui êtes de mauvaise foi !!! Répondre | Répondre avec citation |
Je voudrai que ExecutieveOffic eChomeur nous commente l'article 1 de la Convention (en particulier le paragraphe b) de l'OIT du 25 juin 1957 sur l’abolition du travail forcé :
Article premier
Tout Membre de l'Organisation internationale du Travail qui ratifie la présente Convention s'engage à supprimer le travail forcé ou obligatoire et à n'y recourir sous aucune forme :
a) En tant que mesure de coercition ou d'éducation politique ou en tant que sanction à l'égard de personnes qui ont ou expriment certaines opinions politiques ou manifestent leur opposition idéologique à l'ordre politique, social ou économique établi;
b) En tant que méthode de mobilisation et d'utilisation de la main-d'oeuvre à des fins de développement économique;
c) En tant que mesure de discipline du travail;
d) En tant que punition pour avoir participé à des grèves;
e) En tant que mesure de discrimination raciale, sociale, nationale ou religieuse.
Le travail forcé ne se résume pas à faire travailler les gens en les brutalisant à coups de fouet comme vous vous l'imaginez. Répondre | Répondre avec citation |
"Personne n'est obligé de travaillé" n'est pas une remarque de rentier. Encore faudrait-il être d'accord sur la définition du mot "travail". Je ne pense pas que l'on est la même.
Mais peut être entends - tu par là que le citoyen moyen est obligé de travailler, dans une sorte d'esclavage, pour s'acheter des DVD, une climatisation, des congés sur la côte d'azur, du nutella, des mèches chez les coiffeur, un tel portable, des clopes, un loto, un pmu, un demi, un pastis, une voiture 16 soupapes, 5 jouet par enfants à noel… Et que le pauvre il a pas le choix
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NON !!! Tout simplement, payer son loyer et sa facture EDF… Là non, "le pauvre il a pas le choix". Répondre | Répondre avec citation |
Je vais citer le PDG de carrefour (dans l'esprit): "Quand notre client smicard a payé en début de mois son abonnement canal+, ses 4 abonnements de tel portable, ses DVD des experts, le gâteau au chocolat 8 portions, le gouter pré emballé en portion individuelle des ses enfants (tellement moins cher qu'une tranche de pain avec du beurre…), le jeu Xbox en promo a seulement 75€, les traites de son écran plasma 105cm à 17% d'intérêt, il dit qu'il ne s'en sort plus et ne peut pas payer son loyer et nourrir sa famille. Voilà pourquoi nous élargissons notre offre de bouffe immonde premier prix".
PS : elles sont trop dur a deviner ces cases cryptée
Hors les quelques % (allez entre 0.5 et 2%) de personnes totalement "cassé" (alcoolique/drogué/sorti de la ddass/détruit psychologiqueme nt/mere célibataire sans papier…), t'arriveras pas a me faire pleurer sur le chômeur qui peut pas payer son loyer. Répondre | Répondre avec citation |
Contre-argumenter sur le chômeur avec l'exemple d'un smicard, c'est vrai polémiquer pour rien.
Chômeur n'est pas une classe sociale distincte. C'est un état de fait.
Les habitudes de consomation dépendent surtout de l'état de fait qui précédait.
Personne ne vous demande de pleurer mais constatez simplement le budget national de l'aide au logement (hors aides aux investissements locatifs bien sûr)
et vous aurez une idée précise du nombre de personnes qui n'ont pas les moyens de se loger.
c'est donc l'état qui prends ces dépenses en charge,
alors même que les minima sociaux permettent tout juste de se nourrir normalement. (Et au smic cela reste juste).
Logés,
Nourris …
contre un emploi imposé …
voilà qui ne coûte pas cher aux "bons maitres".
Ni esclavage, ni STO, mais bien plus interessant :
Contrôle des chômeurs et déréglementatio n du travail.
L'esclave sans payer les matons !
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Vous n'avez pas de loyer à payer, de factures d'énergie, d'assurance et autres factures qui ne sont pas facultatives pour venir nous raconter votre belle histoire à dormir debout que si le français commence à avoir du mal à payer sa nourriture et celle de sa famille c'est parce qu'il collectionne les écrans plats?
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Tu pleureras peut-être sur ton sort le jour où ça t'arrivera… Bonne chance ! Répondre | Répondre avec citation |
Puisque sans argent vous ne pouvez vivre dans notre société, forcer les gens à exercer n'importe quel emploi salarié (de préférence déqualifié et dégradé, les emplois les plus nombreux disponibles à l'heure actuelle) est facilité par la prise de mesures autoritaires visant à supprimer/diminuer toute allocation chômage/minima sociaux.
C'est bien ce que le gouvernement a pour projet:
Punir les chômeurs qui persistent à vouloir choisir leur emploi et être regardant sur leur salaire en les privant d'une partie (ou la totalité) de leur ressources financières afin de les rendre plus "raisonnables".
Et ce n'est qu'un début… Répondre | Répondre avec citation |
De quel droit on choisirait son emploi ? OK moi je choisis rond de cuir en bureau et toi déboucheur d'égout section sortie de toilette. OK ?
Que le ptit jeune sans qualification refuse de faire maçon a 50h/semaine (heure sup non payé bien sur) sous le caniard ou dans le froid et l'humidité pour le smic a 300€ de frais de déplacement par mois de sa poche : OK.
Qu'il choisisse son boulot et son salaire. Jusqu'a quelle limite ?
Il faut bien penser que ce ne sont pas que les riches qui votent a droite. Qu'un employé dans ces boulots de merde mal payé pense facilement que si lui accepte de faire un boulot de merde mal payé, pourquoi devrait-il cotiser pour un qui ne veut pas le faire … Et d'un autre côté, si on ne peut pas refuser un emploi a partir d'un seuil "boulot merdique/salaire merdique", le patronnat aura vite fait de niveler par le bas.
Les 2 situations sont extremistes, mais vos propos "gaucho-démago" sont aussi ignobles que ceux du patronat libéral.
Il me parait tout a fait justifié que l'on discute de "qu'est ce qui est acceptable et qu'est ce qui ne l'est pas". Répondre | Répondre avec citation |
Il me parait tout a fait justifié que l'on discute de "qu'est ce qui est acceptable et qu'est ce qui ne l'est pas".
C'est justifié et justifiable.
Commençons par nous demander pour qui l'emploi doit être acceptable.
Vous ?
Moi ?
Tout le monde ?
universellement ?
bi latéralemeent ?
Uni lateralement ?
? Autoritairement ??
Et Qui décide ?
Vous ?
Moi ?
Tout le monde ?
universellement ?
bi latéralemeent ?
Uni lateralement ?
? Autoritairement ??
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Je n'ai pas utilisé le mot dégradant. J'apprécierai que vous ne me fassiez pas de procès d'intention.
Vous nous donnez le catalogue des métiers que vous estimez dégradant, l'air de rien,: éboueur, maçon mais c'est votre avis pas le mien que ce soit dit une fois pour toute.
Pour ma part, je suis favorable à ce qu'un PDG ne reçoive qu'un salaire de 1000 euros (et pas un euro de plus) et un éboueur un salaire de 3000 euros (minimum) et tout d'un coup vous verriez que votre notion de boulot dégradant changerait du tout au tout.
Les gens devraient être payés au moins en fonction du critère de l'utilité sociale de leur travail. Le travail de quelqu'un qui passe une bonne partie de sa carrière à contribuer au licenciement de salariés est il vraiment utile pour la société?
Vous croyez que c'est le rêve de tout le monde de travailler enfermé dans un bureau toute la journée?
Peut être le vôtre mais définitivement pas le rêve de tout le monde.
Si je vous comprends bien, vous pourrez me corriger, vous trouvez normal que des gens travaillent à perte et qu'il n'y a rien d'anormal au fait de choisir pour eux leur emploi surtout s'ils sont jeunes?
Vous avez une méconnaissance du système de l'assurance chômage.
Quelqu'un qui ne travaille pas (ou pas assez) a le droit à 0 euros d'allocation chômage.
Mieux, quelqu'un peut cotiser sans avoir jamais le droit à une allocation chômage. (cela vous étonne n'est ce pas?)
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Il faut bien comprendre que les métiers dits "en tension"
ne font pas du tout partie dle problème.
D'ailleurs le bâtiment est plein de "faux chômeurs" : les travailleurs sans papiers.
Les métiers vers lesquels seront "orientés" les demandeurs d'emploi sont des emplois de type "chaîne" : mécaniques, répétitifs, etc, etc.
C'est à dire les futurs investissements dans une société en recession.
Remarquez que
"produire à bas coûts pour le confort des pays émergeants"
n'est qu'un juste retour des choses.
Y'a bien les tennismans qui ont un bras plus dévellopé que l'autre,
je suis curieux de savoir quelles seront les morphologies dans 10 générations à ce rythme.
Heureusement, nos élites pourront sans doute se faire greffer à volonter toutes sortes de bio-prothèses.
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Un dumping social franco-français dénoncé par Pierre Concialdi, économiste à l’Institut de recherches économiques et sociales.
Un projet de loi qui va faire tendre les salaires vers le Smic et aura des effets dévastateurs puisqu'il va accentuer la récession déjà en cours, écrit-on sur AgoraVox. Répondre | Répondre avec citation |
D'autant que comme le rappelle tristesir, on ne peut vivre sans argent dans notre système, donc à moins d'être rentier ou de gagner au loto, nous sommes tous déjà contraints à travailler. D'où toute l'absurdité d'une société ultra-libérale qui s'écroule et ne peut désormais offrir à tous un emploi, encore moins digne et correctement rémunérateur, mais s'acharne, non pas à trouver des alternatives, ce qui serait beaucoup plus compliqué et dangereux pour elle-même, mais à persécuter ceux qui du même coup deviennent les raisons directes des problèmes de tous.
Le fait d'imposer un travail sous la menace d'une radiation, et donc d'un arrêt des indemnités même provisoire, est une méthode coercitive répréhensible. C'est s'attaquer aux moyens de subsistance et donc aux conditions de vie, voire à la vie elle-même des personnes ainsi menacées. Si l'état trouve le moyen d'y glisser une obligation par exemple civique, la convention sur l'abolition du travail forcé pourrait être contournée, du moins je ne serais pas surprise d'entendre dans un avenir proche un gouvernement évoquer des obligations ainsi légalisées grâce à d'habiles pirouettes linguistiques.
Par contre, la nouvelle mesure concernant "l'offre raisonnable" n'est pas l'attribution d'un emploi sous la contrainte mais l'acceptation de postuler à une offre, c'est tout à fait différent. Il faudrait d'abord que l'anpe soit en mesure de proposer quoi que ce soit, et dans bien des secteurs elle en est tout à fait incapable. Ensuite postuler ne garantit en rien une embauche, d'autant que les employeurs sont plutôt réticents à employer des personnes résidant très loin de leur lieu de travail car cela représente pour eux des risques de retard et d'absentéisme.
Enfin, quoi de plus facile de foirer une candidature ?! Si l'emploi proposé par l'anpe ne convient pas à l'intéressé, qu'il soit sous-payé, précaire, trop loin ou les trois à la fois, on ne prend aucun risque à postuler en toute honnêteté, c'est à dire sans aucune motivation. Et si on se retrouve malgré tout choisi pour le poste - à la vue d'une lettre peu enthousiaste et à l'issue d'un entretien peu convaincant, c'est assez peu probable mais admettons - la période d'essai est une opportunité supplémentaire pour démontrer que l'on n'est pas une affaire. C'est du pur sabotage, j'en conviens, mais quelle autre alternative ont les chômeurs pour défendre leurs droits, si tant est qu'ils en aient encore. Répondre | Répondre avec citation |
Et déjà des pistes merveilleuses s'ouvrent. Un emploi "acceptable", ce sera un emploi moins bien payé que le précédent. Le chômeur devra "accepter" 80% de ce qu'il touchait avant. Formidable, non ? Tout augmente, le prix du logement et des aliments et de l'essence et du gaz, le salaire de Sarkozy et les bénefs des entreprises du CAC 40 et les parachutes dorés, tous nos dirigeants ne cessent d'invoquer la croissance et prétendent nous faire "gagner plus", et les seuls qui doivent accepter la décroissance de leurs revenus, ce sont les chômeurs. Des sous-hommes, au fond.
Une autre idée qu'elle est belle : un emploi est acceptable s'il se trouve à pas plus de deux heures, ou d'une heure, ou de trente kilomètres, c'est encore flou, du domicile du chômeur. À pied, à cheval, en bagnole, qu'il y ait ou non des transports en commun, que le chômeur se débrouille, qu'il paie l'essence, ça fera marcher l'industrie automobile et les affaires et la croissance du CO2 !
Mais le plus admirable, l'idée sous-jacente qu'il s'agit de faire avaler après l'avoir rendue présentable à coup de bla-bla et d'enfumage, et de formulations selon lesquelles cet emploi devra être "compatible avec la formation" du chômeur, tu parles, c'est de l'obliger à accepter un boulot qui n'ait rien à voir avec son parcours, ses compétences, son histoire personnelle. Il faut être "flexible", non ? Mobile. S'adapter. Ne pas s'accrocher bêtement à ce qu'on sait faire, à ce qu'on aime faire, à ce qu'on a envie de faire.
Voilà à quoi mène l'éloge chaque jour martelé de la liberté des affaires : au travail obligatoire. Plus le marché se veut libre, plus il a besoin d'hommes serviles.
Mais le problème des serfs, c'est qu'en général ils détestent leur servitude. Et leur patron. Et le boulot qu'on leur impose. Alors ils cherchent à se venger de leur condition. Les aide-cuistots pissent dans la soupe au potiron. Les bonnes piquent dans le tiroir de la patronne. Les manœuvres cochonnent les finitions. Certains rêvent de révolution. Absentéisme, arrêt-maladie, rapines : les hommes au rabais font du travail au rabais. Même les sales boulots peuvent se faire salement, c'est bien connu. Et ce seront évidemment des sales boulots qu'on ordonnera aux chômeurs de trouver "acceptables".
On l'avait déjà dit ici, quand Sarkozy avait lancé cette idée de petit caporal (Le Canard, 21/02/07) : non seulement les chômeurs sont déjà soumis à des contrôles sévères (le nombre annuel des radiations en fait foi) mais ils sont aussi déjà sanctionnés en cas de refus d'emplois correspondant à leur formation. En rajouter, c'est ajouter de l'humiliation. Humiliez, humiliez, il en restera toujours quelque chose…
Jean-Luc Porquet pour Le Canard Enchaîné du 14/05/08 Répondre | Répondre avec citation |