C'est dit : en plus de l'inique projet de loi sur l’«offre raisonnable d'emploi» à imposer aux chômeurs contre sanctions, véritable passage en force qui s'assoit sur l'avis et le rôle des partenaires sociaux dans la réforme de l'assurance chômage (en gros : pas de négociation, c'est déjà voté !), le secrétaire d'Etat à l'Emploi Laurent Wauquiez a confirmé l'augmentation prochaine des cotisations vieillesse par transfert à due concurrence d'une partie des cotisations chômage.
Bien que le déficit de l'Unedic soit loin d'être comblé - il s'élève encore à 9,9 milliards d'€ -, il est question de diminuer la cotisation chômage (actuellement 4% du salaire brut pour les employeurs et 2,4% pour les salariés) au profit de la cotisation retraite (actuellement 8,2% du salaire brut pour les employeurs et 6,55% pour les salariés, selon le régime de base), sous prétexte que la situation de l'Unedic s'améliore : or, on sait à quel point ce redressement s'est fait sur le dos des chômeurs. Est aussi envisagé le transfert d'une partie des «excédents» de l'Unedic vers la CNAV, déficitaire de… 4,6 milliards d'€.
Sous couvert d'améliorer (d'intensifier) le service rendu (le harcèlement) aux privés d'emploi, notamment par le biais de la fusion ANPE-Assedic (qui ne vise qu'à réaliser des économies d'échelle), force est de constater qu'avec ces transferts financiers, l'indemnisation, la formation et l'accompagnement des chômeurs ne pourront qu'en pâtir. Pourtant, hormis la fiche de paie, d'autres sources de financement de la protection sociale existent : nous l'avons déjà dit ici. Pourtant, et nous le répétons, les chômeurs ne sont pas responsables de leur situation.
Une «rupture» intergénérationnelle ?
Toute discorde semée, il semblerait que le gouvernement fasse mine de récompenser son électorat : car si 75% des votants au chômage n'ont pas donné leur voix à Nicolas Sarkozy, 75% des plus de 65 ans qui se sont déplacés aux urnes ont largement contribué à le mettre sur son trône. Et dans le sondage CSA du 25 Avril dernier où 61% des Français seraient favorables à la mise en place de sanctions pour les personnes refusant deux offres d’emplois correspondant à leur qualification (en réalité : deux offres d’emplois dégradés à 1 heure de chez soi, super mal payés mais qu'on est obligé d'accepter), on trouve un pic à 71% d'avis favorables parmi… les retraités !
Alors qu'ils vont se contenter d'une ridicule revalorisation de 0,8% de leurs pensions en septembre et que la canicule de 2003 a allongé leur espérance de vie, il y a de quoi s'inquiéter... Entre le jeunisme pratiqué par les employeurs et la mentalité réactionnaire de la plupart de nos anciens, l'un comme l'autre appuyés par nos dirigeants, le chômeur, dindon de la farce de l'économie libérale, est bel et bien coincé.
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