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Accueil Social, économie et politique Retraites : un florilège d'hypocrisies

Retraites : un florilège d'hypocrisies

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A l'occasion de cette journée de mobilisation, de l'obstination gouvernementale à l'indigne duplicité du journal Libération qui consacre sa Une à l'avenir des retraites, les fourberies s'accumulent.

Bien que François Fillon soit certain de percevoir une retraite à taux plein de 8.000 € par mois quand il choisira, lui, de mettre fin à sa carrière politique, il a répété que le passage à 41 ans de la durée de cotisation d'ici 2012 est acté dans SA réforme de 2003 et qu'il n'est donc pas négociable.

Rien sur la bonne fécondité des Françaises. Rien sur la pénibilité. Rien sur l'amélioration du taux d'emploi des plus de 55 ans, les "seniors" étant toujours les premiers à faire les frais des licenciements et qu'il est même devenu difficile de retrouver du travail dès l'âge de 40 ans. Rien sur la précarisation de l'emploi, une tendance lourde qui a pour conséquence un morcèlement des parcours professionnels, donc une plus grande difficulté à réunir le nombre d'annuités nécessaires. Ce matin, sur i>Télé, le journaliste Jean-Jérôme Bertolus annonçait que 40% des actifs nés dans les années 60 n'auront pas de retraite à taux plein...

Cet allongement de la durée de cotisation - vendu par Xavier Bertrand comme un impératif de vie ou de mort du système des retraites alors que tout le monde sait que c'est faux - ne suffira pas à combler le trou : il rapportera 2,5 milliards d’€ d'ici 2012 (à comparer avec les 15 milliards du "paquet fiscal" qui ont été lâchés sans difficulté…) tandis que le déficit de la branche vieillesse du régime général devrait atteindre 11 milliards au même moment.

Le chômage est ignoré

De même, la mesure nous est vendue comme si le chômage n'était plus un souci alors qu'avec un taux (artificiel) situé sous la barre des 8%, nous sommes toujours - ne l'oublions pas - dans un contexte de chômage (et de sous-emploi) de masse.

Qu'à cela ne tienne : même Libération, qui propose aujourd'hui quelques «voies de réforme possibles», évoque en idée N°1 comme «non seulement souhaitable, mais indispensable» le transfert des cotisations chômage sur l'assurance vieillesse ! Alors que le déficit de l'Unedic (9,9 milliards) est loin d'être résorbé et qu'on ne sait pas si le chômage va continuer de baisser, piquer l'argent des chômeurs, déjà harcelés et spoliés d'allocations et de formations décentes, est une proposition hautement scandaleuse de la part d'un tel journal.

Pire ! Idée N°4 : «Remettre les 45-60 ans au travail»... Libération n'échappe pas au glissement sémantique qui consiste à laisser sous-entendre que les 45-60 ans renâclent à aller travailler, alors que ce sont les entreprises qui s'en débarrassent et les discriminent à l'embauche !!!

On ne veut pas prendre l'argent là où il est

Manque l'idée N°7 où taxer les stock-options, les parachutes dorés, les bénéfices non réinvestis (100 milliards par an !), les plus-values et autres revenus spéculatifs, etc… serait «non seulement souhaitable, mais indispensable». Mais chez Libé comme au gouvernement, passer sous silence l'élargissement de l'assiette de cotisations fait consensus. Pourtant les richesses sont là et plus elles s'accumulent, moins elles sont partagées : tel est le cœur du problème.

Manque l'idée N°8, avancée par la présidente de la CNAV Danièle Karniewicz, qui ose aborder l'immense responsabilité des employeurs dans ce gâchis. Elle propose que les entreprises qui se séparent de leurs salariés seniors aient l'obligation de continuer à payer leurs cotisations retraite sur la base du dernier salaire d'activité, jusqu'à ce que ceux-ci retrouvent un emploi ou mettent fin à leur carrière professionnelle : cette surcotisation individuelle pour l'employeur, dit-elle, aurait plus d'effet que la majoration globale envisagée par le gouvernement à l'horizon de 2010, ou qu'un système de "quotas" ou de "bonus-malus". Alors ?

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Mis à jour ( Jeudi, 22 Mai 2008 13:59 )  

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