Les créations d'entreprises sont reparties à la hausse en avril, nous dit-on. Elles ont augmenté de 3,5% à 28.635, après avoir reculé de 4,1% en mars. Selon les chiffres de l'INSEE publiés jeudi, le nombre cumulé des créations d'entreprises entre février et avril a progressé de 9,5% par rapport aux mêmes mois de 2007. Quant au cumul sur 12 mois, il ressort en hausse de 12,2% à 333.455.
C'est Christine Lagarde qui va être contente ! Du haut de sa balance elle jubile déjà, pointant un nombre proche de «son record historique» et une performance «qui confirme le sursaut de l'esprit d'entreprise observé depuis plusieurs mois en France». Sursaut qui devrait, selon elle, se poursuivre grâce à la "loi de modernisation de l'économie" - mais oui, mais c'est bien sûr ! - qui sera examinée la semaine prochaine au Parlement... Et on nous serine encore que, sur l'ensemble de 2007 (année Sarkozy), plus de 321.000 entreprises ont été créées en France soit «le meilleur score depuis 2000».
L'arbre qui cache la forêt
Heureusement qu'il y a encore de vrais journalistes pour faire leur travail en analysant les infos brutes issues des dépêches officielles tandis que la plupart des médias se contente d'un vulgaire copié-collé. Libération, par exemple, fait le même constat que nous et ose même parler de «fable» : le boom de la création d’entreprise n’est pas lié à la croissance et à la bonne santé de l'économie, mais à la persistance du chômage de masse et au durcissement de ses conditions d’indemnisation. La preuve : 42% de ces créations ont été portées par des chômeurs et 87% d'entre elles… n'ont pas de salarié. De plus, la pérennité de ces nouvelles structures, dopées par l'aide publique, reste fragile. Alors qu'elles avaient déjà augmenté de 4,9% en 2007, les défaillances d'entreprises ont bondi de 9,9% en glissement annuel à fin avril, signale La Tribune... Et dans Libé, on apprend aussi que la France compte, proportionnellement, plus d’entrepreneurs qu’aux Etats-Unis : est-ce réellement bon signe ?
Idem pour les offres d'emploi de l'ANPE, qui annonce une forte hausse au premier trimestre : sur les 923.362 offres recueillies de janvier à mars, 327.400 seraient des CDI, soit une progression de 10,4%. De quoi nous faire croire que la précarité recule !!! Que du quantitatif et rien d'autre pour étayer ces allégations. Car, si le bon vieux CDI de 35 ou 39 heures demeure le symbole de l'emploi décent, nombreux sont ceux qui ont pris la forme du temps partiel, notamment dans les «secteurs porteurs» énoncés, tels que la grande distribution ou l'aide à la personne... Pour l'ANPE qui, à l'instar du gouvernement, ne s'encombre pas de détail, qu'ils soient de 10, de 26 ou de 32 heures par semaine, qu'importe s'ils ne permettent pas de vivre : c'est toujours des CDI de comptés !
Méfions-nous de ces marronniers politiques.
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