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Mais oui, figurez-vous : car si en France y’a du chômage, c'est à cause des chômeurs ! Et c'est pour ça qu'il faut faire une réforme précisément «sur» eux (ou plutôt… sur leur dos ?) car, si y’a des chômeurs, c'est à cause de ces fichues allocations ! Faisons en sorte de leur couper les vivres et vous verrez qu’«le chômage va continuer à baisser»... CQFD.
Le discours est toujours bien rodé : «Il faut indemniser ceux qui n'ont pas d'emploi mais ceux qui n'ont pas d'emploi doivent accepter l'emploi qu'on leur propose, ou alors c'est injuste à l'endroit de celui qui travaille», a-t-il dit dans son bon françois fluide. Nicolas Sarkozy a toujours pointé - avec plus ou moins de bonheur puisqu'on se souvient encore du plaquiste aux 67 offres refusées… - des cas marginaux qu'il érige en généralité. C'est sa recette. Avec Nicolas Sarkozy, l'exception c'est la règle (comme la liberté, c'est l'esclavage ou l'ignorance, c'est la force).
De toutes façons, son travail, «ce n'est pas d’gérer l’chômage» (enfin si, mais au mieux pour ses amis patrons). Le chômage est la solution, mais pas question d’ s'enquiquiner avec les chômeurs ! S'il y a du chômage c'est d’leur faute alors, autant s’débarrasser de cette engeance. Un demandeur d'emploi soumis qui accepte n'importe quel job à n'importe quel prix est un bon chômeur, puisqu'il n'encombrera plus les statistiques. Mais un privé d'emploi qui refuse d'aller bosser au Smic malgré ses vingts années d'expérience est un ringard doublé d'un mauvais chômeur qu'il faudra radier... Allez ouste ! au RMI.
Il n'en faudra plus que 5% en 2012 : un par un, avec les dents s'il le faut, on va finir par y arriver !
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Commentaires
Le projet de loi "relatif aux droits et devoirs des demandeurs d'emploi" devait être présenté en conseil des ministres à la mi-juin pour une adoption avant l'été. Ce texte, qui comporte deux articles, propose de sanctionner les chômeurs refusant deux "offres raisonnables d'emploi". Cette sanction consistera en une radiation, dont les conditions seront précisées par décret.
La nouvelle "offre raisonnable" est évolutive. Plus longue sera sa période de chômage, plus le demandeur d'emploi devra accepter un emploi éloigné de ses exigences initiales. La rémunération proposée pourra être inférieure au dernier salaire et, après un an de chômage, être équivalente à son revenu de remplacement (RMI, allocation de solidarité spécifique…).
Le Monde a demandé son avis à Jacques FREYSSINET, président du conseil scientifique du Centre d'étude de l'emploi :
Cette approche "dégressive" de l'offre "raisonnable" d'emploi va-t-elle dynamiser le retour à l'emploi des chômeurs ?
En annonçant son projet, le gouvernement critiquait la définition de l'offre valable d'emploi inscrite dans le Code du travail, qu'il trouvait trop vague. Si on regarde le projet de loi, il n'y a aucune nouvelle définition, on rend au contraire cette offre indéterminée. On sait seulement qu'elle fera l'objet d'une définition conjointe entre le demandeur d'emploi et l'institution qui remplacera l'ANPE.
Il est positif que le chômeur et son conseiller discutent ensemble de l'objectif. Mais il est problématique que ce soit à partir de cette définition informelle que se déclenchent les sanctions. Le demandeur d'emploi pourra être radié s'il refuse des offres, sur la base d'une définition qui ne sera pas inscrite dans la loi. Tout va dépendre du comportement des agents de l'ANPE et de la relation qui va s'établir entre ces derniers et les chômeurs.
Cette politique des droits et devoirs est-elle incitative ou "culpabilisatrice" comme le dénoncent syndicats et associations de chômeurs ?
Le gouvernement surfe sur le thème du "faux chômeur". Toutes les fois que l'on promeut une politique justifiant des mesures de contrôle, on est confronté à ce discours démagogique. Quant aux effets incitatifs, je ne connais pas d'expérience permettant de répondre de façon objective. Les études qui ont été menées sur la dégressivité, en cours entre 1993 et 2001 - l'allocation diminuait progressivement pour que le chômeur accepte plus vite un emploi -, ont montré qu'elle n'avait pas d'effet direct.
Les comparaisons internationales révèlent que la pression exercée sur le chômeur, pour être efficace, doit être accompagnée d'actions positives d'aide au retour à l'emploi, formation, orientation…
Ne doit-on pas inciter les chômeurs à se porter sur les offres d'emploi non pourvues ?
Ces offres d'emploi non pourvues sont de deux ordres. Il y a d'abord des emplois requérant des qualifications spécifiques. Ce n'est pas en sanctionnant les chômeurs que ces offres seront pourvues : il s'agit d'un problème de formation, d'autant que ceux qui restent un certain temps sans emploi sont ceux qui sont le plus en difficulté.
Le deuxième gros volume d'offres vacantes concerne les "bad jobs", comme disent les Anglais : les emplois précaires, mal payés, avec des conditions de travail difficiles. Dans la mesure où le projet isole la sanction de toute mesure positive d'aide au retour à l'emploi, il ne reste que la menace. Si on exerce une pression financière sur les chômeurs, ils seront obligés d'accepter ces emplois espère-t-on. Il s'agit bien du but du gouvernement, qui ne peut être affiché comme tel.
Le Monde a aussi demandé à 7 chômeurs/chômeuses de donner leur avis => LIRE ICI… Répondre | Répondre avec citation |
• Accentuer les sanctions pour baisser les salaires
C'est l'objectif numéro un : le projet du gouvernement consistant à «tirer les conclusions du refus par un demandeur d’emploi de deux offres d’emploi raisonnables» et à imposer qu'il accepte rapidement un poste à la rémunération inférieure à son salaire antérieur ou égale à son revenu de remplacement, ne vise qu'à niveler toujours plus l'ensemble des salaires par le bas, alerte l'économiste Pierre CONCIALDI.
• Loi sur les conditions d’indemnisation des chômeurs : solution ou danger ?
Un dangereux projet de loi qui va faire tendre les salaires vers le Smic et aura des effets dévastateurs puisqu'il va accentuer la récession déjà en cours. En fait, une menace pour la société.
Et l'étape suivante sera, très certainement, la réforme du Smic avec… sa suppression. Répondre | Répondre avec citation |
On était prévenus : avant son interview sur RTL, Nicolas Sarkozy s'était fendu d'une visite à Rungis et à ceux «qui se lèvent tôt». Là-bas, il a fait son marché de lieux communs et autres considérations générales de président «proche du peuple». Dès son arrivée sur les ondes, il enfonce donc le clou : il entend s'adresser à «la France qui travaille, se lève tôt, ne casse pas les abribus, ne manifeste pas et a les mêmes problèmes que les autres», à ces gens «qui vont au travail et sont dans leur voiture» - exit les Français syndiqués, les Français qui n'ont pas de voiture, les Français qui travaillent la nuit ! Et que lui dit-il à cette France qui a constitué le gros de son électorat ? «Vous savez, je préfèrerais pas avoir toutes ces réformes à conduire, moi ça m'amuse pas».
Premier constat présidentiel : «La vie est trop chère». Sarkozy promet donc de faire de la France «le pays où la vie est moins chère», comme dit la pub d'Intermarché. Comment ? En donnant «aux fournisseurs et aux distributeurs» la «possibilité de négocier leurs tarifs». Il faut également «plus de concurrence entre les grandes surfaces» (entre Carrefour et sa filiale low-cost, par exemple ?). Oublié, le petit commerce. Balayés, les petits producteurs. Le président sait qu'il parle aux Français qui vont faire leurs courses à Auchan ou Lidl.
Mais Sarkozy n'oublie pas non plus qu'il s'adresse ce matin à des Français qui roulent en voiture. D'où la tartine sur le pétrole. Et ce nouveau constat présidentiel : «Quand on fait on plein on est affolé par l'augmentation du prix». «Et ça va pas s'arranger, prédit-il : la demande est de plus en plus forte et l'offre n'augmente pas». Heureusement, notre président est un malin : «C'est pour ça que j'étais en Angola vendredi dernier». C'est donc l'Angola, gros producteur d'or noir mais surtout pays le plus corrompu du monde, qui va nous sauver de la crise du pétrole !
Le chômage, c'est la faute aux chômeurs
Après nous avoir asséné quelques considérations sur les lenteurs de la bureaucratie européenne - «Vous connaissez les processus européens…» - qui empêchent notre président de régler là tout de suite maintenant la crise pétrolière en suspendant la TVA sur l'essence, Sarkozy passe la surmultipliée en évoquant le chômage.
Ben oui, Madame Michu, le chômage, c'est la faute… des chômeurs. Ainsi, dès lors qu'on décide de sanctionner les chômeurs qui refusent deux emplois de suite, le chômage ne peut que baisser ! Et puis, «les gens n'ont pas à travailler pour payer les allocations de ceux qui ne veulent pas s'en sortir», explique le président, oubliant au passage que le chômage est une assurance et que ceux qui en bénéficient ont cotisé. Peu importe, pour la France qui se lève tôt, le chômeur est un glandeur et Nicolas Sarkozy n'entend pas la détromper.
Quant aux 35 heures, ma bonne dame, il faut les maintenir car sinon comment qu'on fait pour calculer les heures sup’ ? nous explique-t-il. En revanche, «on supprime tous les verrous qui empêchent les Français de travailler». A commencer par le travail dominical : «Est-ce normal que les touristes qui viennent le dimanche arrivent chez nous et tout est fermé ?» se demande notre président. Ah ben oui, quelle image on donne, hein ? Des glandeurs, on vous dit, des gens qui passent leur temps à manifester ou à casser des abribus.
Super Sarko nous sauve de Parisot !
Sur les retraites, coup de maître. Sarkozy se pose en défenseur des travailleurs opprimés que Laurence Parisot voudrait faire bosser jusqu'à 63 ans et demi. «Je ne le ferai pas. Je n'en ai pas parlé pendant ma campagne et je n'ai donc pas de mandat pour faire cela», explique-t-il, inflexible. En face, pas un seul de ses trois interviewers n'ose le relancer sur la réforme des retraites. Le sujet est clos. Sarkozy reste donc celui qui nous sauve des griffes de la présidente du Medef.
«J'apprécie beaucoup la sagesse des Français, je sais que la vie n'est pas facile», conclut-il. «La vie est difficile», redira-t-il plus tard. On veut bien le croire. En revanche, la vie de président, ça a l'air plutôt cool. Surtout avec des interviewers comme Duhamel, Hondelatte et Aphatie, qui ont servi la soupe juste ce qu'il faut, et copieusement évité le sujet (un sujet difficile, comme la vie) de la crise de la majorité.
Bref, la grande nouvelle , c'est que Nicolas Sarkozy vient d'inventer le président de la République qui fonctionne à l'énergie renouvelable : du vent, du vent, du vent !
(Source : Marianne) Répondre | Répondre avec citation |
• 15% l'ont même connu au moins trois fois
• 24% disent avoir toujours alterné périodes d'emploi et de chômage
• 31% ont vécu une période de chômage supérieure à un an
• 15% ont bénéficié au moins une fois dans leur vie d'un minima social
• 10% déclarent travailler ou avoir déjà travaillé sous contrat aidé
• 15% de ceux qui travaillent se considèrent «dans une situation professionnelle précaire ou très précaire»…
Au total, un tiers des 25-59 ans sont ou ont été au chômage depuis/pendant plus d'un an au cours de leur carrière, ou bien ont été allocataires d'un minimum social (RMI notamment), ou bien ont "bénéficié" d'un contrat aidé.
Pour finir, un «noyau dur» représentant 14% des 25-59 ans a connu de façon récurrente le recours à un ou plusieurs dispositifs d'aide, soit au moins trois épisodes de chômage ou de passage aux minima sociaux. Et parmi les allocataires de ces derniers, face aux difficultés de recherche d'emploi, 49% disent avoir été découragés «au point d'arrêter de chercher pendant plusieurs mois».
Rappelons que, selon une évaluation du Centre d'analyse stratégique datée de janvier 2008, il y aurait en France entre 1 et 3,5 millions de personnes en âge de travailler qui seraient en "difficulté structurelle" sur le marché de l'emploi. Répondre | Répondre avec citation |