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Même si on atteint un niveau structurel de chômage autour de 5-6%, «tous les économistes le disent, on a un problème parce qu'on a des gens qui ont ce qu'on appelle une distance à l'emploi, pour des raisons de formation, d'âge, etc… Très jeunes ou très seniors, ils ne sont pas employables, ils sont trop loin de l'entreprise, et c'est là que le rôle de France Emploi et le rôle de l'Unedic, financeur de France Emploi, va être important.»
«On ne peut pas juste dire : Vous avez été ouvrière chez Moulinex pendant trente ans, vous avez fabriqué des presse-purée et demain matin, vous serez téléopératrice dans un centre d'appel», a-t-il expliqué. Pour éviter cet écueil, il souhaite «trouver les moyens que ces gens, qui n'ont pas eu la formation soit dans leurs études, soit tout au long de leur vie pour être adaptables au marché de l'emploi, puissent être formés et rapprochés» de ce marché.
«GRDB» osera-t-il affronter le gouvernement ?
Espérons que Geoffroy Roux de Bézieux réussira à limiter la casse car, pour l'instant, selon les projets de Xavier Bertrand et Christine Lagarde, il n'est pas question que les «excédents» de l'Unedic améliorent le sort des demandeurs d'emploi. En effet, alors que son déficit s'élève encore à 9,5 milliards d'€ et qu'à paramètres constants, l'assainissement de sa situation financière n'est prévu qu'à l'horizon 2010, il est question de transférer une partie de ces «excédents» à la branche vieillesse de la Sécurité sociale et de diminuer les cotisations chômage au profit des cotisations retraite.
De même, il est question que le budget formation de l'Unedic, qui n'a été dépensé qu'à moitié en 2007 et n'a bénéficié qu'à 5% des chômeurs, serve notamment à «dynamiser le contrat de professionnalisation pour les seniors»... On constate que les dépenses pour l'emploi, qui n'ont d'ailleurs cessé de baisser dès 2001 au gré de politiques qui s'enchaînent depuis 30 ans sans aucune cohérence, ont basculé en faveur des employeurs (contrats subventionnés à gogo, allègements de cotisations sociales sur les bas salaires…) au détriment de l'accompagnement des chômeurs - qui vire au business et au flicage - et de leur formation, considérée comme une charge et non un investissement.
M. Roux de Bézieux devra donc faire preuve de fermeté et s'employer à rectifier le tir afin que ces 200 millions d'€ scandaleusement inutilisés n'échappent à leur usage initial, et qu'ils soient efficacement redéployés pour se destiner à ceux qui en ont le plus besoin. Car les résultats sont sans équivoque : les privés d'emploi qui ont suivi une action de formation préalable à l'embauche sont plus de 70% à décrocher un poste trois mois après. C'est également le cas de la moitié de ceux ayant suivi une formation conventionnée, et 42% de ceux ayant fait une formation homologuée.
La déclaration du nouveau président de l'Unedic devrait rassurer les partenaires sociaux et, peut-être, insuffler un peu d'espoir pour une renégociation de l'assurance-chômage mieux équilibrée. On l'attend au tournant.
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Commentaires
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«C'est un parcours du combattant.» Laurent Balliner, un Nantais de 42 ans, veut apprendre la construction bois. Mais il a bien du mal à faire financer sa formation. Elle commence le 9 juin et le temps presse.
Les professionnels du secteur ont pourtant besoin de main-d'œuvre. À leur demande, l'organisme des Compagnons du devoir a élaboré un programme pour former une dizaine d'ouvriers monteurs de maisons à ossature bois.
Ce métier séduit Laurent, qui alterne depuis 2003 périodes de chômage et d'intérim dans la plomberie-sanitaire. «Je connais bien le secteur du bâtiment et j'ai déjà travaillé le bois», s'enthousiasme-t-il. De plus, son profil intéresse une société. Tout semble rouler.
Jusqu'à ce hic… La formation coûte 4.200 € par stagiaire. Laurent comptait sur un financement de l'Assedic. Cet organisme peut payer la formation des personnes auxquelles elle verse l'Allocation d'aide au retour à l'emploi (ARE). Laurent, lui, ne la touche plus : il est passé à l'Allocation de solidarité spécifique (ASS), en général inférieure à la première. C'est bien l'Assedic qui la lui verse, mais c'est l'État qui la finance. Encore faut-il ne rien ignorer des arcanes administratifs…
Des barrières administratives
Bref, Laurent découvre qu'il n'est pas éligible au financement par l'Assedic. «Le gouvernement incite les personnes à travailler, ce qui est normal. Mais on se heurte à des barrières administratives », peste-t-il.
L'homme ne se décourage pas. Il lui reste une solution : le Conseil régional. «Nous finançons plusieurs centaines d'aides individuelles à la formation chaque année, confirme Patrick Cotrel, le vice-président en charge de la formation professionnelle . Il faut pour cela s'adresser à l'ANPE qui instruit le dossier pour le transmettre à la Région.»
Laurent, lui, s'inquiète : il craint d'être hors délai. Il s'accroche. Multiplie les démarches. Malgré ses difficultés personnelles ; ses problèmes à une jambe l'ont fait reconnaître travailleur handicapé. «Cela empêche une station debout excessive. Mais je peux effectuer une journée de travail normale.» Ses revenus mensuels ? «Environ 450 € d'allocation de solidarité spécifique et 100 € de rente d'accident du travail.»
Laurent n'est pas le seul demandeur d'emploi à être un peu perdu dans le maquis de la formation. Professionnels et institutions invitent les demandeurs placés dans une situation identique à s'adresser d'abord à leur conseiller ANPE, dont la mission est l'orientation.
Laurent reste sceptique : «Pour l'instant, j'ai un peu l'impression que tout le monde se renvoie la balle.»
(Source : Ouest-France) Répondre | Répondre avec citation |
Le budget Unedic 2007 alloué à la formation des chômeurs, soit presque 400 millions, n'a été utilisé qu'à moitié. Alors que le gouvernement et les syndicats patronaux prônent haut et fort une amélioration de la formation des chômeurs afin de leur permettre une meilleure employabilité, on s'étonne que le budget prévu à cet effet n'ait pas été utilisé en totalité l'année dernière.
Au bout du compte, les 82.172 bénéficiaires de ce budget formation ne représentent que 5% des demandeurs d'emploi, même s'il faut faire la distinction entre les bénéficiaires potentiels du budget Unedic et les autres.
Pour mieux comprendre, rappelons qu'il existe plusieurs formes de formation des demandeurs d'emploi selon leurs prises en charge par l'Etat, les Conseils Régionaux et l'Unedic. Le nombre de chômeurs ayant bénéficié d'une formation est de fait beaucoup plus important si l'on tient compte de ces divers financeurs.
Pour prétendre bénéficier des fonds formation de l'Unedic, il faut être impérativement indemnisé par les Assedic.
L'Unedic finance trois types de formations :
• Les formations homologuées, c'est-à-dire des stages mis en œuvre et financés par l'Etat ou le Conseil régional. Les critères définis pour l'homologation sont pris en compte à partir des besoins en emploi identifiés comme prioritaires. L'Unedic finance alors uniquement les frais de transport et d'hébergement.
• Les formations conventionnées qui répondent aux critères de métiers dits "en tension". La liste de ces métiers est élaborée par région sur des postes non pourvus dans certaines filières.
• Les actions de formation préalables à l'embauche (AFPE) qui sont financées dès lors qu'un chômeur se voit proposer un emploi et qu'il lui faut suivre une formation d'adaptation.
Ce système a prouvé son efficacité, puisque 70% des chômeurs ayant pu bénéficier d'une formation préalable à l'embauche ont retrouvé un emploi à temps plein dans les trois mois. Parmi les 40.000 chômeurs qui ont bénéficié d'une formation conventionnée, la moitié d'entre eux ont trouvé du travail dans le même laps de temps. Et 42% pour les formations homologuées ! On peut donc s'étonner que la totalité des fonds ne soient pas utilisés.
L'explication, selon l'ANPE, viendrait en partie du fait que le «recensement des métiers en tension se fait par le biais de différents organismes : ANPE, DARES, INSEE, Sécurité sociale, entreprises… et que ce recensement prend parfois une année». En bout de chaîne, cela expliquerait l'inadéquation entre la liste des métiers en tension élaborée un an auparavant et les formations mises en place par la suite. «Les entreprises ont du mal à projeter les emplois sur un an ou deux, il est donc difficile de prévoir les formations sur la durée».
Bref, quand les chiffres officiels en BMO arrivent, les exigences des entreprises ont changé, la nécessité des formations n'est donc plus justifiée. Les budgets n'ont plus de raison d'être utilisés… Peut-être pourrait-on alors les allouer à financer d'autres formations, notamment celles en fonction des besoins des chômeurs ? Une fois encore le système marche sur la tête…
(Source : Jobetic) Répondre | Répondre avec citation |
Priorité à la formation?
L'exemple que donne ce type, comment passer d'ouvrière à téléopératrice me fait penser qu'ils ne vont pas se ruiner en formation.
Mais tu as raison, il ne faut pas s'emballer ! "Gentil patron" = oxymore. Répondre | Répondre avec citation |
Si je le comprends bien, pour passer correctement d'ouvrière à la chaîne à téléopératrice, il faut avoir reçu une "formation"…
Ainsi, quand tu as été ouvrière, tu dois rester abonnée au boulot à la chaîne à faible formation? (je me demande bien quel "formation" il faut , pour téléphoner à des gens pour leur fourguer des trucs?)
Je persiste à écrire, que l'exemple donné par ce type est un exemple au rabais de "formation". Répondre | Répondre avec citation |
Il est le président de The Phone House (avec Pierre Cuilleret) et de Breizh Mobile en 1996. Il a bâti en six ans le premier réseau indépendant de vente de téléphones mobiles, revendu à Carphone. Il devient directeur général Europe de Carphone Warehouse en 2000. Il a été élu président de l'association Croissance Plus, après Charles Beigbeder en 2005. Il est aussi directeur general du MVNO Omer Telecom (offres Virgin Mobile et Breizh Mobile) et est entré, à la demande de Christian Streiff, au conseil de surveillance du constructeur automobile PSA Peugeot-Citroën. Il est par ailleurs administrateur du Conseil de Surveillance de Virgin Stores, dont il est aussi actionnaire.
Il est nommé Président de l'Association "Alternative Mobile" le lundi 10 septembre 2007 et son vice-Président est Jacques Bonifay, président de Transatel.
Il a été l'un des membres de la Commission pour la libération de la croissance française, dite Commission Attali, qui a remis son rapport au président de la République le 23 janvier 2007.
Le 14 mai 2008, il est élu président de l'Unedic en remplacement de Michel de Virville, démissionnaire depuis mars 2008.
PS: L'ancien président de l'association Croissance plus était Charles Beigbeder, extrait de sa biographie selon Wikipedia…
Pourfendeur du système social français, il a déclaré dans une tribune au Journal du Dimanche (27 janvier 2008) que le rapport Attali permettrait enfin d'en finir avec cette France qui continue à vivre sur un modèle fondé en 1946, à partir du programme du Conseil national de la Résistance.
Il s'occupe du programme économique d'Alternative libérale et est intervenu au colloque fondateur du mouvement. Répondre | Répondre avec citation |