Du privé ou du public, le plus efficace n'est pas forcément celui qu'on croit. C'est, en tout cas, l'enseignement tiré des expérimentations menées depuis janvier 2007 par l'ANPE et le régime d'assurance-chômage en vue d'accélérer le retour à l'emploi des chômeurs. L'évaluation qui vient d'en être faite par le ministère de l'Emploi, en collaboration avec l'Ecole d'économie de Paris et le Centre de recherche en économie et statistiques (CREST), a de quoi surprendre : les 17 opérateurs privés (Altédia, Ingeus, Adecco, etc…) chargés par l'Unedic du suivi de 41.000 demandeurs d'emploi, ont eu un effet «positif en moyenne» : comparé au parcours classique proposé par l'ANPE, ils permettent de réduire de 5,7 points la proportion de personnes restées au chômage au bout de neuf mois. Mais cet effet «est trop faible pour que l'on puisse conclure avec certitude qu'il est statistiquement significatif», indique le ministère.
Qu'est-ce que cela signifie ? L'efficacité des cabinets est mesurée par une borne inférieure et une borne supérieure, qui donne un intervalle de confiance de 95%. Dans le cas des opérateurs privés, la borne inférieure est systématiquement négative, ce qui illustrerait une moindre efficacité par rapport au parcours classique. Le rapport ne détaille pas les résultats de chaque cabinet.
L'ANPE, qui a réagi à cette concurrence en montant son propre programme renforcé (Cap vers l'entreprise, 40.000 demandeurs d'emploi), a eu un effet «plus net en moyenne et statistiquement significatif». Dans son cas, la borne inférieure est systématiquement positive et la part des chômeurs ayant retrouvé un emploi au bout de neuf mois est supérieure de 16,9 points à ceux qui ont disposé de l'accompagnement «classique».
Les résultats risquent de peser
Cette évaluation, en date du 23 juin, n'est pas la première. Mais les précédentes, diligentées par l'ANPE ou l'Unedic, donnaient systématiquement l'avantage à leur prescripteur. Pour assurer la neutralité des comparaisons, les demandeurs d'emploi ont été, cette fois-ci, tirés au sort et affectés, de manière aléatoire, aux secteurs privé et public.
Encore non diffusé, ce rapport risque de peser au moment où le gouvernement promet d'améliorer le suivi des chômeurs. Bercy, qui envisageait de tripler le nombre de demandeurs d'emploi suivis par les opérateurs privés, pourrait changer d'avis au vu de ses résultats. Ses choix seront aussi dictés par des impératifs financiers, le coût du suivi renforcé de l'ANPE (1.300 € par chômeur) étant trois fois inférieur à celui des cabinets privés (4.000 € en moyenne).
A terme, le rapport recommande surtout une meilleure collaboration entre l'Unedic et l'ANPE, la concurrence ayant été préjudiciable aux premières expérimentations. «Le climat de concurrence entre l'ANPE et les cabinets privés accentue la césure entre le parcours de droit commun et l'accompagnement renforcé», regrettent les auteurs. Les demandeurs d'emploi suivis par les cabinets privés n'ont, par exemple, pas eu accès aux prestations additionnelles proposées par l'ANPE (bilans de compétence, formations courtes, etc…) qui auraient été «parfois nécessaires».
(Source : Les Echos)
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