Car le gouvernement, dans sa loi de finances initiale 2008 adoptée fin 2007, tablait sur une hypothèse de croissance de 2,25%. Mais il a, depuis, été contraint de revoir cette prévision à la baisse (entre 1,7 et 2%) en raison de l'impact de la crise financière sur l'activité économique mondiale et nationale. D'où ce «trou» annoncé par le ministre du Budget, qui estime cette «moins value» de 1 à 3 milliards d'euros pour l’impôt sur les sociétés (IS) et de 1,5 à 2 milliards pour l'impôt sur le revenu (IR).
Encore un bon prétexte pour claironner aux Français que «les caisses sont vides» et qu'il faut qu'ils se serrent la ceinture ?
Quelques propositions de «réformes»
Puisque tel est le maître-mot du Premier ministre, voici, au minimum, trois bonnes idées...
• L'année dernière, 73 milliards d’€ — soit 27% des recettes fiscales nettes de l'Etat et 3,8% du PIB — ont échappé aux caisses grâce aux 486 niches fiscales qui exonèrent des contribuables aisés, voire très aisés (on parle de 150 millionnaires), de l'impôt. Alors, messieurs Fillon et Woerth, à quand une «réforme» ?
• Le montant annuel de la fraude fiscale et sociale en France est évalué à plus de 40 milliards d’€ par an, soit presque l'équivalent du déficit public. Pourtant le fisc n'a récupéré, en 2006, que 7 petits milliards. Au lieu de focaliser sur la petite fraude aux prestations sociales (CAF, Sécu, Assedic…) qui n'a absolument rien à voir avec l'argent de l'Etat (car ce sont des cotisations sociales, pas des impôts) et ne représente un manque à gagner de 1,5 milliard maximum, pourquoi ne pas «réformer» l'administration fiscale en renforçant sérieusement ses moyens humains et juridiques afin de mener ses contrôles et, surtout, développer d'urgence la coopération internationale ?
• Chaque année, quelque 65 milliards d’€ d'aides publiques (dont 90% directement par l'Etat, soit 4% du PIB) sont accordées aux entreprises sans contrôle ni contrepartie sur l'emploi et les salaires. Messieurs Fillon et Woerth, à quand une «réforme» ?
Car, si les caisses sont vides, c'est bel et bien de votre faute !
Hélas, l'une des premières «réformes» votée par le gouvernement il y a tout juste un an fut la loi Tepa (ou «paquet fiscal», dont le coût annuel est évalué à 15 milliards d’€). Deux conséquences récentes :
• Pour 2007, le «bouclier fiscal» à 60% a permis à 14.981 foyers de percevoir un remboursement moyen de 16.100 € (une année de salaire à 1,3 Smic) tandis que 91% des montants restitués furent servis à des patrimoines supérieurs à 3,7 millions d'euros.
• Au premier trimestre 2008, le «bouclier fiscal» à 50% a permis à 1.291 foyers aisés, voire très aisés, de se faire rembourser en moyenne 47.060 €.
... Messieurs Fillon et Woerth, est-ce bien «raisonnable» ?
Dans ces conditions, aller vous affoler sur un «trou» de 3 à 5 milliards pour culpabiliser les Français (dont la moitié vit avec moins de 1.500 € par mois et 7,9 millions en dessous du seuil de pauvreté) relève du cynisme et de l'escroquerie intellectuelle, non ?
Articles les plus récents :
- 17/07/2008 04:46 - Pénibilité : un sabotage patronal
- 15/07/2008 23:09 - Sarkozy : «On a obligé les chômeurs à prendre un emploi»
- 11/07/2008 13:08 - PPDA, le chômeur heureux
- 11/07/2008 11:56 - Le chômage baisse
- 10/07/2008 16:06 - Sarkozy va remonter dans les sondages
Articles les plus anciens :
- 09/07/2008 22:56 - La «révolution tranquille» de François Fillon
- 09/07/2008 11:17 - RSA : c'est sûr, ce sont les pauvres qui vont payer !
- 07/07/2008 20:12 - La défunte DRE bénéficiait aux ouvriers et employés
- 07/07/2008 16:27 - La convention Unedic 2009-2011 prend du retard
- 07/07/2008 11:57 - Les chômeurs lésés par la «prime à la mobilité» en Une du Parisien