François-Xavier Clédat, chef de file de la délégation patronale et remplaçant de Denis Gautier-Sauvagnac, a décrété «la fin de la négociation» avec les syndicats sur la prise en compte de la pénibilité dans l'âge de départ en retraite, lors d'une ultime séance qui a ainsi tourné court. «Nous avons pris acte des propos des organisations syndicales qui conduisent à la fin de cette négociation. Un accord nous semblait possible sur le volet prévention, mais aucun compromis n'est apparu sur un dispositif de réparation». Et de conclure : «On ne peut accepter la mise en place de nouveaux régimes spéciaux»...
François-Xavier Clédat qui, lors de la réunion du 30 janvier, persistait à nier l'impact des conditions de travail sur la santé et l'espérance de vie des ouvriers, en dépit des études scientifiques les plus sérieuses, rejetant systématiquement toute proposition impliquant les entreprises. Un comportement qui a «choqué» le ministre du Travail et que la CGT a estimé frisant «l’immoralité et l’irresponsabilité».
Echec historique
Le ministre du Travail avait répété que l'Etat «prendrait ses responsabilités sur ce dossier» si les partenaires sociaux ne parvenaient pas à un accord : on sait ce que ça signifie. Maintenant, derrière les belles paroles, Xavier Bertrand n'a plus qu'à concocter un texte scélérat dont il a le secret — on l'a déjà vu à l'œuvre avec la réécriture de l’accord sur la représentativité syndicale.
A l'issue de la réunion, Danièle Karniewicz (CFE-CGC et présidente de la Caisse nationale d'assurance vieillesse), qui soupçonnait déjà le patronat de «faire semblant de négocier», a dénoncé un «numéro de cirque frisant le grotesque» qui «porte préjudice aux partenaires sociaux» et a conduit à «un échec historique». Elle a averti que, pour l'Etat, reprendre la main sera difficile vu ses nouvelles contraintes budgétaires, songeant notamment au dispositif de départ anticipé pour «carrière longue» réservé aux salariés ayant commencé à travailler entre 14 et 17 ans, qu'il finance. «Sur la pénibilité, ce sont les conditions de travail dans les entreprises qui sont en cause, ce serait légitime d'avoir une implication des employeurs», a-t-elle insisté. Mais on doute que Xavier Bertrand l'entende de cette oreille.
Articles les plus récents :
- 23/07/2008 20:08 - L'Etat veut ponctionner 1 milliard d’€ au 1% Logement
- 22/07/2008 12:57 - La rentrée s'annonce mal pour les chômeurs
- 19/07/2008 03:22 - La «faiblesse» et son contexte
- 18/07/2008 12:22 - 13,2% soit 7,9 millions de pauvres en 2006
- 17/07/2008 05:16 - «Droits et devoirs» des chômeurs, bataille d'amendements ?
Articles les plus anciens :
- 15/07/2008 23:09 - Sarkozy : «On a obligé les chômeurs à prendre un emploi»
- 11/07/2008 13:08 - PPDA, le chômeur heureux
- 11/07/2008 11:56 - Le chômage baisse
- 10/07/2008 16:06 - Sarkozy va remonter dans les sondages
- 10/07/2008 14:15 - Recettes de l'Etat : Woerth accuse un «trou» de 3 à 5 milliards d’€
Commentaires
A la sortie de cette réunion, la CFDT, perdreau de l'année qui a soutenu la réforme de 2003, s'est déclarée "assez surprise" que le patronat refuse d'acter au moins "les acquis de la négociation", qui a eu le mérite de commencer à faire avancer la prévention dans les entreprises.
La CFTC a accusé le Medef d’"immaturité". "Demain, j'expliquerai au type qui tient le marteau-piqueur toute la journée que le patronat se fout de son problème", a dit son représentant Joseph Thouvenel.
FO a taxé d’"irresponsabilit é" un patronat "qui fait des profits et se fout de la santé des salariés".
"On est plutôt triste pour les dizaines de milliers de salariés qui pouvaient être concernés", a déclaré Jean-Christophe Le Duigou (CGT). Pour lui, il y a un "calcul sordide" qui est fait, "l’entreprise gagne plus à une plus faible espérance de vie des salariés". Répondre | Répondre avec citation |
Hier, comme on s’y attendait, les négociations entre patronat et syndicats sur la pénibilité se sont soldées par un ultime échec (quand celles, sur le stress, s’étaient conclues par un accord il y a quinze jours). Elles duraient depuis trois ans, et devaient être le pendant de l’allongement de la durée des cotisations de la réforme Fillon de 2003.
La CFDT parle «de raideurs un peu incompréhensibl es du Medef». Elles semblent pourtant simples. Même s’il reconnaît que la pénibilité a un impact sur certains salariés, le patronat refuse de financer un dispositif de retraite anticipée pour les ouvriers ayant occupé des postes pénibles : travail de nuit, répétitif, exposé au bruit intense ou aux vibrations, port de charges lourdes, manipulation de produits toxiques. Et préfère proposer un passage, deux ou trois ans avant l’âge normal de la retraite, à un mi-temps payé 60% de l’ancien salaire, à condition que l’Etat s’engage à régler les 40% restant.
«Ils sont très forts pour dire "on décide de tout", mais c’est à la collectivité de financer leurs dépenses», selon la CFTC. Faute d’accord, le gouvernement avait prévenu qu’il prendrait la main. Si on continuait dans le cynisme, on pourrait dire aussi qu’il est plus facile de décréter la retraite à 41 ans d’annuités, que d’aider les salariés à pouvoir en profiter en bonne santé.
(Source : Libération) Répondre | Répondre avec citation |