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Accueil Social, économie et politique Sarkozy : «On a obligé les chômeurs à prendre un emploi»

Sarkozy : «On a obligé les chômeurs à prendre un emploi»

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Nous le martelons depuis des mois sur Actuchomage : Les chômeurs constituent le principal champ d’expérimentation de la politique de casse sociale du gouvernement. Nicolas Sarkozy vient de le confirmer. L’objectif est simple : Contraindre les Français à travailler plus sans gagner plus, en gagnant moins même !

Mardi 15 juillet, Nicolas Sarkozy a justifié la poursuite de son train de réformes en s’appuyant sur ses trois "principales réussites". Citons-le : «En un an, on aura obligé les chômeurs à prendre un emploi, on aura mis fin aux 35 heures et il y a plus de service minimum. Ce sont des changements colossaux dans le pays» (Source : Nouvelobs.com). Par ces propos, le chef de l’État confirme que la politique du gouvernement ne vise pas à redonner du travail à celles et ceux qui n’en n’ont pas, mais bien à les "obliger" à prendre un emploi. Une nuance que nous dénonçons depuis des mois sur Actuchomage.

La fin des 35 heures et la mise en œuvre d’un service minimum dans la fonction publique et les entreprises publiques constituent les autres "avancées" dont se glorifie le Président de la République (on remarquera que l'augmentation du pouvoir d'achat, principale promesse du candidat UMP, n'est pas inscrite au "remarquable bilan" de son premier exercice). Comme nous le pressentons ici, il est probable que, dans un proche avenir, Nicolas Sarkozy pourra se féliciter d’une nouvelle réforme très attendue par le patronat : la suppression des salaires minimums. On fait le pari ?

Pour parfaire notre analyse, voici quelques extraits de la Lettre d’infos d’Actuchomage, adressée en avril dernier à nos 5.000 adhérents et sympathisants :

Nous avons lancé Actuchomage en septembre 2004, parce que le chômage est au cœur de la question sociale et salariale. Pour nos gouvernants, les chômeuses, les chômeurs, précaires et intermittents du travail constituent un champ d’expérimentation de mesures anti-sociales qui, à un moment ou un autre, ont des répercussions néfastes pour l’ensemble du monde du travail.

Ainsi, en culpabilisant les chômeurs, en les contraignant, en les contrôlant, en réduisant leurs droits (en les «OBLIGEANT à prendre un emploi», de l'aveu même de Nicolas Sarkozy ce 15 juillet), c’est l’ensemble des salariés qu’on culpabilise, qu’on contraint, qu’on contrôle, qu’on spolie.

Comment exiger une augmentation de salaire quand on encourage votre employeur à embaucher à vil prix un chômeur ?

Le gouvernement et le patronat ont bien compris l’intérêt qu’ils ont à instrumentaliser le chômage et la précarité pour étouffer les revendications et restreindre les droits.

La politique menée depuis 8 mois relève d’une redoutable stratégie :

Dans un premier temps, elle a consisté à insinuer que les chômeurs sont des profiteurs. Ainsi, Nicolas Sarkozy déclarait à Colmar, en septembre 2007, qu’il allait engager un «gigantesque plan de lutte contre la fraude au chômage», laissant entendre que les chômeurs sont MASSIVEMENT DES FRAUDEURS (alors que les escroqueries restent très marginales, de l’aveu même de l’Unedic). Et au Président d’ajouter : «À la fin du mois, celui qui travaille ne peut pas avoir la même situation que celui qui ne travaille pas», feignant d’ignorer que 50% des chômeurs NE SONT PAS INDEMNISÉS et que les «chanceux» le sont à hauteur de 57% de leur dernier salaire brut.

Aujourd’hui, nous assistons à la phase 2 du plan gouvernemental :

• Les chômeurs seront sanctionnés dès lors qu’ils refuseront «deux offres raisonnables» (offre dont la rémunération pourra être inférieure de 30% au dernier salaire perçu).

• Les chômeurs de plus de 57 ans et demi devront, dès 2009, trouver l’emploi qu’on leur refuse en raison de leur âge, alors qu’actuellement ils sont dispensés de recherche d’emploi (DRE). Ainsi, les plus de 57 ans et demi subiront une double peine : Licenciés parce que «trop vieux» et contraints de retrouver un boulot qu’on leur refuse… en raison de leur âge. Perspective kafkaïenne !

• Enfin, pour couronner le tout, le gouvernement s’apprête à adopter des mesures pour inciter les retraités à reprendre une activité, ce qui aura pour conséquence d'orienter plus encore les salaires à la baisse et de mettre en concurrence retraités, demandeurs d’emploi… et salariés.

Un véritable ROULEAU COMPRESSEUR de mesures coercitives et de dégradations planifiées des droits, va écrabouiller les plus fragiles d’entre nous. En nous écrabouillant, ce sont TOUS LES SALARIÉS qui seront touchés par ce nivellement des droits et des salaires.

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Mis à jour ( Mardi, 15 Juillet 2008 23:09 )  

Commentaires 

 
0 # tristesir 2008-07-15 22:48 Certains qui se croyaient à l'abri des mesures de régressions sociales commencent à se rendre compte qu'ils ne seront pas épargnés. Voir les mesures prises récemment visant à augmenter le temps de travail des cadres et donc à la suppression de jours de RTT.

Mais tout ceci n'est qu'un début bien évidemment, la régression sociale ne s'arrêtera pas là puisque le plan est de faire baisser le "coût du travail", comme ils disent.

On commence par les chômeurs, mais les salariés ne seront bien évidemment pas en reste.

On pouvait lire dans une brochure publiée par l'OCDE en 2006 :

«Les réformes structurelles, qui commencent par générer des coûts avant de produire des avantages, peuvent se heurter à une opposition politique moindre si le poids du changement politique est supporté dans un premier temps par les chômeurs. En effet, ces derniers sont moins susceptibles que les employeurs ou les salariés en place de constituer une majorité politique capable de bloquer la réforme, dans la mesure où ils sont moins nombreux et souvent moins organisés. »

Perspectives de l'emploi de l'OCDE 2006,
Chapitre 6 : Comprendre les interactions et complémentarité s entre les politiques, et ce qu'elles impliquent pour les stratégies de réforme, p. 212.
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0 # superuser 2008-07-16 13:10 (…) Le gouvernement ne cesse d’entonner l’éternel refrain de la réforme équilibrée puisque venue des partenaires sociaux. La réalité est toute autre.

En attendant la réforme de l’assurance-chômage, de la formation professionnelle , du service public de l’emploi, des minima sociaux, les pouvoirs publics jettent régulièrement des petits cailloux dans le jardin des partenaires sociaux, pour ne pas dire des peaux de bananes. Ainsi en est-il du projet de loi actuellement en discussion relatif aux «droits et devoirs des demandeurs d’emploi». On voudrait dans ce pays décrédibiliser l’idée même de réformes que l’on ne s’y prendrait pas autrement.

Petit rappel des faits : un accord interprofession nel de grande ampleur pour moderniser le marché du travail qui va connaitre un épilogue heureux puisque signé le 11 janvier 2008 par l’ensemble des partenaires sociaux à l’exception de la CGT. On trouve dans cet accord des dispositions intéressantes relatives à l’amélioration de l’accompagnemen t des demandeurs d’emploi «qui doit contribuer notamment à accélérer le retour à l’emploi dans un emploi de qualité». Pour atteindre ces objectifs il est prévu, ce qui certes n’engage en rien la responsabilité des partenaires sociaux, de «renforcer les moyens humains des différents intervenants sur le marché du travail et de permettre au demandeur d’emploi après une évaluation de sa situation et de ses compétences, de perfectionner ses démarches, avec l’appui d’un référent qui aurait pour mission de l’accompagner dans la mise en œuvre du plan personnalisé d’aide au retour à l’emploi qu’ils auraient élaborés en commun (…)».

On y trouve également un autre article au titre éloquent où il est fait référence à une logique de «respect des droits et des devoirs réciproques». Bien qu’évoquée dans cet article, à aucun moment la notion d’offre raisonnable d’emploi ne fait l’objet de la moindre définition. Pour cela, il faudra l’intervention du gouvernement qui, sans consultation aucune des partenaires sociaux, a fait adopter en Conseil des ministres, un projet de loi qui sous couvert de «droits et devoirs des demandeurs d’emploi» ne porte que sur l’offre raisonnable d’emploi.

Certes, dès le premier article du projet de loi, il est fait référence au PPAE, projet personnalisé d’accès à l’emploi. Mais, ce PPAE vise moins à construire un projet de retour à l’emploi sur la base d’un bilan et d’un éventuel projet du demandeur d’emploi (actions d’orientation, de formation pour éventuellement envisager une reconversion professionnelle ) qu’«à préciser le champ de la recherche du demandeur d’emploi en vue de favoriser la rencontre entre les offres d’emplois disponibles et le demandeur d’emploi». L’objectif est donc clairement le retour rapide à l’emploi sans prendre en considération des formes d’intervention pouvant nécessiter un accompagnement de plus ou moins longue durée. Bref, la logique du PPAE s’efface devant celle de l’offre raisonnable d’emploi, ce qui aura au moins le mérite de sortir de la contradiction née de l’inscription de cette offre dans une logique de projet professionnel qui, elle, table sur la durée et la qualité du cursus d’accompagnemen t.

Dans ce contexte là, on imagine aisément la facilité avec laquelle l’offre raisonnable d’emploi pourra se déployer. L’évolution dans le temps du contenu du PPAE subira l’épreuve de la course contre la montre que lui impose la dégradation de l’offre raisonnable d’emploi «rémunérée à hauteur de 95% du salaire antérieurement perçu par le demandeur d’emploi après trois mois de chômage, puis à 85% au bout de six mois, et à hauteur du revenu de remplacement au terme d’une année».

Enfin, dans l’article 2, on trouve parmi les multiples motifs de radiation du demandeur d’emploi, le refus à deux reprises de l’offre raisonnable d’emploi ainsi que le refus d’une proposition d’un contrat d’apprentissage , de professionnalis ation ou d’une offre de contrats aidés. Est-ce ainsi que l’on entend œuvrer à un retour à l’emploi de qualité ? L’on peut sincèrement en douter. En matière de droits et devoirs, on rappellera également les récents propos de Christian Charpy, l’actuel directeur de l’instance provisoire du futur opérateur public, selon lesquels le dit opérateur ne se verra en rien contraint de proposer les deux offres d’emploi en question.

Avec une telle vision de la réforme, le gouvernement ne pourra que se heurter à la résistance au changement de nos compatriotes. Mais le moins que l’on puisse dire est qu’il n’aura pas fait montre de beaucoup de pédagogie pour susciter l’adhésion à des réformes que les Français, dans leur grande majorité, attendaient en portant Nicolas Sarkozy au pouvoir. Si «le premier pas essentiel, de toute réforme est de s’accorder sur une juste représentation des droits et des devoirs des employeurs, des chômeurs et des salariés» (Alain Supiot), alors….. A quand l’ordre juste ?

Carole Tuchszirer pour Alternatives Economiques
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