Intitulé «La Déchirure», le baromètre, élaboré par E&P en collaboration avec Jean-Marie Pernot, chercheur à l'IRES, estime que «dans les prochains mois, toutes les composantes d'une crise sociale risquent d'être présentes», et invite l'exécutif et les entreprises à une extrême prudence.
Pour arriver à cette conclusion, il pointe l'addition d'éléments dont le mélange peut s'avérer explosif : la «faible adhésion» de l'opinion au pouvoir en place et «l'absence d'alternative politique crédible», la multiplication des situations personnelles difficiles, la montée de la conflictualité dans des entreprises contraintes à la rigueur et, enfin, la «contestation rampante» dans le secteur public.
«Canaliser la colère des salariés»
Cette situation est d'autant plus problématique que la crise financière va à la fois «dramatiser le climat social» et «restreindre fortement les marges d'action du gouvernement». E&P appelle dès lors l'exécutif à «savamment doser» ses efforts pour trouver le juste milieu entre poursuite des réformes et protection des salariés. «Un durcissement des politiques d'indemnisation du chômage, de l'assurance-maladie ou des retraites complémentaires pourraient servir de détonateur», préviennent les experts. Selon eux, «l'exécutif doit renouer coûte que coûte la relation de confiance qui commençait à s'établir avec les syndicats», dont la coopération sera «décisive en cas de crise ouverte», aussi bien pour élaborer des réponses communes que pour canaliser la colère des salariés.
«Désengagement silencieux»
L'appel général à la «prudence» est aussi destiné aux entreprises. Prudence, tout d'abord, avant d'éventuelles renégociations des 35 heures, qui nécessiteront de «réfléchir attentivement aux contreparties [...] en termes de qualité des conditions de travail». Prudence, ensuite, face à la montée de la grogne : les employeurs doivent «prendre au sérieux la remontée de la conflictualité» tant l'exaspération est perceptible chez «toutes les catégories de salariés».
Certes, ces mouvements d'humeur n'entraîneront pas forcément une multiplication des grèves, mais «ils pourront prendre la forme plus pernicieuse d'un désengagement silencieux, voire d'autres formes de grève froide».
(Source : Les Echos)
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