Actu Chômage

mercredi
6 novembre
Taille du texte
  • Agrandir la taille du texte
  • Taille du texte par defaut
  • Diminuer la taille du texte
Accueil La revue de presse Call centers en prison : la bonne affaire

Call centers en prison : la bonne affaire

Envoyer Imprimer
Les syndicats s'insurgent contre la création de centres d'appel dans deux prisons françaises. Ils dénoncent une concurrence déloyale et une dégradation de l'image du secteur. La polémique relance la question de la difficile réinsertion des prisonniers.

Qui décroche le combiné des centres d'appels ? Jusqu'ici, le correspondant, qui se présentait sous le nom de Paul Dupont ou de Marie Perrier, pouvait être un salarié français, marocain, indien. Demain, il s'agira peut-être d'un travailleur en détention. C'est en tout cas ce que souhaite le ministère de la Justice, qui prévoit la création de "call centers" dans deux prisons françaises. Un projet qui suscite l'ire du syndicat des professionnels des centres de contact (SP2C), regroupant la quasi-totalité des centres d'appels externes.

Les centres en question devraient voir le jour début 2009, l'un dans la prison pour femmes de Rennes, l'autre à Bapaume, dans le Pas-de-Calais. Affectés à des activités de renseignement basique, ces structures pourront uniquement recevoir des appels, les numéros entrants restant masqués. "Une aubaine" pour les détenus qui devraient recevoir un salaire d'environ 350 €, selon le porte-parole du ministère Didier David. Une façon aussi de "participer à l'indemnisation des victimes" et de préparer la réinsertion. "Le monde du travail évolue, la prison doit s'adapter, poursuit-il. On ne va pas continuer à faire couper du bois aux prisonniers alors que des débouchés se créent dans les nouvelles technologies".

36% des détenus travaillent déjà

Mais le SP2C ne voit pas les choses ainsi. Pour lui, ce projet risque de dégrader l'image du secteur. "Nous devons déjà nous battre contre les préjugés sur nos activités délocalisées et nos emplois précaires, cela ne va pas améliorer notre réputation", s'insurge le syndicat. La CGT, elle, dénonce une concurrence déloyale qui pourrait tirer les salaires du secteur vers le bas. Concurrence qui reste pour l'instant limitée car le recrutement ne concerne que les soixante détenues de Rennes.

Cette polémique relance toutefois la question de la réinsertion des prisonniers. Ces derniers peuvent déjà travailler pendant leur détention, soit pour l'administration pénitentiaire, en cuisine par exemple, soit pour des prestataires extérieurs. En général, il s'agit d'un travail à la tâche (remplissage de carton, pliage de tracts…) payé entre 7 et 11 € la journée, des tarifs très bas puisque le droit du travail ne s'applique pas en prison. Résultat, en 2007, le salaire moyen des prisonniers était de 300 € - un chiffre qui cache en fait de grandes inégalités, car seules 36% des personnes incarcérées ont une activité rémunérée.

Réinsertion, ou seul profit ?

Pour Marie Cretenot, de l'Observatoire international des prisons (OIP), la création de centres d'appel est intéressante dans la mesure où l'on propose pour la première fois aux détenus une activité qui existe à l'extérieur, qu'ils pourront éventuellement poursuivre par la suite, "ce qui n'est pas le cas du remplissage de cartons par exemple". Mais pour elle, la solution est ailleurs : faire entrer en prison des associations dont le but est la réinsertion et pas le seul profit. Ces associations, spécialisées dans le retour à l'emploi de personnes en difficulté, rémunèrent correctement les travailleurs en dépit de leur manque de compétitivité, grâce à des aides de l'Etat. "Contrairement aux concessionnaires privés, ces associations savent très bien comment former utilement et redonner confiance à leurs employés", explique Marie Cretenot.

Le ministère, lui, privilégie plutôt les partenariats avec le Medef, partenariats qui devraient être encouragés par le projet de loi pénitentiaire qui sera prochainement débattu au Sénat. En 2007, seuls 3% des détenus sont sortis avec une promesse d'embauche de l'ANPE. Pour rattraper le retard, toutes les pistes devraient être étudiées.

(Source : Le JDD)

NDLR : On remarque qu'en matière d'exploitation, les femmes sont toujours en première ligne...

Lire aussi :
Articles les plus récents :
Articles les plus anciens :

Mis à jour ( Samedi, 22 Novembre 2008 19:35 )  

Votre avis ?

La France pourrait s’engager plus intensément contre la Russie. Qu’en pensez-vous ?
 

Zoom sur…

 

L'ASSOCIATION

Présentation de l'association et de sa charte qui encadre nos actions et engagements depuis 2004.

 

ADHÉRER !

Soutenir notre action ==> Si vous souhaitez adhérer à l’association, vous pouvez le faire par mail ou par écrit en copiant-collant le bulletin d’adhésion ci-dessous, en le ...

 

LES FONDATEURS

En 2004, une dizaine de personnes contribuèrent au lancement de l'association. Elles furent plusieurs centaines à s'investir parfois au quotidien ces 16 dernières années. L'aventure se pou...