Intitulé Touche pas à mon dimanche !, ce texte a été signé par 48 députés UMP et du Nouveau centre. Ils s'opposent à la proposition de loi de leur collègue Richard Mallié (UMP) sur l'extension du travail dominical, soutenue par le président Nicolas Sarkozy.
Les élus contestent en particulier l'intérêt économique de cette mesure. Loin d'encourager la consommation, "l’acte d'achat ne serait que transféré de la semaine au dimanche", estiment-ils. Par ailleurs, des "études montrent qu’à consommation égale, un emploi du dimanche supprimera trois emplois de la semaine". Cette mesure menace en particulier "les multiples petits commerces de proximité dans nos centre-villes ou dans nos centre-bourgs en milieu rural".
"On n’effectue pas d’achats supplémentaires sans pouvoir d’achat en hausse", rappellent ses auteurs pour qui "la hausse du pouvoir d’achat ne se décrète pas par l’ouverture des magasins le dimanche". "Le travail du dimanche ne se fera que sur volontariat, nous dit-on. Comment peut-on y croire ?" lancent-ils. "Chacun sent très bien que l’ouverture des commerces le dimanche est le cheval de Troie pour une ouverture générale de l’activité professionnelle". Car "ouvrir les magasins le dimanche ne touchera pas que les commerçants". Par exemple, "il faudra trouver des modes de garde pour les enfants".
Dans ces conditions, "qu’en sera-t-il de toutes les activités dominicales, non seulement les cultes, mais également les activités sportives, associatives, familiales ?" "Le travail du dimanche, c’est une menace pour les familles", estiment-ils. "Ce moment privilégié de partage et de relations personnels sera sévèrement frappé par la concurrence d’une possibilité de consommer qui n’aura plus de limite".
La CFTC s'est félicitée vendredi dans un communiqué de cette prise de position, estimant que le projet de loi Mallié est un exemple des décisions prises "pour des raisons idéologiques" et qui, se parant "du masque de la liberté", ignorent "complètement la réalité de l’entreprise". Selon la confédération, le volontariat des salariés ne constitue pas "une garantie suffisante à la préservation de leurs intérêts". Dans cette période de récession, "combien de salariés prendront le risque de repousser les demandes de leur employeur ?" s'interroge-t-elle, estimant aussi que les bas salaires ne pourront refuser de travailler le dimanche.
Dans un communiqué simultané, la CGPME a également apporté son soutien à ce texte. "Si l’intérêt économique d’une telle mesure est éminemment contestable, ses conséquences sociales risquent de s’avérer catastrophiques", estime la Confédération générale des petites et moyennes entreprises.
(Source : Le Nouvel Obs)
Par ailleurs, dans une chronique du Monde intitulée Le prix du dimanche, l'économiste Philippe Askenazy, directeur de recherche au CNRS, va plus loin en s'appuyant sur le cas des Etats-Unis où la plupart des grandes surfaces sont ouvertes 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.
D'abord, le bilan énergivore est néfaste et Philippe Askenazy s'interroge : en ces temps de Grenelle de l'environnement, il estime cocasse qu'on ne s'interroge pas sur l'impact environnemental de l'ouverture du dimanche en France. Ensuite, il note non seulement un étranglement du petit commerce, mais une double déception : rentabilité médiocre pour la plupart de ces magasins, impact salarial faible pour ceux qui y travaillent. Autant de constats qui jouent in fine contre l'emploi, sachant que cette vaste dérégulation n'a généré que 1 à 2% de postes supplémentaires. Outre le salarié, le consommateur est aussi le dindon de la farce, puisque le coût de cette amplitude horaire s'est traduit par une augmentation des prix de l'ordre de 4% !
Philippe Askenazy insiste : Les Français souhaitent-ils une ouverture dominicale des commerces, quitte à subir une hausse des prix ? Car l'achat du dimanche est un service supplémentaire dont le coût sera facturé, voire surfacturé, à leur aimable clientèle, même pour ceux qui ne feront pas leurs courses ce jour-là...
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