Ce phénomène alarme Julien Lauprêtre, le président du Secours populaire, qui y voit le signe d'une aggravation d'une précarité amorcée il y a plusieurs mois et qui se traduit à présent par une hausse de 15% à 20% des demandes d'aides. "Dans le Calvados, nos permanents ont vu arriver à quatre reprises, en octobre, des cadres ou chefs d'entreprises avec leur 4X4, leur cravate et qui n'ont plus les moyens de se nourrir", dit-il. Selon lui, il ne s'agit pas de cas isolés et un grand nombre de personnes issues de milieux aisés rejoignent la cohorte des jeunes, travailleurs pauvres, mères célibataires ou retraités se tournant vers les ONG. A Paris, des bénévoles ont vu arriver ces dernières semaines, lors de distributions de repas pour sans-abri, des retraités, parfois propriétaires de leur logement et qui ne peuvent plus joindre les deux bouts.
Descente aux enfers
Pour le président du Secours populaire, la plongée de cadres et petits patrons dans la pauvreté est "directement liée à la crise", la plupart étant victimes de refus de prêts ou d'une mise en liquidation judiciaire. "Pour ces gens-là, c'est la descente aux enfers et ce qui frappe, c'est la rapidité de la chute. Nous sommes effrayés par ce développement", dit-il. "Ces gens qui vivaient bien, qui ne comptaient pas et se préparaient à avoir un Noël somptueux, sont maintenant obligés de compter sur tout, au point de venir au Secours populaire", ajoute-t-il.
Marie-José Joly, responsable pour le Calvados, confirme l'arrivée dans des permanences de l'association en octobre de quatre cadres licenciés ou chefs d'entreprise en liquidation judiciaire.
"Ce sont des choses qui arrivaient à titre exceptionnel et qui maintenant se multiplient", dit-elle.
Marie-José Joly cite le cas du patron d'une petite scierie, qui a fait faillite, du gérant d'une agence immobilière et d'un commerçant, tous deux en liquidation judiciaire, ainsi que du cadre d'une entreprise de tourisme lâchée par sa banque. "Lorsqu'il y a liquidation judiciaire, tout est bloqué et les dirigeants doivent attendre une décision de justice avant de faire des demandes d'aide sociale comme le RMI", explique-t-elle : "Ces gens-là ont du mal à admettre qu'ils ont tout perdu, non seulement leur entreprise mais leurs biens personnels".
Le Secours populaire, qui était venu en aide à 1,6 million de personnes en 2007-2008, s'attend à devoir aider 2 millions de personnes en situation précaire en 2008-2009. Pour Julien Lauprêtre, la question est de savoir si, compte tenu de la crise, les dons vont suivre.
(Source : RMC.Info)
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