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Mais pourquoi faire de la com’ sur une (mauvaise) mesure qui a été votée au Parlement et à laquelle peu de précaires risquent d'échapper ? On pense à EDF qui, malgré sa situation de monopole, avait mené une campagne qui a inspiré Dany Boon : «C’est un peu comme si les impôts, ils faisaient de la pub à la télé. […] Au lieu de dépenser tout cet argent pour rien, ils auraient pu augmenter les salaires, embaucher de nouveaux agents… Zut ! j’deviens communiste»...
Réponse de Martin Hirsch : Parce que les «travailleurs pauvres» — abonnés au travail en miettes et autres chômeurs à l'ASS exerçant une «activité partielle» — qui ne sont ni au RMI, ni à l'API et ne seront donc pas convoqués deux fois par semaine chez Gestapôlemploi, doivent en faire la demande auprès des CAF. Il est important qu'ils soient informés de la démarche à suivre «pour ne pas passer à côté. Beaucoup de personnes ne réalisent pas que le RSA, c'est aussi pour elles», justifie-t-il. En effet, l'assistanat à durée indéterminée, c'est un cadeau bonux à ne pas louper !
C'est adorable : on dépense 2,2 millions pour dire aux gens qu'ils y ont peut-être droit alors qu'il aurait été tellement plus simple de les laisser se démerder — comme c'est l'usage, par exemple, avec les tarifs sociaux de l'énergie… (tiens, revoilà EDF !) —, sachant que ceux qui passeront à côté permettront de réaliser de substantielles économies. Qu'il est honnête, notre Martin !
Une gabegie pour du vent
Les frais de communication et de représentation — le vent et la parade, indispensables à notre nouvelle monarchie républicaine — coûtent une fortune au gouvernement (pardon, aux contribuables !) tandis que 8 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté et 18% de nos salariés croupissent au salaire minimum. Le député René Dosière a mis son nez là-dedans et les chiffres s'amoncèlent, suscitant notre consternation à l'aune «des mesures immédiates. Des mesures justes» consenties aux plus «modestes».
En 2008, tous ministères confondus, 50 millions se sont envolés en com’ dont 3,177 millions chez Rachida Dati (ses 436 € — montant mensuel moyen de l'ASS — de journaux achetés par jour nous laissent pantois) ou 8,173 millions chez Michèle Alliot-Marie... Mais la palme revient à Bercy, notre Ministère du Chômage et du Sous-emploi, avec 12,86 millions dilapidés notamment dans sa campagne de promotion des mesures issues de la loi TEPA qui a coûté à elle seule 810.000 €, tout ça pour nous abreuver d'une douteuse rhétorique...
Le Ministre des Pauvres (et des jeunes, ça va ensemble) n'y échappe pas : pour faire comme ses petits collègues, il lance une campagne intitulée «Le RSA, ça sert à ça» et consacre à cette mascarade 1.830 années de son «complément» — censé «accroître» les ressources des travailleurs pauvres de… 100 € par mois en moyenne, soit nettement moins que les dispositifs auxquels il succède — ou, si vous préférez, 440 années de RMI. De l'argent public qui, au lieu de bénéficier directement à ceux qui en ont vraiment besoin, ira nourrir la richissime industrie de l'esbroufe.
Son RSA, il sert aussi à ça.
Post scriptum : Nous avons oublié 250.000 € ! En effet, les 2,2 millions concernent uniquement l'achat d'espaces. Auxquel il faut ajouter la production de deux spots télé réalisés par l'agence Euro RSCG C&Co qui ont coûté 250.000 €.
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Commentaires
Pour promouvoir le RSA, Martin Hirsch a refusé de faire appel à des comédiens. A partir de dimanche, vous découvrirez sur toutes les chaînes le témoignage d'un futur bénéficiaire, Marc, un cariste smicard. Problème : en réalité, il ne s'appelle pas Marc et il n'est ni cariste, ni smicard, et il n'aura pas droit au RSA. Mais il a été jugé plus convaincant que les vrais allocataires.
Lire et visionner sur Eco89 Répondre | Répondre avec citation |
Selon les projections du Haut Commissariat, le RSA aura pour effet «direct et immédiat» de faire passer quelque 700.000 personnes au-dessus du seuil de pauvreté, faisant ainsi baisser «d'un peu moins de 10%» la pauvreté en France.
Attention : Il s'agit de faire DISPARAÎTRE DES CHIFFRES quelque 700.000 personnes,
pas de LES SORTIR DE LA PAUVRETÉ.
Avec un revenu augmenté de quelques euros, ils passent au-dessus du seuil officiel et hop! le tour est joué. C'est statistique.
Avec 20 € de plus par mois que le seuil officiel, cesse-t-on d'être pauvre ? Evidemment NON.
Mais la première imposture du RSA de Martin Hirsch, c'est d'ÉLUDER le fait qu’AUJOURD'HUI, C'EST LE TRAVAIL QUI NE PAIE PAS. Tout son projet s'est bâti sur ce déni, cette non-volonté politique d'agir sur les causes plutôt que les effets. Le premier bénéficiaire du RSA, c'est le patronat.
RSA = Restez Sans Avenir Répondre | Répondre avec citation |
Comme tu l'as déjà écrit, il y aura une grande partie de pauvres qui dépasseront le seuil de pauvreté de 20 euros.
Mais on leur supprimera la CMU-C, l'exonération de la taxe d'habitation et autres droits connexes !
Quand ces gens feront le total, ils s'apercevront qu'ils ne sont pas gagnants du tout même s'ils ont disparu des statistiques, l'effet escompté par le gouvernement. Et rebelote, Sarko & Hirsch vont nous rebacher les oreilles pour frimer sur leur "efficacité". Répondre | Répondre avec citation |