L'inquiétude est grande et les salariés, qui se plaignent déjà de leurs conditions de travail, se sentent même «en danger». On ne peut, effectivement, s'empêcher de penser à cette conseillère de l'agence de Parthenay, sauvagement agressée il y a trois mois par un chômeur qui a complètement perdu les pédales, ou à cet agent d'accueil, lui aussi blessé quelques jours auparavant dans son agence de Valenciennes.
On pense aussi à la vague d'incendies qui a détruit plusieurs agences ANPE et antennes Assedic entre novembre 2005 et février 2006 dans la foulée des émeutes, heureusement sans faire de victimes. Notre site avait été mis sous haute surveillance, et notre association alors accusée d'«incitation à la commission de délits pouvant mettre la vie d’autrui en danger» (affaire «Radiateur») à cause d'un message provocateur émanant… d'un agent ANPE en colère; post considéré comme «délictueux» et qui fut, malencontreusement, laissé tout un week-end sur notre forum. Puis, plus d'un an après, en avril 2007, l'Assedic de Mâcon avait été l'objet d'une virée incendiaire.
Ces faits ne peuvent être imputés à des militants d'associations de défense de chômeurs & précaires : leurs méthodes diffèrent — occupations pacifiques, en plein jour — et visent à obtenir des résultats constructifs. Ils sont d'ailleurs les premiers à savoir que les salariés de Pôle Emploi souffrent, et qu'ils ne sont pas des «fonctionnaires». Hélas, il est à parier que c'est sur eux — et sur nous — que la police orientera d'abord ses soupçons...
Bombe à retardement
Cette montée de la violence, quasiment inévitable dans le contexte actuel d'explosion du chômage et de dysfonctionnements à répétition, s'accompagne de suicides parmi les salariés : selon le SNU, depuis la création de Pôle Emploi, 5 agents ont mis fin à leurs jours, et 10 depuis la promulgation de la loi de fusion.
Les agents de Saint-Astier ont transmis un courrier à la direction générale. «Nous constatons une augmentation des tensions vis à vis de notre institution. Nous n'acceptons pas de travailler dans l'insécurité», explique le collectif qui demande du «soutien». A Saint-Astier, explique Bernard Villacampa du SNU-Pôle Emploi Aquitaine, «chaque agent a la responsabilité de 170 demandeurs d'emplois en moyenne» et, dans cette zone rurale, ils ont «très peu d'offres» à proposer à leurs interlocuteurs.
Hélas, la grève d'«avertissement» du 18 juin a été peu suivie (14 à 20% de participants seulement). «Nous aurons le sort que nous méritons !» nous disait Alain, militant d'AC! invitant les chômeurs à se défendre en masse lors de la bataille des «Recalculés». S'ils persistent dans la passivité et ne se battent pas collectivement pour défendre leurs missions et leurs conditions de travail, les salariés de Pôle Emploi continueront, eux aussi, à subir le même sort.
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