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Accueil Social, économie et politique L'UMP intensifie le contrôle social auprès des plus fragiles

L'UMP intensifie le contrôle social auprès des plus fragiles

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Malades, privés d'emploi, «modestes» ou pauvres… : telles sont les catégories de population que ce gouvernement, ami des plus riches, choisit de stigmatiser chaque jour davantage en leur imposant un contrôle social accru.

Depuis belle lurette, les chômeurs en connaissent un rayon. De tous temps accusés d'être responsables de leur situation, la suspicion et la coercition à leur encontre est montée d'un cran avec l'élection de Nicolas Sarkozy — qui leur voue une haine viscérale — et sa loi du 1er août 2008 relative aux «droits et aux devoirs des demandeurs d'emploi» instaurant les dispositifs «PPAE» et «ORE», très stricts. Partout y fleurit la menace de sanction ou de radiation. Au lieu de lutter contre les causes du chômage (qui est en réalité un outil précieux pour le patronat et le libéralisme économique en général), on lutte contre les chômeurs.

Les plus pauvres aussi. Voyez un peu le formulaire de demande de RSA adressé par la CAF aux ex-allocataires du RMI, de l'API, et aux «travailleurs pauvres» qui pourront percevoir un vague complément de ressources, faute d'un salaire décent qui leur permette de vivre. Outre un subventionnement généralisé de la précarité qui profitera aux employeurs toujours plus soucieux de réduire le coût du travail, on atteint des sommets inédits d'inquisition et de fichage ! Cette population est également mise sous contrôle, sur le sacro-saint principe des «droits et devoirs». Au lieu de lutter contre les causes de la pauvreté et des inégalités, on lutte contre les miséreux.

Plus généralement, chômeurs et pauvres sont constamment suspectés de fraude : ainsi, le sinistre du Budget et des comptes publics Eric Woerth a créé l'année dernière une délégation spéciale (la DNLF) et développé le croisement de fichiers afin de lutter essentiellement contre la fraude sociale (prestations et cotisations : 5 à 8 milliards d'euros par an)… laissant de côté la fraude fiscale (entre 40 et 50 milliards de manque à gagner par an pour les caisses de l'Etat), visiblement moins prioritaire. Que voulez-vous : avec l'UMP, la lutte contre la fraude est inversement proportionnelle aux montants qui sont en jeu : plus les pertes sont volumineuses, moins la lutte est vigoureuse; plus les sommes sont modestes, plus l'arsenal répressif est choyé.

Autres boucs-émissaires : les salariés

Quant aux salariés qui tombent malades, sur la base d'un bilan aussi superficiel que contestable, au lieu de lutter contre les causes des déficits de notre protection sociale — recul constant de la masse salariale, allègements de «charges» à répétition, assiettes de cotisations inadaptées… —, au lieu de lutter contre les causes de l'absentéisme — stress, mauvaises conditions de travail, harcèlement… — et faisant fi des conséquences du présentéisme, le ministre du Budget Eric Woerth souhaite aller vers une généralisation des contrôles et étendre sur tout le territoire l'expérimentation permettant de suspendre les indemnités journalières de salariés en arrêt maladie en cas d'abus relevé par un médecin… mandaté par l'employeur !

«On n'a pas besoin d'une intervention d'un médecin de la Sécurité sociale», a-t-il indiqué lors de l'émission "Face aux chrétiens" (RCF-Radio Notre Dame-La Croix). Ainsi allons-nous vers une sous-traitance et une privatisation du contrôle : les contrôleurs assermentés sont supplantés par des sociétés privées «spécialisées» qui emploient des médecins libéraux dont certains sont à la retraite, et offrent leurs services aux entreprises suspectant leurs salariés de paresse.

«Ce n'est qu'un problème de justice. Plus on est dans un pays où il y a des droits, plus il y a des contrôles, c'est normal», a-t-il ajouté. Nous ne partageons pas l'avis de M. Woerth : nous constatons, au contraire, que pour une part grandissante de la population connaissant des difficultés, qu'elles soient physiques, morales ou financières, nous sommes dans un pays où il y a de moins en moins de droits mais de plus en plus de devoirs, de plus en plus de contrôle social et de répression !

Des employeurs tout-puissants

L'assurance maladie avait lancé en 2008 une expérimentation permettant de suspendre les indemnités journalières versées par la Sécurité sociale sur la base de l'avis négatif donné par un médecin choisi par l'employeur. Elle était limitée à quelques régions affichant des dépenses particulièrement élevées en la matière (notamment Amiens, Avignon, Vannes, Evreux, Reims, Nîmes, Carcassonne). Or cette expérimentation, qui avait provoqué la colère des médecins, eux aussi suspectés de bâcler leur travail, révélait des abus de la part des employeurs. Ces contre-visites plutôt zélées, aux décisions souvent néfastes pour la santé des contrôlés, induisent une hausse des procédures de contestation à la Sécu. De plus, on peut s'interroger sur leur légitimité : quand on est mandaté par une entreprise qui vous emploie pour la satisfaire, que deviennent l'indépendance et l'objectivité ?

Qu'à cela ne tienne ! M. Woerth veut désormais étendre la mesure à tout le territoire, une mesure qui s'inscrira dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2010. Le ministre souhaite aussi que la mesure s'applique à ces fainéants de fonctionnaires. «Le médecin sera payé par la collectivité locale quand c'est un fonctionnaire d'une collectivité locale qui est concerné», a-t-il précisé.

Parallèlement, quand elle ne les subventionne pas, l'UMP fiche la paix aux nantis, qu'ils soient patrons, spéculateurs ou rentiers. Ainsi va le libéralisme triomphant en temps de crise.

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Mis à jour ( Jeudi, 29 Avril 2010 10:32 )  

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