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Accueil Social, économie et politique «Tutorat» : Laurent Wauquiez invente l'eau chaude

«Tutorat» : Laurent Wauquiez invente l'eau chaude

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Afin de promouvoir le travail des «seniors», le secrétaire d'Etat à l'Emploi Laurent Wauquiez défend le «tutorat» comme alternative aux préretraites, financées par l'argent public.

Selon lui et à juste titre, il n'est pas normal «que l’Etat subventionne les entreprises pour les aider à mettre à la porte des salariés quinquagénaires». En effet, avec l'apparition du chômage de masse il y a vingt ans, le système des préretraites fut bien utile... Tout d'abord pour les entreprises souhaitant se débarrasser de leurs salariés âgés soit pour supprimer des postes, soit pour rajeunir leur personnel afin de réduire la masse salariale tout en évitant des conflits sociaux. Egalement pour les syndicats qui, préférant la cessation d'activité des plus vieux au chômage des plus jeunes, préféraient aussi la mise en préretraite au licenciement. Enfin pour les politiques, car les préretraites permettent de ne pas gonfler les chiffres du chômage...

Mais aujourd'hui, en pleine crise, il s'agit de remettre les seniors sur le marché du travail (avec la suppression progressive de la DRE et de l'AER, bien que les employeurs les discriminent plus que jamais) ou de les y maintenir. Sur ce second point, le «tutorat» est devenu la panacée : «Pour nous, comme pour les syndicats qui ont fortement poussé à cette mesure, le tutorat a de nombreuses vertus. Il valorise le salarié, qui transmet son savoir au lieu d’avoir l’impression d’être jeté au rebut. Il crée du lien entre les générations au lieu de les opposer. Enfin le tutorat a un effet bénéfique sur l’emploi : il incite les entreprises à maintenir plus longtemps les seniors en activité et facilite l’intégration des jeunes», a assuré Laurent Wauquiez.

Sauf qu'il fut un temps pas si éloigné ou ce «tutorat» allait de soi… un temps que le jeune Wauquiez n'a peut-être pas connu. Cela s'appelait la transmission du savoir. Très naturellement, les employeurs confiaient à leurs salariés expérimentés le soin de former la relève : c'était dans l'ordre des choses, pas de quoi en faire un fromage. A l'époque, l'entreprise avait de la mémoire et faisait son possible pour ne pas la perdre.

Sauf qu'aujourd'hui, l'entreprise, c'est la jungle. Le jeune qui tente d'y pénétrer doit faire patte blanche et prouver qu'il est une perle rare, déjà expérimenté car rompu aux stages gratuits à répétition. Idem pour les plus âgés car les entreprises, qui n'ont que l'embarras du choix et sont d'une exigence sans limite, ne s'encombrent plus d'adaptation au poste : les candidats doivent avoir parfaitement le profil, voire être légèrement surdimensionnés afin qu'on perde le moins de temps possible à les former. Quant à la formation continue des salariés, on sait que la majorité des employeurs s'en moque et n'utilise pas leurs fonds.

C'est dans ce contexte d'extrême rentabilité à court terme et d'inhumanité que Laurent Wauquiez, en plus, se contredit. Il n'est pas normal «que l’Etat subventionne les entreprises pour les aider à mettre à la porte des salariés quinquagénaires», juge-t-il, mais il est normal que l'Etat mette la main à la poche pour les inciter à revenir aux bonnes vieilles méthodes d'antan... La notion de «tutorat» est donc incluse dans le projet de loi sur la formation professionnelle qui prévoit son financement. «Nous allons porter de 230 à 345 € par mois pendant 6 mois l’allocation versée pour assurer la formation des jeunes en alternance, pour les entreprises qui mettront en place le tutorat. C’est près d’un tiers du salaire au niveau du Smic qui sera ainsi pris en charge. Quant aux dépenses liées au tutorat, les entreprises pourront les imputer sur le plan de formation.»

Imaginez que vos enfants (les entreprises) participaient naturellement au bon fonctionnement du foyer (l'Etat) en faisant, par exemple, la vaisselle à tour de rôle (transmission du savoir). Parfois, ils passaient même l'aspirateur (formation continue). Puis, petit à petit, ils ont cessé de s'impliquer… et vous n'avez pas réagi. Vous avez même cédé. Pour remettre les choses en ordre alors que c'est le bordel et que vous ne vous en sortez plus, vous vous sentez désormais obligé… de les payer afin qu'ils accomplissent à nouveau ces tâches autrefois infuses. Enfants égoïstes et parent démissionnaire, tel est le constat mais ici, c'est l'argent public qui va une fois de plus pallier l'irresponsabilité générale. Lamentable, non ?



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