Rien ne va plus aux Etats-Unis où le chômage est à son plus haut depuis vingt ans avec 15 millions de salariés ayant récemment perdu leur emploi. Si, parmi eux, certains découvrent les joies du «funemployment», d'autres paniquent à l'idée de ne pas retrouver un job. Pour éviter de sortir durablement du marché du travail et perdre en «employabilité», de peur d'être considérés comme des fainéants par leur futur boss, ils acceptent même de bosser à l'œil ! Une tendance perçue par des experts comme une forme de désespoir exploité en toute illégalité par certaines entreprises, tandis que les intéressés veulent y voir un moyen d'élargir leur expérience et améliorer leurs compétences...
L'épouvantail du temps retrouvé
Ainsi, profitant de l'aubaine, s'est créé le site internet www.jobnob.com qui organise, notamment, des rencontres baptisées «happy hour» afin de mettre en relation des chômeurs et de jeunes entreprises «qui n'ont pas toujours les moyens d'offrir des rémunérations»... «Les demandeurs d'emploi ont du temps, explique sa co-fondatrice Julie Greenberg. Cela constitue pour eux un danger car lorsque vous ne travaillez pas pendant plusieurs mois, un vide apparaît dans votre CV et il ne fait que s'accroître. Ils en perçoivent immédiatement les avantages. Ils ont besoin de références. Ils ont besoin d'entretenir leurs compétences et beaucoup de gens acquièrent ainsi de nouvelles connaissances», justifie-t-elle. Et de conclure : «Je ne pense pas que les gens ont le sentiment que l'on profite de la situation parce qu'ils comprennent ça. Nous préférerions avoir des revenus, nous préférerions pouvoir vous rémunérer.»
Le travail gratuit, une tendance lourde ?
Les chômeurs ne sont pas les seuls qui acceptent de travailler gratuitement... On a vu que British Airways a demandé à ses employés basés en Grande-Bretagne de se porter volontaires pour travailler jusqu'à un mois sans rémunération. Certaines entreprises et administrations américaines ont également imposé à leurs employés des congés sans solde et ces derniers, craignant de perdre leur emploi, ont continué à travailler.
«Cela n'est pas seulement une mauvaise idée, c'est illégal», rappelle Ross Eisenbrey, vice-président de l'Institut de politique économique basé à Washington. «La loi prévoit que les entreprises ne peuvent tolérer ou autoriser des employés à travailler en-dessous du revenu minimal, précise-t-il. Plus les gens sont désespérés et plus ils font des choses comme ça afin de susciter l'intérêt d'un employeur. Les perspectives à court-terme sont très mauvaises pour la plupart des chômeurs. Ils ne vont pas améliorer leur situation en travaillant illégalement ou gratuitement.»
Sous couvert de se créer une réserve de recrutement pour «l'après-crise», nombre d'employeurs profitent de cette tendance. Alexandra Levit, spécialiste du monde du travail, avertit : «Les salariés doivent prendre garde à ne pas se dévaluer. Si vous avez une expérience, elle doit être rémunérée. Je suis convaincue que les entreprises abusent de la situation.»
Avec «la crise», le rêve libéral se réalise : le retour au servage, meilleur garant de la «compétitivité» ! Problème : ces moutons effrayés qui l'acceptent ne se doutent pas un instant des conséquences de ce choix néfaste pour l'ensemble du salariat, et de sa probable irréversibilité.
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