Le 15 juillet 2009, les oreilles de Sarkozy ont du siffler à lui en faire exploser les tympans. Lors du lancement du Club "France Terre de Tourisme" qui réunit plus de 150 députés et sénateurs, une sentence quasi unanime s’est dégagée : «On n’est pas contents des répercussions de la baisse de la TVA sur la restauration». Il y a vraiment de quoi !
Et ces parlementaires - surtout les sénateurs - ont de quoi être «mécontents», à double titre. D’abord, parce que la baisse de la TVA sur la restauration [1] a été appliquée le 1er juillet avant même d’être adoptée… par le Sénat. Démontrant, si nécessaire, l’attachement que porte Nicolas Sarkozy au fonctionnement normal des institutions, lui qui nous promettait il y a juste un an de les moderniser par l’adoption de sa réforme constitutionnelle... La «modernité» selon Sarko consistant à appliquer une loi avant qu’elle ne soit définitivement votée (par l’Assemblée et le Sénat).
Une baisse qui pue l’arnaque
Et puis les sénateurs, y compris UMP (citons entre autres Pierre Hérisson, sénateur de Haute-Savoie), constatent comme leurs homologues de l’Assemblée nationale (Daniel Fasquelle - député UMP du Pas-de-Calais, Jean-Michel Couve - député UMP du Var, ou Pascal Terrasse - député PS de l’Ardèche) que cette baisse de la TVA sent l’arnaque à plein nez.
Ses rares défenseurs argueront que cette diminution ne peut pas tout «financer» : une baisse des prix, de nouvelles embauches, une augmentation des salaires et un renforcement de la formation professionnelle. Ben voyons !
Des additions de plus en plus salées
Le problème, c’est que dans la grande majorité des restaurants les prix n’ont pas baissé, personne n’a été embauché et les salaires n’ont pas augmenté (ne parlons pas de la formation professionnelle quasiment inexistante dans les établissements de petite et moyenne capacités. Seules les grandes chaînes sont structurées pour proposer des formations à leurs salariés… parfois). Et même que, depuis le 1er juillet, des consommateurs observeraient sur leurs lieux de vacances une augmentation sensible des prix par rapport à l’année dernière. Oh les mauvais coucheurs !
Alors, une question s’impose : Où sont passés les 11,8% de baisse effective par rapport à la TVA initiale [2] ? Dans les poches des patrons de la restauration, pardi, que l’on sait «plutôt proches» de la droite décomplexée de Nicolas Sarkozy, celle qui, sous couvert de promesses mensongères (baisse des prix, embauches, augmentation des salaires et des budgets de formation), a fait passer une mesure injuste, inefficace, coûteuse pour le budget de l’État (2,5 à 3 milliards de manque à gagner par an selon les sources), corporatiste et électoraliste… en prévision de 2012.
Gageons que ces députés et sénateurs UMP si remontés exigeront du gouvernement une évaluation précise des «bienfaits» de cette baisse de la TVA sur la restauration. Mais est-ce vraiment utile ?
On en connaît déjà les bénéficiaires !
Actuchomage/Rénovation-démocratique
[1] Baisse de 19,6% à 5,5% en Métropole et à 2,1% dans les DOM.
[2] Chiffre fourni par Christine Lagarde, ministre de l’Économie et des Finances, et Hervé Novelli, secrétaire d’État chargé du Commerce et du Tourisme, sur le site www.baisse-tva-restauration.fr
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